accueilradio  actualités  musique  langue française  presse  pro
radio
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Economie Développement Liste des articles

12/03/2002
L’Afrique tient à l’aide des banques islamiques

(MFI) Depuis les attentats de septembre 2001, les autorités financières américaines « surveillent » les activités des banques islamiques soupçonnées de financer les radicalismes musulmans. Cette pression n’est pas du goût de nombreux pays africains qui craignent que la manne arabe ne tarisse.

Depuis fin septembre, l’Office of Foreign Assets Control (Ofac), appendice du Trésor américain, demande aux banques américaines de suivre à la trace tous les mouvements de fonds susceptibles de conduire vers Oussama Ben Laden et ses proches. En Europe, la même suspicion pèse désormais sur les banques islamiques. Bien qu’aucune mesure directe de rétorsion n’ait été prise contre elles. La « menace » ne concerne pas les organisations multi-étatiques d’aide au développement comme la Banque islamique de développement (BID) ou la Banque arabe pour le développement économique de l’Afrique (BADEA) qui sont, pour ainsi dire, au-dessus de tout soupçon. Elle vise davantage les établissements financiers à capitaux privés et à nationalité unique.
Des rapports officieux citent plusieurs holdings d’origine saoudienne, koweïtienne ou émiratie qui ont des filiales en Afrique. Parmi ceux montrés du doigt figure Al-Shamal Islamic Bank et la Dubai Islamic Bank, très actives au Soudan. Ces banques auraient, selon les services américains, des rapports directs avec Ben Laden. Autre établissement placé sous haute surveillance : la Tadamon Islamic Bank, également présente au Soudan et dirigée par un membre de la famille royale saoudienne. La mise à l’index de la Dar Al-Maal Al-Islami (DMI) par la CIA inquiète un plus grand nombre de pays africains. Cette holding, créée en 1981 par un prince saoudien et basée en Suisse, compte en effet des filiales au Sénégal, au Niger et en Guinée.


Elles s’intéressent aux populations les plus pauvres

« Ces banques ont été créées non dans un but mercantile, mais avec l'objectif d’aider les populations de ces pays à relever leur niveau. Cet objectif demeure », souligne Abdelmajid Benjelloun, directeur général de la Banque islamique de Guinée. Le même principe a guidé la création de la Nasser Social Bank et de l’Islamic International Bank for Investment and Development en Egypte, de la Al-Baraka Leasing en Algérie. Et si ces établissements commençaient à faire preuve de frilosité ?, s’inquiètent de nombreux responsables africains, conscients de l’importance de la manne arabe. En effet, on estime à 200 le nombre d’institutions financières islamiques. Elles gèrent des actifs de plusieurs centaines de milliards de dollars.
Même si les banques islamiques investissent en priorité dans les pays du Golfe et en Asie, la part qui revient au continent africain n’est pas négligeable : 7 % des prêts du Fonds d’Abou Dhabi pour le développement profite à l’Afrique ; 35 pays africains ont déjà bénéficié des subsides du Fonds koweïtien pour le développement arabe. Quant au Fonds saoudien pour le développement, il irrigue aussi bien l’Afrique de l’Ouest que le Maghreb et l’Egypte. « On s’en prend même à des organismes humanitaires », regrette un officiel nigérian qui cite l’exemple de l’International Islamic Relief (IIRO), organisme caritatif fondé en 1978 pour prêter assistance aux victimes de catastrophes naturelles et de guerre, et dont le nom revient dans plusieurs rapports américains comme un probable circuit de transmission des fonds gérés par Oussama Ben Laden et ses proches. « On a décidé de créer cet organisme après avoir constaté que 80 % de ces victimes et de ces réfugiés étaient des musulmans, que ce soit en Afrique, en Bosnie ou en Palestine », souligne-t-on à l’IIRO, qui a son siège à Djeddah, et qui a déjà secouru plus de 4 millions de personnes depuis sa création.
Après avoir exprimé leur solidarité avec Washington, dans un beau chœur anti-terroriste, les capitales africaines commencent à s’inquiéter des pressions que les autorités financières américaines exercent sur les banques islamiques. Celles-ci présentent en effet l’avantage d’accorder des prêts à des conditions moins contraignantes que les banques classiques, au nom de la charité musulmane. Les banques islamiques se refusent en effet à profiter de la pauvreté des clients pour s’enrichir. Certaines d’entre elles s’intéressent aux populations les plus pauvres, rejetées par les banques classiques. Les officiels africains les plus critiques à l’égard des positions américaines ne manquent pas de rappeler que la plupart de ces banques et organismes islamiques, aujourd’hui désignées du doigt, ne sont accusées de rien de précis. Mieux, plusieurs d’entre elles collaborent au grand jour avec les Nations unies.


Yolande S. Kouamé

retour

Qui sommes nous ?

Nos engagements

Les Filiales

RMC Moyen Orient

Radio Paris-Lisbonne

Delta RFI

RFI Sofia