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28/11/2002
Le commerce du diamant bientôt moralisé

(MFI) A partir du 1er janvier 2003, un système de « certification » prévu par le processus de Kimberley devrait bloquer le commerce illicite de diamants. Il aura fallu deux ans et demi de négociations ardues pour que les producteurs, les consommateurs et les industriels du secteur se mettent d’accord sur des règles communes destinées à moraliser ce commerce.

L’Afrique est le plus gros producteur mondial de diamants et pour des pays comme le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud, l’extraction et les exportations de diamants en toute légalité ont contribué à financer la croissance et le développement économique. Mais ces pierres précieuses ont aussi donné lieu à de nombreux trafics qui ont financé plusieurs guerres sanglantes en Angola, au Liberia, au Sierra Leone ou en République démocratique du Congo (RDC) notamment.
A partir du 1er janvier 2003, un système de « certification » devrait en principe bloquer ce commerce illicite et empêcher les « diamants sales » de pénétrer dans le marché légal à travers la mise en place de certificats d’origine théoriquement infalsifiables. Ceux-ci devront accompagner tout colis de diamants, exporté obligatoirement dans un emballage scellé, et devront être visés par les autorités du pays exportateur et par les services douaniers du pays importateur.

Plus de 50 signataires

Lancé en mai 2000, le « processus de Kimberley », du nom de la ville minière sud-africaine qui avait accueilli la première réunion destinée à élaborer des règles internationales pour bloquer la contrebande, a mobilisé gouvernements, groupes industriels et représentants de la société civile. Endossé par les Nations unies (Onu) dès décembre 2000, le processus a continué avec plusieurs conférences en 2001 et 2002 aussi bien à Windhoek en Namibie ou à Luanda en Angola, qu’à Bruxelles, Moscou ou Londres. Il a abouti le 5 novembre 2002 à la signature à Interlaken (Suisse) d’une déclaration ministérielle adoptant formellement le nouveau système de certification.
Parmi les 52 signataires dont la Commission européenne, 46 y compris les Quinze de l’Union européenne et plusieurs pays africains se sont engagés à mettre en place le nouveau système dès le 1er janvier prochain, tandis que six autres dont le Japon ont promis de le faire avant la fin de l’année 2003. La mise en œuvre sera basée sur les lois en vigueur et les systèmes de contrôle interne des pays signataires, à condition qu’ils correspondent aux critères établis par le processus de Kimberley. Ce qui ne plaît pas aux organisations non gouvernementales qui se sont battues contre les « diamants sales » – en particulier la britannique Global Witness, qui, la première avait mené la bataille – qui réclament des règles universelles plus strictes étant donné que certains gouvernements sont suspectés d’avoir profité des trafics.

Pour éviter le boycott

Le Conseil de sécurité de l’Onu avait imposé pour sa part des sanctions contre les rebelles du RUF au Sierra Leone et leurs alliés du Liberia ainsi que l’opposition armée angolaise de l’Unita, qui a déposé les armes et signé en avril 2002 un accord de cessez-le-feu avec les forces gouvernementales. Ainsi, les experts de l’Onu chargés d’étudier la violation de l’embargo sur les diamants contre l’Unita avaient entre autres mis en cause l’année dernière des sociétés basées en Belgique, en Israël et en Afrique du Sud – les principales plaques tournantes du commerce du diamant – ainsi que des négociants de Chypre, de la RDC, de Tanzanie, de Zambie et des contrebandiers angolais. Le dernier rapport sur le pillage des ressources de la RDC accuse des réseaux opérant dans l’Est, à partir du Rwanda et de l’Ouganda, de poursuivre la contrebande des diamants, avec la complicité de trafiquants étrangers.
L’industrie du diamant a vite rallié le processus afin de rassurer les consommateurs de bijoux et de pierres précieuses, en particulier aux Etats-Unis qui représentent le plus gros marché mondial. Des ONG américaines avaient menacé l’industrie d’un boycott. Le géant minier sud-africain de Beers, accusé de se fournir en pierres brutes auprès de l’Unita, a décidé de « moraliser » ses transactions dès mars 2000 en affirmant que tous les diamants bruts qu’il commercialisait à travers le CSO (Organisation centrale de vente) à Londres étaient accompagnés d’un document garantissant qu’ils ne provenaient pas d’une zone rebelle. Le Congrès mondial du diamant d’Anvers en Belgique a de son côté préconisé des contrôles plus stricts tout comme le Conseil mondial du diamant basé à New York.

Lutte contre les circuits de l’argent sale

Aux Etats-Unis, un groupe de parlementaires de tous les bords avait d’abord préconisé la prohibition de tout achat de tous les diamants, licites ou illicites, en provenance d’une région en guerre avant de se rabattre sur une demande pressante pour la mise en place d’un système mondial de contrôle strict. Cette prise de position a été confortée par la croisade lancée après l’attentat du 11 septembre 2001 par le président américain George W. Bush contre le terrorisme et les circuits de l’argent sale par où passent et se croisent souvent tous les trafics, y compris des armes et des diamants.
Selon l’industrie et les officiels, les diamants « sales » ne représentent que 3 à 4 % du commerce mondial, chiffre contesté par les ONG qui parlent de 16 % à 20 %. Le commerce mondial des diamants bruts a représenté en 2001 quelque 7,8 milliards de dollars, le commerce des pierres taillées se chiffrant à 53 milliards de dollars par an, selon des sources américaines.

Marie Joannidis

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