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08/05/2003
L’Afrique sous le charme de la pomme de terre

(MFI) La tubercule d’origine latino-américaine séduit de plus en plus producteurs et consommateurs. La pomme de terre pousse presque partout, se cuisine sous des formes variées et entre aisément dans les habitudes alimentaires. Histoire d’un boom.

Plus de 7,5 millions de tonnes de pommes de terre récoltées en 1992. Mais 11,7 millions de tonnes en 2002. Soit une progression de 52 % en dix ans ! Rares sont les denrées vivrières qui ont connu un tel boom en Afrique au cours de la dernière décennie. Timidement cultivée jusque-là dans quelques pays du continent, la tubercule d’origine latino-américaine a définitivement séduit producteurs et consommateurs. Enthousiaste, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pronostique : « Si cette tendance se confirme, en moins d’une génération, la production de pommes de terre sera concentrée en Asie, en Afrique et en Amérique latine. La pomme de terre devient pour les populations croissantes de ces régions une source de plus en plus importante de nourriture, et de revenus pour les ruraux. » Témoin l’Afrique australe, où sévit actuellement une sévère crise alimentaire. Les tubercules ont mieux résisté que les céréales. La consommation a donc fait un bond extraordinaire.
Certes, une poignée de producteurs dont l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc, l’Algérie et le Malawi totalisent plus des trois quarts de la récolte. Mais le nombre de pays pratiquant la culture de la pomme de terre ne cesse d’augmenter. Ils sont maintenant 34 à en cultiver, en quantité plus ou moins importante. L’Afrique ne fait que rattraper une tendance mondiale : la pomme de terre est en effet, en quantités récoltées, la deuxième culture vivrière au monde. Elle nécessite peu d’entretien et ses qualités nutritives sont également reconnues. Mieux : le produit peut s’assaisonner de mille manières, ce qui ravit la ménagère africaine qui peut l’accommoder en frites, purée, flocons ou chips, mais aussi l’intégrer dans les ragoûts, tartes…

Variétés adaptées et échanges d’informations

La percée de la pomme de terre est encouragée par les organismes de recherche qui se sont multipliés sur le continent. A l’instar du Programme régional d’amélioration de la culture de la pomme de terre en Afrique centrale et de l’Est (Prapace). Une dizaine de pays, du Kenya à Madagascar en passant par l’Ouganda, en sont membres. Objectif : améliorer les pratiques culturales et les techniques de conservation. Le Centre international de la pomme de terre (CIP), financé par les organismes onusiens, met aussi son grain de sel. Sans parler des organismes nationaux créés dans presque tous les pays producteurs afin d’encourager les paysans hésitants à s’adonner à cette culture relativement nouvelle.
C’est le cas en Côte d’Ivoire, avec l’Association ivoirienne des sciences agronomiques (AISA). Cet organisme vient de publier une étude qui confirme que la Côte d’Ivoire, jusqu’ici en marge de la tendance, pourrait parfaitement produire de la pomme de terre au lieu d’en importer à hauteur de 4 milliards de francs CFA (6,1 millions d’euros) par an. L’AISA a même mis au point une semence particulièrement adaptée au climat local. Ne reste plus qu’à convaincre les producteurs. Une étape que la Guinée a su franchir avec succès il y a quelques années. Timidement introduite, la pomme de terre fait aujourd’hui des paysans heureux sur le plateau du Fouta Djallon. Ces derniers ont tout simplement compris qu’ils pouvaient alterner cette culture avec celles des denrées habituelles : riz, maïs, sorgho et arachide. Le rendement a quadruplé en moins de dix ans, et le pays exporte même une partie de sa production vers le Sénégal. Mais pour réussir cette « révolution de la patate», Conakry a bloqué les importations pendant six ans : les prix restent fermes, et le circuit de commercialisation ne fait pas place aux spéculateurs.

Le commerce transfrontalier embryonnaire

Certains pays, où la pomme de terre a été introduite depuis longtemps, avaient tendance à négliger cette ressource. Le regain général a réveillé leurs ambitions. Exemple : Madagascar, où la tubercule fut introduite au XIXe siècle par les missionnaires français. Au fanitany d’Antananarivo, qui représentait la zone de production exclusive, s’ajoutent désormais les hautes terres de Manjakandriana, d’Ambrositra, d’Ambalavao… La Fimafor, l’organisme national chargé d’améliorer les rendements, a pu développer dix nouvelles variétés productives, résistantes aux maladies les plus courantes.
Reste que le commerce transfrontalier de la pomme de terre est embryonnaire. Il est vrai qu’au niveau mondial, à peine 3 % des récoltes s’échangent. En Afrique, les flux sont encore plus faibles, d’autant plus que les unités de transformation se comptent sur les doigts d’une main (Afrique du Sud et Zimbabwe principalement). Quant aux exportations de patates brutes, rares sont les pays qui, comme le Maroc, peuvent se flatter d’avoir une politique d’exportation internationale. Le Maroc exporte en effet vers la France les variétés de forme allongée et vers les marchés allemand et britannique les pommes de terre rondes. Un exploit qu’envient les producteurs de tout le continent.

Yolande S. Kouamé

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