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04/10/2002
Dette africaine : encore un petit pas…

(MFI) Les Africains peuvent tirer une certaine satisfaction des réunions des grands argentiers du monde, tenues fin septembre à Washington : les pays riches vont bien apporter le milliard de dollars qui manquait pour financer la réduction de leurs dettes dans le cadre de l’initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE).

A l’issue de l’assemblée annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), plusieurs bailleurs de fonds se sont fermement engagés pour la moitié de ce montant, et le reste devrait être réuni d’ici la fin du mois d’octobre. Les pays africains, qui constituent la grande majorité du groupe PPTE, avaient tiré la sonnette d’alarme au printemps : l’endettement de plusieurs d’entre eux risquait de rester trop élevé parce que la réduction de leurs dettes avait été calculée en fonction d’hypothèses trop optimistes, ne tenant pas compte de la baisse des cours des matières premières et du sévère ralentissement économique dans le monde industrialisé. Ce qui rend nécessaire des ressources supplémentaires, notamment pour le Fonds fiduciaire qui aide plusieurs autres institutions multilatérales à participer à ce mécanisme, lancé en 1996 par le FMI et la Banque mondiale.
Les dernières analyses des experts des deux institutions ont démontré qu’une dizaine de PPTE risquaient de se retrouver à la sortie du processus avec une dette dépassant le seuil jugé tolérable de l50 % de la valeur de leurs exportations. Les grands pays du Groupe des Sept (G7), dont les ministres des Finances se sont retrouvés à la veille de l’assemblée, ont confirmé d’entrée de jeu leur intention de fournir « leur part » du financement supplémentaire requis, comme promis par le Sommet G8 (G7 plus la Russie) de Kananaskis en juin dernier, et d’autres bailleurs de fonds les ont rejoints. En annonçant que le pays hôte allait tenir ses engagements, le secrétaire américain au Trésor Paul O’Neill n’a pu s’empêcher de lancer une mise en garde : « L’allégement de la dette ne garantit pas les succès futurs », a-t-il dit, ajoutant que les pays PPTE doivent eux-même assurer « les bases économiques pour la création d’emplois et de revenus accrus » et renforcer leurs politiques pour ne pas retomber dans le piège de la dette.

Seulement 6 pays sur 42 au bout du processus

Jim Wolfensohn, le président de la BM, qui n’a cessé de pousser les grands pays à augmenter leur aide publique au développement (APD) et à honorer les promesses avancées, a reconnu de son côté que les préoccupations des Africains concernant les lenteurs et les complexités de la mise en œuvre du processus de réduction de la dette sont bien justifiées. Sur les 42 pays figurant sur la liste initiale des candidats au mécanisme « renforcé » établi à la suite des décisions du sommet du G7 de Cologne en 1999, seuls six pays ont à présent atteint le « point d’achèvement » du processus.
Le Burkina Faso et la Mauritanie ont rejoint depuis avril dernier l’Ouganda, la Tanzanie, le Mozambique et la Bolivie, le premier à passer ce cap. Le Mali devrait suivre prochainement. Vingt autres pays sont « en cours de traitement ». L’encours de la dette de l’ensemble de ces 26 pays devrait être réduit de 40 %, et ils verront le service de la dette totale diminué de quelque 1,3 milliard de dollars par an en moyenne entre 2001 et 2005, selon Jim Wolfensohn. Ce qui va leur permettre de consacrer cette année environ 9 % de leur PIB aux dépenses sociales – éducation et santé surtout – contre 6 % en 1999.
Quatre des 42 pays de la liste initiale – l’Angola, le Kenya, le Vietnam et le Yémen – devraient, selon les analyses, se retrouver avec un niveau d’endettement viable une fois épuisées les possibilités d’aménagement « classique » de la dette, notamment devant les créanciers publics du Club de Paris. Grâce aux progrès du processus de paix de la République démocratique du Congo, ce pays devrait prochainement rejoindre les rangs des bénéficiaires du mécanisme PPTE.. La Côte d’Ivoire devait également y accéder avant la fin de l’année, mais les experts craignent que ce ne soit partie remise en raison du conflit civil qui vient d’éclater dans ce pays. D’autres pays « post-conflit » ou encore en conflit, comme le Congo-Brazzaville, le Burundi et le Liberia, figurent aussi sur la liste d’attente, alors que certains, comme la Somalie et le Soudan, ne peuvent pas pour l’instant être pris en compte en raison de leur situation particulière.

Pour une approche plus flexible

Parlant pour les pays africains devant la plus haute instance politique du FMI, le Comité financier et monétaire international (CFMI), le ministre angolais des Finances Julio Bessa a souligné la nécessité d’accélérer le processus de réduction de la dette, d’en simplifier les conditions et d’apporter davantage d’assistance technique. Il a en particulier plaidé pour une approche plus flexible à l’égard des pays post-conflit – dont, implicitement, le sien. Son collègue ougandais Gerald Ssendaula a avancé les mêmes arguments devant l’assemblée annuelle, ajoutant que les Africains souhaiteraient que l’allégement de la dette soit désormais lié aux Objectifs de développement pour le millénaire (ODM) approuvés dans le cadre des Nations unies, et dont le principal est de réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici à 2015.
Le Comité du développement du FMI et de la Banque a par ailleurs demandé « instamment à tous les créanciers officiels et commerciaux qui ne l’ont pas encore fait de participer pleinement » à l’initiative PPTE. Des créanciers bilatéraux comme la Libye, notamment, ont intenté des procès à certains pays PPTE afin de recouvrer leurs dettes, et certaines institutions multilatérales se sont abstenues de toute participation. Dans le cadre des efforts pour prévenir des crises financières comme celle qui a frappé l’Argentine, le CFMI a demandé au FMI de préparer d’ici aux réunions de printemps des propositions précises sur un mécanisme de restructuration de la dette souveraine, principalement celle des pays émergents.

Jan Kristiansen
envoyé spécial à Washington


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