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07/03/2002
Les enjeux du sommet de Monterrey (5) : L’attitude des forces en présence : Etats-Unis et Union européenne

(MFI) La conférence de Monterrey (18 au 22 mars) aura eu la lourde tâche de concilier des approches contradictoires, malgré le « consensus » apparent élaboré par les experts de l’Onu. Américains et Européens divergent toujours sur le rôle et l’importance de l’aide publique au développement par rapport au commerce et au secteur privé, alors que les pays latino-américains par exemple redoutent d’être oubliés au profit de l’Afrique.

Etats-Unis : la lutte contre le terrorisme avant tout

Les attaques du 11 septembre aux Etats-Unis ont placé la lutte contre le terrorisme au premier plan des préoccupations du président républicain américain George W Bush. « Dans une ère de commerce global et de terrorisme global, l’avenir du monde développé et celui du monde en développement sont étroitement liés. Nous bénéficions des succès de l’autre et nous ne sommes pas immunisés contre ses difficultés », a dit le président fin octobre dernier. « Nous sommes confrontés aux mêmes menaces et nous partageons les mêmes buts », a-t-il souligné, évoquant la nécessité de « plus d’ouverture, plus de commerce et plus de liberté ».
Bush a défini plusieurs objectifs dans ses propositions de budget pour l’année fiscale 2002-2003, mettant l’accent sur l’aide économique et militaire aux pays-clés partenaires des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Parmi les priorités figurent la lutte contre le sida, la promotion de la démocratie et la protection des droits de l’homme. Bush promet aussi le maintien de l’aide américaine pour les réfugiés, les déplacés et les victimes de désastres.
Le président américain a toutefois soulevé un tollé, en particulier parmi les Européens, en proposant en juillet dernier que la Banque mondiale et les autres banques de développement accordent sous forme de dons plutôt que de prêts « jusqu’à 50 % de leur aide aux pays les plus pauvres ». Le Premier ministre français Lionel Jospin a estimé qu’une telle proposition pourrait sonner le glas pour l’Association internationale de développement (IDA), filiale de la Banque mondiale spécialisée dans l’aide pour les pays les plus pauvres.


Controverse sur les prêts et les dons

L’IDA accorde des prêts sans intérêt pour une durée qui peut atteindre quarante ans et représente la principale source de financement de ces pays. Les remboursements des prêts anciens contribuent à financer la continuation de l’activité de cette institution qui est également financée par des contributions des pays riches et des économies émergentes. Selon les Français, il serait possible d’accorder jusqu’à 10 % de l’assistance de l’IDA sous forme de dons – contre 5 % à présent – mais « au-delà, ce serait l’effondrement de celle-ci ». Il n’y aurait plus assez de fonds pour renflouer l’institution. Depuis des années, les Américains ont adopté une attitude restrictive à l’égard de l’IDA, privilégiant le commerce plutôt que l’aide en tant que moteur de développement.
Cette position n’a pas changé même si le 11 septembre a incité l’administration à augmenter certains types d’aide liés de près ou de loin à la lutte anti-terroriste. Le président Bush a demandé au Congrès 8,47 milliards de dollars pour l’aide étrangère et les programmes humanitaires gérés par USAid dans le cadre du prochain budget. Ce montant, en hausse de 9 % par rapport au budget précédent, servira notamment à financer les soutiens à l’Afghanistan et au Pakistan et sera concentré sur quatre « piliers » : croissance, agriculture et commerce ; santé ; démocratie, conflits et assistance humanitaire et enfin alliance globale pour le développement.
Ce dernier point devait être au centre de la position américaine à Monterrey. Il met l’accent sur une coopération accrue entre USAid et le secteur privé, y compris les ONG et les entreprises, afin d’aboutir à de nouvelles solutions, notamment pour le transfert des technologies nouvelles.


Union européenne : combler le fossé

L’Union européenne, principal donateur d’aide publique au développement dans le monde, veut combler le fossé entre riches et pauvres et a déjà pris des mesures pour ouvrir ses marchés aux produits des pays les moins avancés (PMA). Pour le Danois Poul Nielsen, Commissaire européen au développement, « la pauvreté est un défi incroyable avec 800 millions de personnes exposées à la famine. La conférence de Monterrey doit produire des résultats significatifs pour cette lutte », a-t-il estimé, soulignant également que le Doha round, le cycle de négociations commerciales lancé par l’OMC au Qatar en novembre, doit être consacré au développement. Le commissaire européen souhaite aussi une réforme de la politique agricole commune européenne afin qu’elle ne porte pas préjudice aux pays en développement.
L’Union européenne (UE) a réformé son dispositif d’aide et créé un nouvel organisme, EuropeAid, pour mieux coordonner cette politique tout en renforçant les capacités de gestion de la Commission européenne et en l’incitant à recourir davantage à l’expérience des Etats membres et de leurs agences nationales de coopération. Plus de 150 Etats, territoires ou organisations sont bénéficiaires des aides gérées par EuropeAid, dont l’efficacité reste toutefois contestée par de nombreux experts, qui continuent à critiquer les « complexités administratives » qui bloquent ou retardent le financement de projets approuvés.
En 2000, les nouveaux financements se sont élevés à environ 7,6 milliards d’euros : 850 millions pour les Balkans et les Etats issus de l’ex-Union soviétique, 1 milliard pour la Méditerranée du Sud, le Proche et Moyen-Orient, près de 4,2 milliards pour les pays ACP, 570 millions pour l’Amérique latine et l’Asie et plus de 1 milliard pour le financement d’actions telles que les cofinancements avec les ONG, l’environnement ou les droits de l’homme.
Jusqu’au milieu des années quatre-vingt, l’aide communautaire était avant tout destinée aux pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), dans le cadre des conventions successives de Lomé et de Cotonou – et de leur instrument financier, le Fonds européen de développement (FED). Mais depuis la chute du mur de Berlin en 1989, elle a été progressivement étendue à de nouveaux bénéficiaires, l’accent étant mis aujourd’hui sur la lutte contre la pauvreté sur un plan mondial.


Marie Joannidis

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