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01/05/2003
Audit : les cabinets africains s’organisent face aux anglo-saxons

(MFI) Les cabinets africains espèrent profiter de la crise de confiance qui frappe les grandes firmes anglo-saxonnes d’ingénierie, d’audit et de conseil pour gagner des marchés. Ils disposent des compétences nécessaires et proposent des tarifs compétitifs, mais sont pénalisés par leur éparpillement et l’absence de normes de qualité fiables.

KPMG, Pricewaterhouse Coopeers, Ernst & Young… Tous les grands noms de l’audit et du conseil ont implanté des bureaux en Afrique. Le marché n’y est pas négligeable : les multinationales présentes sur le continent, mais aussi les organismes de coopération, les organisations internationales et, de plus en plus, les gouvernements eux-mêmes les sollicitent régulièrement pour expertiser des projets. Entre 1998 et 2000, le gouvernement sud-africain a ainsi versé 2,6 milliards de rands à différentes sociétés de conseil. Depuis plusieurs années, les cabinets africains d’ingénierie, de juristes, fiscalistes et autres experts comptables réclament une plus grande part du marché. Ils demandent notamment des appels d’offres transparents, à la place des accords de gré à gré conclus bien souvent dans les capitales européennes et nord-américaines.
En réaction, les géants du secteur ont trouvé le moyen de maintenir leur leadership : ils s’associent ponctuellement à des cabinets locaux pour remporter les contrats. Ainsi, pour auditer la société burkinabé d’électricité (Sonabel) avant sa privatisation, KPMG s’est associé à Cafec-KA, basé à Ouagadougou. Montant de la prestation réalisée en commun : 123,7 millions de francs CFA. « La participation d’experts africains à ces dossiers représente déjà un progrès, mais il faut aller plus loin », considère-t-on à la Banque africaine de développement (BAD). L’établissement financier panafricain a entrepris de regrouper les consultants africains au sein de la Fédération des consultants africains (Féca), qui compte environ 500 membres. Objectif : créer un répertoire complet à la disposition des opérateurs économiques et amener les professionnels à adopter des normes de qualité fiables.

Rassembler les compétences valables

« Du côté des compétences, nous n’avons aucun complexe », explique un cadre du cabinet juridique sud-africain Werksman. En effet, de Dakar à Nairobi, la fin des recrutements dans la fonction publique a favorisé l’arrivée sur le marché de jeunes consultants de haut niveau, formés sur place ou dans les grandes écoles européennes. Ces dernières années, on a vu émerger des sociétés de conseil de taille respectable. A l’instar d’Unilag, créée par des experts de l’université de Lagos (Nigeria). Unilag emploie plus de 350 consultants dans des domaines aussi variés que le droit, l’informatique, l’ingénierie. La société s’est déjà imposée face à ses concurrents européens et américains, lors d’appels d’offres de la Banque mondiale et du Fonds pour le développement international.
Autre exemple : le cabinet sud-africain Whitehouse & Associates, spécialisé dans les questions de commerce international. Quelque 250 entreprises africaines et étrangères ont eu recours à ses services, sans parler des Nations unies et de la coopération japonaise. Parmi les autres étoiles montantes, on peut citer la firme kényane AFCAP (finances et formation), la sud-africaine Netto ou encore la Société africaine d’études, d’exploitation et de gestion (Sadeg), créée au Cameroun mais également implantée en Guinée Equatoriale et en Côte d’Ivoire. Parmi ses références figurent le Pnud, l’Unesco, la coopération suédoise, l’Onudi… Outre leur bonne connaissance du terrain, les professionnels africains font valoir un autre argument de poids : leurs tarifs, plus compétitifs. En Afrique du Sud, les cabinets de conseil juridique les moins onéreux facturent à partir de 50 dollars l’heure, contre 200 dollars pour les concurrents américains.

Le marché des PME-PMI locales

Reste que, pour faire jeu égal avec leurs concurrents étrangers (du moins sur le marché africain), les professionnels du continent doivent se regrouper. En effet, la plupart des grandes entreprises et des institutions internationales mènent des projets transfrontaliers et souhaitent confier les dossiers d’expertise à des firmes établies dans plusieurs pays. Ce qui est rarement le cas des consultants africains. Sur les 500 membres de la Féca, on compte environ 50 % de consultants individuels. Les premiers regroupements commencent, au plan national. Au Bénin, une Association des bureaux d’études et de consultants a été créée. Même démarche en Côte d’Ivoire, avec l’Association nationale des consultants ivoiriens, encouragée par les pouvoirs publics. Des associations d’ingénieurs conseils existent aussi en Tunisie, en Egypte, au Mali… Et au-delà, les premiers réseaux panafricains apparaissent. L’un des premiers s’intitule Lex Africa. Il regroupe des sociétés de conseil juridique d’une vingtaine de pays, de la Côte d’Ivoire au Swaziland, en passant par le Sénégal et la Mauritanie.
Avec l’affaire Enron (du nom d’une société américaine dont les comptes, truqués, ont été certifiés par Andersen, alors un des plus grands cabinets d’audit du monde) qui a prouvé que les majors de l’expertise ne sont pas fiables à 100 %, les Africains espèrent intéresser, plus que par le passé, les multinationales présentes sur le continent. « Ils ne devraient pas s’arrêter là, car l’essentiel de leur marché se trouve du côté des PME locales », recommande un expert de la Banque mondiale. Son conseil est déjà pris en compte par certains gouvernements. L’Algérie par exemple a mis en place un programme de formation au bénéfice des consultants nationaux, afin qu’ils puissent développer leur activité auprès des entreprises du cru. Un projet similaire est en préparation au Ghana, avec, justement, le concours de la Banque mondiale.

Yolande S. Kouamé

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