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03/01/2003
Afrique : le difficile apprentissage de l’OMC

(MFI) Les pays africains sont conscients de la nécessité de faire un effort accru pour augmenter leur part dans le commerce international. Mais ils restent tributaires de leur manque de compétitivité et des restrictions imposées par les grandes puissances commerciales comme les Etats-Unis.

Washington a retardé, à la fin de l’année 2002, un accord sur un meilleur accès des plus pauvres à des médicaments bon marché au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les Américains ont voulu limiter le projet à des remèdes pour quelques maladies comme le HIV/sida ou la malaria, sous prétexte qu’ils redoutent qu’une vaste libéralisation dans ce secteur risque de décourager l’industrie pharmaceutique dans ses efforts de recherche et de développement de nouveaux médicaments.
L’OMC s’était pourtant engagée, lors de sa conférence ministérielle tenue à Doha, en novembre 2001, à favoriser le développement des pays pauvres. Elle a fait des gestes en ce sens, qui sont toutefois encore jugés insuffisants, par les Africains notamment. L’Afrique au sud du Sahara ne représente pour le moment que 1,8 % des échanges mondiaux, ce qui freine son développement puisque cela ne suffit pas à lui procurer les ressources nécessaires pour le financer. Elle dépend de l’aide internationale malgré ses richesses naturelles et son potentiel peu exploité.

Pour réduire la pauvreté, la croissance plutôt que les réformes ?

Le directeur général de l’OMC, Supachai Panitchpakdi, a tout fait pour la réussite d’un accord devant faciliter l’accession à l’OMC des pays les moins avancés (PMA), dont la majorité sont africains. Cet accord définit des lignes directrices concernant l’accession des PMA dans quatre domaines : accès aux marchés, règles de l’OMC, processus et assistance technique liée au commerce et au renforcement des capacités. A Doha, les pays membres de l’OMC avaient souligné que l’intégration des PMA dans le système commercial multilatéral et l’économie mondiale était un objectif essentiel.
Dans son dernier rapport sur cette catégorie de pays, intitulé Echapper au piège de la pauvreté, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) estime toutefois que la pauvreté extrême est à la fois généralisée et persistante dans la plupart des PMA et que son incidence est la plus forte chez ceux qui sont tributaires de l’exportation de produits primaires (de base). Ses experts estiment qu’il existe une possibilité importante, mais pour l’instant sous-estimée, de réduire rapidement la pauvreté extrême par une croissance économique soutenue alors que les stratégies nationales et internationales ne tiennent pas pleinement compte de cette possibilité, tablant plutôt sur les réformes, la bonne gestion et le commerce.

Des liens entre commerce et investissements

La Cnuced a cependant participé, aux côtés de l’OMC, à plusieurs manifestations destinées à mieux préparer les Africains à faire face à la concurrence internationale. Un atelier spécial a ainsi réuni, début décembre à Genève, au siège de l’OMC, les représentants de 21 pays africains qui ont planché sur les liens entre commerce et investissements et sur l’examen d’une coopération multilatérale plus étroite pour favoriser les objectifs de développement. Auparavant, les pays qui n’ont pas les moyens de siéger de façon permanente à Genève ont été invités pendant une semaine pour être informés sur les secteurs faisant l’objet de négociations dans le cadre du Programme de Doha pour le développement, notamment l’accès aux marchés, les petites économies et l’examen des politiques commerciales.
Par ailleurs, plusieurs pays donateurs dont la France, le Japon et la Norvège se sont engagés à encourager financièrement l’assistance technique à quelque 16 pays africains représentant aussi bien toutes les régions du continent que tous les degrés de développement des économies – PMA mais aussi pays à revenus intermédiaires –, qu’ils soient francophones, lusophones, arabophones ou anglophones.

Un début d’influence commune africaine

« Il ne faut pas uniquement réclamer l’accès aux marchés et la fin des subventions agricoles des grands pays exportateurs comme ceux de l’Union européenne ou les Etats-Unis, mais aussi avoir des produits compétitifs », affirme le Nigérian Chiedu Osakwe, directeur de la division de coopération technique de l’OMC. « Les Africains ont commencé à exercer leur influence au sein de l’OMC et essayent de définir des positions communes », ajoute-t-il, en précisant que le groupe africain se réunit toutes les semaines à Genève. Pour lui, bonne gouvernance et bonne gestion font aussi partie des facteurs susceptibles d’accroître la capacité commerciale de l’Afrique, aux côtés de l’amélioration des infrastructures et de la productivité.
L’Union européenne a, elle, décidé d’aider ses partenaires Afrique/Caraïbes/Pacifique (ACP) à se préparer à intégrer le commerce international selon les règles définies par l’OMC, quand les dérogations obtenues à la conférence de Doha arriveront à leur fin en 2008, dans des négociations qui s’annoncent cependant longues et difficiles. Le Conseil des ministres des ACP, réuni en décembre à Bruxelles, a pour sa part insisté sur le fardeau de la dette qui continue d’être insupportable et constitue une entrave majeure aux réformes, à la croissance et au développement des pays pauvres.

Marie Joannidis

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