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07/03/2002
Les enjeux du sommet de Monterrey (2) : L’aide publique au développement en question

(MFI) Les pays riches devraient rapidement doubler leur aide publique au développement (APD), estimée à quelque 50 milliards de dollars par an, si la communauté internationale veut réduire de moitié d’ici 2015 l’extrême pauvreté dans le monde, selon l’objectif fixé il y a deux ans par le sommet du Millénaire.

Le problème de l’APD figure en bonne place sur l’ordre du jour de la conférence de Monterrey sur le financement du développement. « La valeur en dollars de l’assistance au développement devrait doubler à plus de 100 milliards de dollars par an », soulignent les experts des Nations unies (Onu) qui ont préparé le projet de « consensus » de Monterrey et reconnaissent que l’efficacité de l’aide doit aussi être améliorée. Ils notent que l’APD est vitale non seulement pour les pays qui manquent de ressources financières, en particulier les plus pauvres, mais constitue aussi un investissement pour un monde plus sûr car plus équitable.
A titre indicatif, pour les 49 pays les moins avancés (PMA) qui ont un PNB par habitant de moins de 900 dollars, l’APD demeure cruciale : en 1998, cette aide a représenté 84 % des flux financiers totaux. En 1970, les Nations unies avaient fixé comme objectif de l’APD 0,7 % du PNB que seuls cinq pays ont atteint : Danemark, Norvège, Pays-Bas, Suède et récemment Luxembourg. Le taux moyen d’APD s’était stabilisé autour de 0,30 – 0,35 % du PNB des pays industrialisés de l’OCDE jusqu’au début des années quatre-vingt-dix, en incluant les Etats-Unis qui n’ont jamais voulu s’engager sur l’objectif de l’Onu. Mais ce pourcentage n’a cessé de baisser depuis jusqu’à 0,22 % en 2000. En termes réels, l’APD est ainsi passé de 60 milliards de dollars en 1992 à 53,1 milliards en 2000.


Une motivation affaiblie par la fin de la guerre froide

Les déficits budgétaires sont parmi les causes principales invoquées par les pays donateurs pour justifier ce déclin de l’aide. Mais en fait les experts mentionnent également l’absence de motivation après la fin de la guerre froide et des rivalités entre grandes puissances qui voulaient s’assurer des alliés dans le Tiers Monde, les doutes persistants concernant l’efficacité de l’APD et des flux plus importants de capitaux privés vers les pays en développement, sauf pour les plus pauvres dont la majorité sont africains (les PMA ont ainsi reçu moins de 4 % des flux de capitaux à long terme vers l’ensemble du monde en développement). L’aide de la France, principal bailleur de fonds de l’Afrique subsaharienne, est tombée en 2000 à 4,1 milliards de dollars (avant de se redresser légèrement en 2001) contre 5,6 milliards en 1999, selon le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE.
La France, rejointe en 2000 par la Grande Bretagne, avait cependant toujours le ratio APD/PNB le plus élevé parmi les pays du G7, à 0,32 % contre 0,28 % pour le Japon et seulement 0,10 % pour les Etats-Unis. Le chiffre français est remonté à 0,34 % en 2001. Le président français Jacques Chirac a souligné la nécessité pour les pays industrialisés d’endosser comme objectif d’aide au développement le pourcentage de l’Onu de 0,7 % du PNB. De son côté, le Premier ministre Lionel Jospin a annoncé une reprise de la progression des ressources financières consacrées à l’aide, parlant de 0,36 % en 2002. Les Britanniques se sont, eux, engagés à passer de 0,26 % en 1997 à 0,34 % à partir de 2000.
Le Premier ministre français a aussi précisé que l’aide-projet sera déliée, c’est-à-dire que les pays bénéficiaires ne seront plus obligés d’acheter du matériel français mais pourront faire appel à la concurrence internationale, dans un projet financé par la France. L’aide « liée » a souvent été critiquée par les pays en développement qui voyaient là un facteur dénaturant l’aide et permettant au pays donateur de favoriser ses propres industries au détriment du récipiendaire.


Tenir compte des demandes des bénéficiaires

Les experts de la Commission Zedillo, chargés par l’Onu d’examiner le problème de l’APD en 2001, ont estimé qu’au moins 50 milliards de dollars supplémentaires étaient nécessaires pour répondre aux objectifs de réduction de la pauvreté. « Nous ne pouvons pas permettre le déclin de l’APD, si nous voulons que nos engagements soient pris au sérieux », a souligné de son côté le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, devant le comité préparatoire de la conférence de Monterrey.
La Banque mondiale, partie prenante à la conférence, a de son côté mis en garde à la fois contre ceux qui, parmi les pays en développement, gaspillent l’aide et certains pays donateurs de plus en plus réticents à aller au-delà de l’aide humanitaire. Plusieurs études récentes ont démontré que l’APD est réellement efficace si elle se concentre sur des programmes permettant de faire baisser la pauvreté (enfants, alimentation et aide d’urgence par exemple) et si l’environnement intérieur des bénéficiaires y est favorable : esprit de réforme mais aussi engagement des autorités et de la société civile. « Il ne faut pas donner la priorité aux souhaits des bailleurs de fonds, qui n’ont pas toujours les mêmes intérêts, mais plutôt tenir compte des demandes des bénéficiaires s’ils ont la volonté de remettre de l’ordre et de faire profiter leurs populations », déclare un expert.
Traditionnellement, chaque bailleur de fonds a ses « préférés » : pays asiatiques voisins pour le Japon, Amérique latine, Caraïbes, Egypte et Israël pour les Américains (y compris aide militaire), pays du Commonwealth pour les Britanniques et francophones africains pour la France, malgré sa volonté affichée de diversification des bénéficiaires de son aide.


Marie Joannidis

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