accueilradio  actualités  musique  langue française  presse  pro
radio
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Economie Développement Liste des articles

28/09/2000

Afrique : reprise en 2001, si le pétrole reste stable

(MFI) Le Fonds monétaire international (FMI) affiche un optimisme prudent à l'égard des perspectives de l'économie mondiale pour 2000-2001, malgré le récent rebond des cours du pétrole, qui repousse toutefois à l'an prochain la reprise annoncée pour le continent africain.

Selon les prévisions du FMI, la croissance mondiale atteindra cette année le taux de 4,7 % – 0,5 % de mieux que le chiffre avancé en avril dernier – et devrait rester au niveau respectable de 4,2 % en 2001, grâce notamment à la vitalité de l'économie américaine, la solidité de l'expansion retrouvée en Europe et la reprise, encore fragile, au Japon. Cependant, pour l'Afrique, y compris l'Afrique du Nord, le Fonds a revu à la baisse les taux de croissance pour 1998-99, à 3,1 % et 2,2 % respectivement, l'impact de la crise financière asiatique ayant été plus important qu'initialement prévu. Il a aussi réduit d'un point entier, à 3,5 %, la prévision pour 2000, tout en tablant sur un rebond à une croissance de 4,5 % en 2001.
Ces chiffres, contenus dans le rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, avaient été calculés à la mi-août, avant la dernière envolée des prix du pétrole. Michael Mussa, l'économiste en chef du FMI, présentant ce rapport à la veille des assises annuelles du Fonds et de la Banque mondiale à Prague (République Tchèque), a reconnu que si les cours pétroliers restent aux niveaux actuels pendant une période prolongée, la croissance mondiale pourrait être effectivement réduite l'an prochain de 0,25 % ou 0,5%, à 3,75 % environ au lieu des 4,2 % prévus à présent. Pour Michael Mussa, il n'est pas question, du moins pour le moment, de nouveau « choc » pétrolier. Mais il a convenu que, dans l'hypothèse où les prix du brut restent à 35 dollars le baril jusqu'à la fin de 2001 ou en cas d'escalade des prix à 40 dollars, « l'impact sur l'inflation et la croissance globales serait nettement plus important ».

Les cours élevés du brut, un « facteur très négatif »

Les économistes du FMI soulignent que si les pays africains producteurs de pétrole ont bien profité de la hausse des cours, les pays importateurs ont de leur côté souffert à la fois de l'alourdissement de la facture pétrolière et de la baisse des cours des matières premières qu'ils exportent. Pour Michael Mussa, la persistance des cours élevés du brut constitue un « facteur très négatif » pour les pays très pauvres qui n'ont pas de pétrole. De même, « la crise du sida est un problème sérieux en particulier en Afrique subsaharienne », et « plusieurs pays connaissent des conflits civils ou la guerre qui détruisent tout progrès économique ». Nombre de pays de la région se débattent avec tous ces problèmes en même temps, a-t-il relevé.
Le FMI souligne que pratiquement tous les pays africains restent vulnérables aux fluctuations des cours des matières premières. Ces pays devraient intensifier leurs efforts de libéralisation et de diversification économiques, afin d'encourager une croissance plus forte appuyée sur le secteur privé. Le Fonds estime aussi que la communauté internationale doit continuer à soutenir leurs efforts, notamment à travers l’allégement de la dette et l'ouverture des marchés aux exportations des pays les plus pauvres, ainsi que par le renversement de la tendance à la baisse de l'aide publique au développement fournie par les pays les plus avancés.

Les locomotives sud-africaine et nigériane

Selon les prévisions du FMI, la reprise africaine sera tirée surtout par une croissance plus rapide en Afrique du Sud et dans les pays exportateurs de pétrole. Le Fonds s'attend à des taux de croissance de 3 % à 4 % dans la plus grande économie du continent, qui pourraient atteindre par la suite 5 % ou davantage avec la mise en œuvre des réformes prévues. Les producteurs de pétrole, notamment le Nigeria, ont vu une nette amélioration de leurs positions extérieures grâce à la croissance du secteur pétrolier.
Le rapport souligne que le gouvernement de Lagos a effectué « de bons progrès en s'attaquant à la corruption, en rétablissant la stabilité macro-économique et en améliorant les relations avec les créanciers ». Il appelle aussi le Nigeria à se servir de ses revenus accrus « de manière productive, en particulier pour des programmes de réduction de la pauvreté tels que l'éducation et la santé », et à en mettre de côté une bonne partie qui pourrait faciliter les choses si, à l'avenir, les revenus devaient retomber en raison d'une nouvelle baisse des cours du brut.
Les économistes du Fonds s'attendent à une croissance solide dans des pays comme le Cameroun (4,2 % en 2000, 5,3 % en 2001), le Ghana (4 % et 4,5 %), la Tanzanie (5,2 % et 5,6 %) et l'Ouganda (5 % et 6,1 %) qui devraient commencer à bénéficier des réformes économiques et structurelles entreprises. Ces pays ont pu surmonter les conséquences de « chocs extérieurs » notamment grâce à une production plus diversifiée. Le Cameroun, comme d'autres pays de la Zone Franc, a bénéficié d'une dépréciation effective de la monnaie (liée à l'euro) qui a profité aux exportateurs.
Dans d'autres pays de la région, des « chocs adverses et, dans certains cas, la poursuite de mauvaises politiques auront affecté de manière négative les perspectives économiques », et la croissance s'en ressentira, précise le rapport. C'est le cas notamment pour la Côte d'Ivoire, qui a souffert de la baisse des cours du cacao et des retombées financières du coup d'Etat militaire, qui a entraîné une diminution des décaissements de l'aide extérieure. Autres exemples cités : le Congo-Kinshasa, toujours en guerre, l'Erythrée et l'Ethiopie qui ont souffert des conséquences de leur conflit frontalier et de la sécheresse, le Zimbabwe, pris dans la « turbulence politique », le Kenya et le Maroc, victimes aussi de la sécheresse. « Avant tout, dans certains de ces pays, des efforts doivent être entrepris pour mettre fin à ou prévenir les conflits armés et rétablir la stabilité politique », souligne le rapport.

Jan Kristiansen,
envoyé spécial à Prague (République tchèque)





retour

Qui sommes nous ?

Nos engagements

Les Filiales

RMC Moyen Orient

Radio Paris-Lisbonne

Delta RFI

RFI Sofia