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07/03/2002
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Les enjeux du sommet de Monterrey (1) : Comment financer le développement ?
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(MFI) La communauté internationale toute entière, réunie du 18 au 22 mars à Monterrey au Mexique pour une conférence sur le financement du développement, se mobilise. Cette réunion, dans le contexte actuel, a toutes les chances d’être décisive quant à l’approche qui peut être désormais retenue pour financer le développement et combattre la pauvreté.
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La conférence réunit sous les auspices des Nations-Unies plusieurs chefs d’État et de gouvernement, des ministres des Finances et du Développement, mais aussi les principaux acteurs sur le terrain comme le FMI, la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), l’Onu et ses agences spécialisées ainsi que des représentants de la société civile – ONG et secteur privé. Cet exercice, unique puisqu’il regroupe tous les thèmes essentiels traités d’habitude dans des enceintes séparées, vise à atteindre un « consensus » global sur les moyens d’accélérer la croissance mondiale et de trouver les moyens financiers de combler le fossé qui se creuse toujours davantage entre riches et pauvres.
Une économie mondiale en récession
Le rendez-vous de Monterrey intervient à un moment où de plus en plus de pays pauvres sont marginalisés par la mondialisation économique. D’autant plus que l’économie mondiale est en récession, accentuée par les attaques terroristes du 11 septembre dernier contre les États-Unis. Selon les experts qui ont préparé la conférence, plus du cinquième de la population mondiale vit encore dans le dénuement absolu, avec moins de un dollar par jour, et à peu près la moitié n’a pas deux dollars par jour pour vivre. La mortalité infantile chez les 2,5 milliards d’habitants des pays à faible revenu dont la majorité sont africains, dépasse cent décès pour mille naissances alors que ce taux n’est que de six pour mille chez les 900 millions d’habitants des pays riches. « Dans le village mondial, la misère de l’un devient très vite le problème de l’autre », affirment-ils, ajoutant que « la pauvreté peut accentuer l’immigration illégale, la maladie et la pollution et aboutir à insécurité, fanatisme et terrorisme ».
Le Français Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI, a souligné début février l’importance de la conférence de Monterrey qui intervient avant le sommet du G8 au Canada en juin et le sommet mondial sur le développement durable, en septembre en Afrique du Sud. Il a estimé qu’il ne fallait pas la rater, car ce serait un échec pour les deux réunions suivantes. « Sherpa » français chargé de préparer en liaison avec les Africains la réponse du G8 au Nepad, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, Michel Camdessus s’est aussi vu confier par le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, la tâche de préparer Monterrey avec le ministre des Finances sud-africain Trevor Manuel.
Le projet de « consensus » qui doit être adopté au Mexique s’intéresse à la fois au sort des pays en développement et aux économies en transition. Le texte préconise une coopération internationale intensifiée dans six domaines clés définis par l’Assemblée générale de l’Onu. Ceux-ci portent sur la mobilisation des ressources nationales, l’augmentation des flux d’investissement étranger direct, l’accès aux marchés pour les exportations des pays pauvres, le renforcement de l’aide publique au développement (APD) avec l’objectif de 0,7% du PNB des pays riches défini par les Nations unies, le règlement du problème de la dette extérieure, l’amélioration du fonctionnement de l’économie, des finances et du commerce internationaux et une participation plus active des pays pauvres dans les décisions sur le plan mondial.
Le « consensus » de Monterrey
Les chefs d’État et de gouvernement devaient venir nombreux, en commençant par le président George Bush. Ils doivent adopter le texte dans lequel ils se déclarent résolus à tenter de résoudre le problème du financement du développement dans le monde, avec pour objectif d’éliminer la pauvreté, d’atteindre une croissance économique soutenue et de promouvoir le développement durable dans un système économique mondial véritablement ouvert à tous et équitable. « Nous notons avec inquiétude que selon les estimations les plus récentes, les ressources mobilisées sont tout à fait insuffisantes pour réaliser les objectifs de la communauté internationale en matière de développement, notamment ceux énoncés dans la Déclaration du Millénaire », souligne le projet de texte soumis par le comité préparatoire.
Après avoir appelé à une mobilisation plus grande et plus efficace des ressources, le projet souligne que les attaques terroristes du 11 septembre n’ont fait qu’aggraver le ralentissement de l’économie mondiale, en abaissant encore les taux de croissance. « Il est donc particulièrement urgent à ce stade que tous les acteurs collaborent étroitement afin de favoriser une croissance économique soutenue et de résoudre les problèmes que pose le financement du développement à long terme. Notre volonté d’agir ensemble est plus forte que jamais », affirme le projet qui évoque l’interdépendance entre nations du Nord et du Sud.
Soulignant que chaque pays est responsable au premier chef de son propre développement économique, le texte soutient les initiatives comme celle du Nepad prise par les Africains. Il affirme que la mondialisation doit être profitable à tous et met l’accent sur la paix et le développement « qui se renforcent mutuellement », sans oublier la bonne gouvernance, facteur essentiel d’un véritable développement. « La mondialisation offre des perspectives et crée des problèmes. Les pays en développement et les pays en transition se heurtent à des difficultés particulières pour leur faire face. Elle devrait être profitable à tous, de façon équitable, et il est impératif que des politiques et des mesures de portée nationale et internationale soient formulées et mises en oeuvre avec la participation pleine et effective des pays en développement et des pays en transition pour aider ces pays à réagir efficacement à ces défis », précise le texte.
Le comité préparatoire s’est penché sur tous les secteurs à revoir, y compris celui de la dette, pour lequel il formule de nouvelles propositions, et le commerce. A propos du fardeau de l’endettement, le projet de consensus préconise notamment la mise en place d’un mécanisme international de renégociation de la dette qui amènera débiteurs et créanciers à se concerter pour restructurer les dettes insoutenables de « manière opportune et efficace ». La mise en place d’un tel mécanisme ne devrait pas exclure la possibilité d’un financement d’urgence en période de crise.
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Marie Joannidis
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