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27/02/2003
Le Nepad au sommet franco-africain
La France veut mobiliser le G8


(MFI) L'éventualité d'une guerre contre l'Irak et ses conséquences ont constitué la toile de fond du 22ème sommet franco-africain qui s'est tenu à Paris du 19 au 21 février. Cependant, les principes de paix, de sécurité et de bonne gouvernance, fondements du Nouveau partenariat pour le développement économique de l'Afrique (NEPAD), ont dominé les débats.

La France aura fort à faire pour convaincre les autres pays riches de faire davantage pour l'Afrique d'ici le sommet du G8 –les sept pays les plus industrialisés du monde et la Russie– qu'elle présidera en juin prochain, à Evian. Déjà l'année dernière, le sommet du G8 à Kananaskis, au Canada, devait être celui de l’Afrique. « Rattrapés » par la lutte contre le terrorisme international et la crise au Moyen-Orient auxquelles ils consacrèrent leurs discussions, les Huit avaient cependant adopté un plan d’action pour soutenir le NEPAD. Sommet des promesses, à condition, bien sûr, que les pays du continent respectent la bonne gouvernance économique et politique, Kananaskis manque encore de relais.
Au cours de ce 22ème sommet franco-africain de Paris, le président français, Jacques Chirac, a voulu poser des jalons pour Evian, en lançant des initiatives destinées à aider l'agriculture africaine, ressource fondamentale de la plupart des pays pauvres et en appelant à une mobilisation des Africains eux-mêmes. « A cette mobilisation de l'Afrique, il faut que réponde la mobilisation de la communauté internationale, à commencer par celle des pays du G8 », a-t-il souligné. Evoquant les précédentes réunions du G8, il a estimé que l'heure était venue de dépasser le stade des promesses pour aider concrètement les Africains. « A Gênes en 2001, le caractère novateur et prometteur du NEPAD a été reconnu. A Kananaskis en 2002, un plan d'action a été élaboré affirmant que nul pays africain engagé dans la réalisation des objectifs du NEPAD ne doit manquer de ressources pour les atteindre. La prochaine étape, c'est donc Evian où cet engagement réciproque doit commencer à être appliqué », a-t-il dit, précisant que son représentant personnel - ou « sherpa » - auprès du G8 en ce qui concerne le NEPAD, l'ancien directeur général du FMI, Michel Camdessus, a été chargé de travailler avec les partenaires africains. En outre, Jacques Chirac a proposé aux Africains - et il compte faire de même avec les membres de l'Union européenne et les autres pays du G8 (Canada, Etats-Unis, Japon et Russie) - un projet en trois points pour aider l'Afrique comprenant un moratoire sur les exportations agricoles des pays développés afin d'encourager les cultures vivrières africaines; un accès amélioré pour les exportations agricoles du continent et la réouverture du dossier des prix des matières premières.

Multipistes

Parmi les idées avancées, figure la création par les pays développés d'un régime commun et unique de préférences, par alignement sur le régime le plus favorable, pour chaque pays d'Afrique. « C'est indispensable pour attirer les investissements privés qui sont une priorité du NEPAD. La France compte défendre cette proposition au sommet d'Evian », a indiqué le président français. Les autres « pistes » à explorer concernent l'amélioration des facilités octroyées par les institutions financières internationales, l'assouplissement des politiques de libéralisation commerciale vers lesquelles sont trop vite poussés les pays africains, l'adaptation du traitement de la dette des pays pauvres en fonction de l'évolution des cours des matières premières et une meilleure orientation de l'aide au développement en faveur des producteurs africains. Il n'a pas manqué non plus d'égratigner au passage les Américains.
« Pour ce qui concerne l'agriculture, j'ai voulu répondre par une initiative à une campagne qui, parfois, est menée par certains contre la politique agricole commune de l'Union européenne », a-t-il souligné, évoquant les pays riches « qui s'agacent du fait que la France soit le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et le premier exportateur mondial de produits agricoles transformés. Quelle que soit l'affirmation justifiée que le libéralisme est mondial, que la mondialisation impose un traitement égal de tous par rapport aux règles économiques, je crois que cette affirmation comporte des limites et qu'il est légitime et normal (…) que l'Afrique bénéficie d'un régime au moins temporaire, disons pour les dix prochaines années », a-t-il ajouté. Le chef de l’état français rejoignait ainsi les principales revendications africaines mais aussi celles de la Banque Mondiale qui a fait de la lutte contre la pauvreté une de ses priorités.

Relever le prix des matières premières

Brossant un tableau bien sombre de la situation actuelle et du « mal-développement africain », Jacques Chirac a rappelé que les revenus agricoles sont essentiels pour permettre à l'Afrique sub-saharienne d'atteindre le taux de croissance annuel moyen de 7% nécessaire à la réalisation des objectifs du millénaire de lutte contre la pauvreté.
Pour lui, la vie d'un milliard d'êtres humains dans le monde dépend directement de l'agriculture et l'enjeu est considérable pour l'Afrique où dix-sept pays au sud du Sahara dépendent des produits de base, hors pétrole, pour plus de 75% de leurs exportations. Le coton, le café, le cacao assurent le revenu et la survie de millions de producteurs et de travailleurs agricoles, qui sont parmi les plus pauvres du monde et les moins protégés. Le coton fait vivre plus de 15 millions de personnes en Afrique occidentale et centrale.
Selon le président français, ces difficultés sont parfois aggravées par les politiques des pays industrialisés, en particulier par des subventions de plusieurs milliards de dollars dont bénéficient quelques dizaines de milliers de producteurs - notamment américains.
« Quand on dit que l'essentiel de la pauvreté dans le monde est en zone rurale, on oublie parfois de préciser que c'est en grande partie à cause de la volatilité des prix des produits de base et de leur déclin sur le long terme. Pour vos pays, la baisse du prix des matières premières représente, depuis trente ans, une perte égale à la moitié de l'aide au développement. C'est une cause majeure des difficultés que vous éprouvez pour vous développer et faire face à votre dette extérieure », a-t-il déclaré à ses pairs africains.
Il lui reste à présent à convaincre les pays riches du bien-fondé de cette initiative - en particulier les Etats-Unis avec lesquels la France a déjà maille à partir au sujet de l'Irak - et à persuader les Africains qu'il est temps pour eux remplir leur part du contrat de partenariat.

Marie Joannidis

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