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10/04/2003
Irak : les producteurs africains de pétrole inquiets

(MFI) Les conséquences de la guerre en Irak sur les cours mondiaux du pétrole préoccupent les producteurs africains, qui redoutent une baisse à la fois des prix et des investissements, en particulier au large du Golfe de Guinée. L’Irak détient en effet les deuxièmes réserves mondiales de brut après l’Arabie Saoudite, faciles à exploiter à moindre coût.

Le pactole pétrolier abrité dans les eaux africaines très profondes, protégé des aléas politiques, avait attiré ces dernières années toutes les grandes compagnies, qu’elles soient américaines, françaises ou britanniques. Elles n’ont pas hésité à investir plusieurs milliards de dollars dans les pays africains bordant le Golfe de Guinée dont l’Angola, deuxième producteur de l’Afrique sub-saharienne derrière le Nigeria. L’ampleur de ces investissements avait suscité des ententes entre « majors » pour partager les frais, malgré la concurrence toujours en vigueur.
Ce qui risque de changer, selon certains experts, à la lumière du fossé qui s’est creusé à propos de la guerre entre les Etats-Unis et leur allié britannique d’une part, et la France d’autre part. Aujourd’hui, les experts se demandent si cet âge d’or n’est pas terminé, même si le pétrole africain reste une réserve stratégique – à l’abri des troubles du Moyen-Orient – pour les pays consommateurs en commençant par les Etats-Unis, qui ménagent leurs partenaires africains comme le Nigeria ou l’Angola. « Le pétrole irakien reviendrait à 2 dollars le baril, alors que dans l’off-shore très profond (en Afrique), le coût est de 8 à 12 dollars le baril malgré les avancées technologiques qui ont fait baisser le prix de l’exploitation dans ces zones », souligne un expert de l’énergie à la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced).

Les Etats-Unis, maîtres à la fois de l’offre et de la demande

Les Américains, dont les victoires militaires sur le régime irakien de Saddam Hussein ont fait baisser le prix du baril de 30 % en mars 2003, pour revenir à un cours avoisinant les 24 dollars, pourraient devenir les grands arbitres dans ce secteur. « Ils seront à la fois les maîtres de l’offre et de la demande et voudront maintenir le brut à un prix bas afin de relancer la croissance chez eux, surtout s’ils prennent en charge l’Irak », estime ce même expert pour qui l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) risque de ne pas faire le poids.
L’Organisation compte onze pays membres dont un seul d’Afrique sub-saharienne, le Nigeria, où des violences politiques ont diminué la production proche des deux millions de barils/jour (b/j). En mars, les pays de l’Opep, à l’exception de l’Irak, ont produit en moyenne près de 26,3 millions de b/j alors que leur plafond officiel est de 24,52 millions de b/j dont près de 9,5 millions pour l’Arabie Saoudite. Les Saoudiens, qui ont toujours joué un rôle régulateur au sein de l’Organisation, ont augmenté leur production, d’abord en décembre 2002, au moment des grèves dans le secteur pétrolier au Venezuela, puis face aux bruits de bottes concernant l’Irak.
L’intervention américano-britannique dans ce pays, avec le déploiement de moyens militaires massifs et sophistiqués couplés à la farouche détermination du président George Bush et de son entourage à combattre le terrorisme à n’importe quel prix au nom de la démocratie à l’américaine, ne devrait pas inciter les pays de l’Opep à un bras de fer avec Washington. D’autant que parmi ses membres, l’Iran a été nommé par les Américains comme faisant partie de « l’axe du mal » honni par les Etats-Unis et que la Libye est toujours soumise à des sanctions américaines, malgré ses gestes officiels d’ouverture et de modération. Enfin, l’Arabie Saoudite ne paraît plus être l’allié privilégié de Washington depuis les attentats du 11 septembre 2001, imputés à la mouvance d’Al Qaida et à son chef Oussama Ben Laden, lui-même saoudien.

Pourvu que le prix du baril ne chute pas au-dessous de 15 à 18 dollars

Pour les Africains – qui, comme les autres producteurs, préféreraient un baril à 22-24 dollars –, un prix de 15 à 18 dollars serait encore intéressant, à condition qu’il ne chute pas au-dessous de cette limite. Ces pays sont le plus souvent tributaires de leur pétrole qui, pour le Nigeria, l’Angola, le Congo Brazzaville ou la Guinée Equatoriale, reste la principale source de revenus même si elle ne profite pas forcément au développement de la population et à la lutte contre la pauvreté.
La 7è conférence sur le pétrole et le gaz africains, organisée en mai prochain à Luanda par la Cnuced, se penchera entre autres sur le défi du développement dans les pays les moins avancés (PMA), dont une grande partie sont justement des producteurs d’or noir comme le Tchad ou l’Angola. En 2001, la 3è conférence internationale sur les PMA organisée à Bruxelles par la Cnuced avait lancé une stratégie pour la décennie destinée à pallier le problème chronique de l’approvisionnement d’énergie à des prix raisonnables, particulièrement crucial pour le développement des pays les plus pauvres, notamment enclavés.
La coopération régionale en était l’un des piliers, ce que préconise également l’Association des producteurs de pétrole africains (APPA) qui s’est réunie au niveau des experts en mars dernier à Tripoli en Libye. L’APPA n’a jamais constitué un groupe très actif mais veut revitaliser ses actions au moment où l’Union africaine mise sur la commission africaine de l’énergie qu’elle a décidé de créer il y a deux ans. « Il faut s’organiser pour faire face aux requins des compagnies », admettent en privé des responsables africains qui entendent garder la haute main sur leurs richesses pétrolières, mais qui savent qu’ils manquent de fonds pour assurer des investissements très lourds.

Marie Joannidis

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