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28/03/2002
Transports aériens : Les exportateurs de fruits et légumes orphelins d’Air Afrique

(MFI) La faillite d’Air Afrique n’a pas seulement réduit le trafic voyageurs entre l’Afrique francophone et le reste du monde. Elle risque surtout de pénaliser les exportateurs de produits frais, causant de graves dommages aux économies nationales. A moins que des concurrents ne prennent rapidement le relais, à des tarifs compétitifs.

Qui prendra le relais d’Air Afrique pour le transport des produits frais périssables exportés vers l’Europe ? Tous les opérateurs d’Afrique de l’Ouest se posent la question, tout comme leurs homologues congolais, également privés des services de la multinationale panafricaine depuis son dépôt de bilan. L’enjeu n’est pas mince : le Sénégal, qui prévoit d’exporter 9 000 tonnes de produits horticoles vers l’Europe cette année, craint de ne pouvoir en commercialiser que 3 600 tonnes, si l’on s’en tient aux réservations acquises en début d’année auprès des différentes compagnies desservant Dakar. De son côté, le Burkina Faso, qui tire 2 % de ses recettes des exportations de fruits et légumes, s’inquiète pour ses haricots de contre-saison et ses mangues qui empruntent habituellement la voie aérienne. Au Bénin, les principaux exportateurs d’ananas ont déjà baissé les bras, préférant se concentrer sur les pays voisins, dont les marchés sont accessibles par voie routière.
Si plusieurs compagnies nationales comme Air Niger, Air Burkina et Air Ivoire ont retrouvé un certain dynamisme depuis la chute d’Air Afrique, la plupart d’entre elles limitent leurs ambitions à la sous-région. Seuls Air Sénégal international, Air Mali et Air Mauritanie envisagent d’entretenir des lignes régulières vers la France. De fait, elles misent plus sur les allers-retours de leurs communautés nationales vivant en Europe que sur le trafic de marchandises. Aucun état des lieux n’a encore été fait sur les disponibilités réservées en soute pour les marchandises périssables. Aucun accord global n’a encore été signé entre ces nouveaux venus et les associations de producteurs comme c’était souvent le cas avec Air Afrique.


Fréquences réduites

La situation est d’autant plus difficile que plusieurs compagnies européennes qui desservaient l’Afrique envisagent de réduire la fréquence de leurs vols. C’est le cas de la SN Brussels Airlines (récemment créée sur les cendres de Sabena), de la Lufthansa et d’Alitalia. Certes, la disparition d’Air Afrique ouvre un boulevard aux compagnies européennes les mieux équipées, mais certaines considèrent que les quantités à transporter sont trop faibles et ne justifient pas les investissements nécessaires. D’autres incriminent le manque d’organisation des exportateurs, versatiles et mauvais gestionnaires. Une seule exception : Air France, seule parmi les ténors du transport aérien international à annoncer « la mise en service d’avions de plus grande capacité et donc une augmentation des volumes offerts en soute à partir de l’Afrique et vers ce continent ». Mais à quel prix ?
La question des tarifs a toujours opposé la direction d’Air Afrique aux exportateurs. Ces derniers jugeaient les tarifs de la multinationale panafricaine prohibitifs. Pour abaisser les coûts, les négociants les plus influents se regroupent pour affréter des appareils. Encore faut-il qu’ils aient la certitude de disposer des quantités fixées à l’avance. Ce n’est pas garanti dans toutes les filières…


Investissements perdus

Ces difficultés de transport risquent de coûter cher aux producteurs et à leurs intermédiaires. Ces derniers mois, il n’est pas rare de voir des stocks de marchandises en rade sur le tarmac des aéroports ouest-africains, faute de place en soute. De quoi faire le lit des concurrents. Car en Europe, la rivalité est rude sur le marché des fruits et légumes frais importés par avion. Sur le marché français des mangues fraîches par exemple, la Côte d’Ivoire qui détient encore 40 % de parts de marché, est de plus en plus concurrencée par le Mexique, le Pérou et Israël qui jouent à fond sur l’argument de la sécurité de livraison.
Déjà, l’ananas frais du Bénin, fort apprécié pour ses qualités, paie les pots cassés. Après avoir réussi une première percée dans la grande distribution française, il a disparu des rayons. Quant à l’ananas de Côte d’Ivoire, il n’est plus le « roi » du marché, en dépit d’importants investissements consentis ces dernières années par les opérateurs. Il doit croiser le fer avec des produits sud-américains, israéliens, sud-africains, antillais. Autant de pays beaucoup plus régulièrement desservis, à des conditions tarifaires plus économiques.


Yolande S. Kouamé

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