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14/02/2002
Nepad : la mobilisation sera-t-elle suffisante ?

(MFI) L’Afrique a désormais quatre mois pour convaincre les pays riches du G8 de l’aider à réussir son décollage économique qui se fait attendre depuis quarante ans. Elle cherche donc à faire preuve de sa maturité malgré les conflits et les violences qui la secouent.

Les attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis ont posé avec davantage d’acuité le problème du fossé entre riches et pauvres qui se creuse et ne peut que favoriser les extrémismes de tout genre. Le climat international qui en découle favorise donc, a priori, la nouvelle initiative africaine, désormais appelée Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad, selon son sigle anglais), adoptée en juin dernier par le sommet de l’OUA à Lusaka en Zambie et endossée en juillet par le sommet des huit pays les plus industrialisés (G8) à Gênes, en Italie. Ce plan sera sur la table du prochain G8, en juin, à Kananaskis au Canada.
Le Nepad a été début février au centre des préoccupations du Premier ministre canadien Jean Chrétien, hôte du prochain G8, qui a annoncé au Forum économique mondial, à New York, la création d’un fonds de 500 millions de dollars pour aider les pays africains engagés dans des réformes. Il a aussi été, quelques jours plus tard, au centre des discussions du mini-sommet africain réuni à Paris par le président Jacques Chirac, et de la visite à Dakar, dans le cadre d’une tournée en Afrique de l’Ouest, du Premier ministre britannique Tony Blair.
Jacques Chirac a reçu, le 8 février, les présidents et premiers ministres de 13 pays africains à l’origine ou activement engagés dans la préparation du Nepad – Afrique du Sud, représentée par son vice-président Jacob Zuma, Algérie, Burkina Faso, Cameroun, Egypte, Ethiopie, Gabon, Kenya, Mozambique, Maurice, Nigeria, Sénégal et Zambie, qui assure la présidence de l’OUA. L’initiative africaine est le résultat de la fusion du Plan du Millénaire, présenté par le président sud-africain Thabo Mbeki et les chefs d’Etat nigérian et algérien auxquels s’est joint par la suite l’Egyptien Hosni Moubarak, avec le plan Omega du président sénégalais Abdoulaye Wade.


Le moment idéal pour que le continent se relève…

« Il n’est pas acceptable, admissible, tolérable, dans le monde d’aujourd’hui, qu’on laisse se développer un système dans lequel il y a des pays de plus en plus riches et des pays qui restent sur le bord du chemin », a affirmé Jacques Chirac, entouré de ses pairs africains, à la fin de la réunion de Paris. Le président français a souligné la nécessité pour les pays industrialisés de se fixer, comme objectif d’aide au développement, 0,7% de leur PIB. Pour l’instant, seuls cinq pays – Danemark, Norvège, Pays-Bas, Suède et récemment Luxembourg – l’ont atteint.
L’aide française est tombée en 2000 à 4,1 milliards de dollars (avant de se redresser légèrement en 2001) contre 5,6 milliards en 1999, selon le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE. Elle a été dépassée par l’Allemagne (5,03 milliards) et la Grande-Bretagne (4,5 milliards). Le CAD indique cependant que cette contraction de 1,5 milliard (soit - 16%) est surtout due au fait que la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie ont été enlevées de la liste de pays et territoires éligibles pour l’aide publique au développement (APD), ainsi qu’aux mouvements des cours des devises.
La France, rejointe en 2000 par la Grande Bretagne, avait cependant toujours le ratio APD/PNB le plus élevé parmi les pays du G7, à 0,32% contre 0,28% pour le Japon et seulement 0,10% pour les Etats-Unis. L’aide britannique est remontée de 38% en 2000, en raison du règlement tardif de contributions aux institutions multilatérales qui avait fait chuter son chiffre en 1999. Mais en termes réels, elle a augmenté de 22 % sur les deux dernières années à la suite d’un effort déterminé par le gouvernement Blair. Le Premier ministre britannique a affirmé en Afrique de l’Ouest que le moment était idéal pour que le continent se relève, en partenariat avec les nations les plus riches, notant que le Nepad a le mérite de couvrir un large éventail de sujets, puisqu’il ne traite pas seulement du commerce ou de l’aide, mais aussi de résolution des conflits, d’éducation, de bonne gouvernance et d’ouverture.


« Les Africains commencent à s’approprier les choses, ce qui est prometteur »

Michel Camdessus, l’ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI), « sherpa » français chargé de préparer la réponse du G8 au Nepad en liaison avec les Africains, estime pour sa part, selon des sources informées, qu’il faut accélérer le rythme des préparatifs pour ne pas rater les prochaines échéances. Pour lui, la ferme prise de position de Jacques Chirac en faveur d’un renversement de la baisse tendancielle de l’APD « n’est pas négligeable » à quelques mois du G8. Il a précisé à MFI que la réunion de l’Elysée constituait une revue « à mi-chemin » des travaux sur le Nepad avant le Sommet : « Nous sommes huit pays en face de 54 autres. De réunion en réunion, on voit que les Africains commencent à s’approprier les choses, ce qui est prometteur. »
Michel Camdessus, qui s’est rendu à Dakar à l’invitation de Tony Blair, devait également assister fin février à une autre réunion préparatoire en Afrique du Sud. L’ancien patron du FMI semble très satisfait de sa coopération étroite avec le ministre des Finances sud-africain Trevor Manuel – notamment dans l’optique de la conférence des Nations unies sur la mobilisation de moyens financiers pour le développement qui se tiendra à Monterrey, au Mexique, en mars, et du Sommet mondial sur le développement durable prévu en Afrique du Sud en septembre prochain.
Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, qui est ghanéen, a demandé à Michel Camdessus de l’aider à préparer la conférence de Monterrey. « Si elle échoue nous risquons un « bide » à Kananaskis et un bide à Johannesburg, aussi », a estimé en privé le responsable français. Il a toutefois laissé entendre que la France avait l’intention de se battre au G8 pour un renversement de la tendance à la baisse de l’aide, mais qu’il ne sera pas facile de persuader certains partenaires de faire mieux.

Marie Joannidis




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