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22/05/2003
La laine made in Africa mise sur des niches

(MFI) Elle n’a pas les moyens de concurrencer l’alpaga et le mohair asiatiques, mais la laine africaine a des atouts à faire valoir. Le continent peut proposer des fibres à bas prix, exporter des produits finis à tarifs compétitifs, vendre des tapis et revêtements artistiques. Toute une filière qui ne demande qu’à se développer.

De la laine made in Africa ? Ca existe, et cela s’exporte. Essentiellement sous forme de fibres brutes. Parmi les exportateurs, l’Afrique du Sud, mais aussi le Ghana, le Kenya, le Lesotho, la Libye, le Zimbabwe, l’Egypte, la Tunisie, le Maroc. L’Afrique du Sud caracole en tête : pour la deuxième saison consécutive, les 30 000 fermiers qui élèvent des moutons pour leurs poils se frottent les mains. En cumul, leurs ventes ont, pour la première fois, dépassé le cap du milliard de rands (131,7 millions de dollars). Soit 50 % de plus qu’il y a dix ans ! Petit bémol : le tableau 2003 s’annonce nettement moins euphorique, pour cause de mauvaise conjoncture. Car la laine, produit de luxe à forte valeur ajoutée, dépend fortement des cycles économiques et… climatiques. En effet, plus il fait froid, plus la demande de laine est forte. Or 2003 a été marqué à la fois par un ralentissement économique généralisé et par un hiver plutôt doux. Les cours ont déjà chuté de 15 % par rapport à 2002.
Mais pas de panique : le pays reste l’un des principaux fournisseurs de l’Union européenne (23 % des exportations sud-africaines sont destinées à la France, 25 % à l’Italie). Pas mal, pour un pays qui ne s’est initié que récemment aux techniques lainières. En effet, la base de l’industrie lainière n’y a été posée qu’en 1789. Selon la légende, le roi de Hollande envoya deux béliers et quatre brebis au Cap de Bonne-Espérance pour voir s’ils s’y reproduiraient dans de bonnes conditions. Les résultats dépassèrent toutes les espérances. Bientôt, des cheptels furent importés d’Australie. En 1930, le pays comptait déjà 44 millions de têtes de bétail. Aujourd’hui, la filière lainière, la première du continent, fait vivre plusieurs centaines de milliers de personnes. Le pays se classe au quatrième rang mondial pour les exportations de laine. Mieux, il produit de plus en plus de mohair, le nec plus ultra des variétés de tissus à base de pelage d’ovins. L’Afrique du Sud a même « exporté » la culture de la laine et celle du mohair vers des pays voisins comme le Zimbabwe et le Lesotho. Ce dernier pays tire désormais 7 % de ses recettes d’exportation du secteur.

Des produits artisanaux en complément des exportations de fibres

Mais l’Afrique australe n’est pas le seul pôle d’attraction de la filière lainière africaine. Madagascar (2 millions de pièces en laine par an) et l’Ile Maurice (4,5 millions de pièces) abritent des industries textiles qui utilisent de la laine brute importée des pays voisins, voire d’Asie et d’Australie. La transformation des fibres en produits finis exportés vers l’Europe et les Etats-Unis assure à ces deux pays de confortables ressources financières et génèrent des emplois.
Plusieurs pays d’Afrique occidentale (Tchad, Mali, Niger…) produisent artisanalement des tissus de laine. Ainsi, dans tout le delta du Niger, les tisserands peuls (les Maabibe) fabriquent des draps, des tapisseries et des tentures à usage local. Longtemps méprisés, ces produits sont aujourd’hui valorisés par les offices nationaux de tourisme et trouvent leur place dans les circuits internationaux avides d’authenticité. Un mouvement qui profite aussi au Maroc et à la Tunisie. Ces deux pays, en sus de leurs exportations de laine brute, comptent de plus en plus sur les productions artisanales et artistiques. En Tunisie notamment, on assiste au renouveau de la tapisserie. En vedette : les klims, œuvres des tisserands nomades du Nord, les margoums et les tapis berbères, qui ont chacun leur originalité. Mais tous sont promus par les pouvoirs publics.
La tapisserie en laine a pris un tel essor ces dernières années que le gouvernement de Tunisie veut en faire un moyen d’insertion sociale. Plusieurs associations se sont ainsi formées pour donner du travail aux jeunes filles désœuvrées. A l’image de l’association « Essalem » qui bénéficie de financements étrangers. Même stratégie au Maroc où la tapisserie traditionnelle faite à Rabat, Tanger et Fès bénéficie d’une intense promotion. Les pays du Maghreb n’ont pas exploré toutes les possibilités de la filière lainière : ils sous-estiment encore les possibilités de la laine de chameau, tombée en désuétude, mais toujours très prisée en Asie. Un filon complémentaire qui ne demande qu’à être exploité.

Yolande S. Kouamé

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