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30/05/2003
Afrique centrale : la réinsertion des anciens combattants, enjeu majeur

(MFI) La réinsertion des anciens combattants est un enjeu majeur pour le retour de la paix en Afrique centrale. La communauté internationale en a reconnu l’importance, faisant du « désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion » (DDR) un des principaux volets de l’aide post-conflit, au même titre que l’aide au développement ou la reconstruction des infrastructures.

C’est en collaboration avec les Nations unies, les pays donateurs et les sept Etats directement concernés – Angola, Burundi, Congo Brazzaville, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo (RDC) et Rwanda – que la Banque mondiale a élaboré, dès l’année 2001, une stratégie régionale appelée programme multinational de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants (MDRP), déjà en vigueur au Rwanda et en Angola. Réunis fin avril 2003 à Paris, les participants ont notamment approuvé une aide de 50 millions de dollars à Luanda pour aider à la démobilisation de quelque 138 000 ex-soldats de l’Unita, l’ancienne opposition armée angolaise de Jonas Savimbi. Leur réinsertion reste difficile en raison du manque de moyens financiers et d’infrastructures. Les participants au MDRP ont aussi estimé que le moment était venu de développer des programmes similaires en RDC, au Burundi, au Congo Brazzaville et en RCA.
Le Congo Brazzaville, qui a signé le 17 mars dernier un accord de paix avec les rebelles Ninjas du pasteur Ntoumi, prépare son propre programme de DDR qui bénéficie d’ores et déjà d’un engagement financier de près de 800 000 dollars de la part de l’Union européenne, qui sera versé à travers le Pnud afin de créer des activités permettant le retour dans leurs villages des ex-combattants qui se battaient dans les forêts de la région du Pool, près de la capitale Brazzaville. En même temps, les autorités congolaises veulent procéder au recensement des populations dans plusieurs régions qui ont connu des turbulences ou des déplacements de civils. En RDC comme au Burundi, le DDR reste tributaire du respect des accords de paix et de la mise en place des autorités de la transition.

« Le désarmement des milices est essentiel pour lutter contre le trafic d’armes légères »

La Banque mondiale, qui administre un fond pour le DDR à travers le monde, a déjà travaillé dans ce sens dans plusieurs pays, en particulier en Bosnie Herzégovine, au Cambodge, au Kosovo, au Nicaragua et ailleurs en Afrique, notamment au Sierra Leone, à Djibouti, en Guinée Bissau et au Tchad. « Les ex-combattants sont un groupe très vulnérable quand un pays sort d’un conflit », souligne un expert international, qui met en garde contre le danger de les voir se transformer en soldats perdus, prêts à faire le coup de feu pour survivre si on les abandonne à leur sort.
« Le désarmement des milices au Congo et ailleurs en Afrique centrale est essentiel dans la lutte contre le trafic des armes légères », ont estimé les organisateurs d’un séminaire des Nations unies tenu à la mi-mai à Brazzaville. Leur but est d’appliquer le programme d’action de l’Onu pour prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères adopté en 2001. L’organisation estime à plus de 600 millions ce genre d’armes en circulation à travers le monde. Elle affirme que sur 49 conflits majeurs dénombrés dans les années quatre-vingt-dix, 47 ont été menés avec des armes légères. Celles-ci sont responsables de plus d’un demi-million de morts par an, dont 300 000 dans le cadre de conflits armés et 200 000 à la suite d’homicides ou de suicides.

Les tensions ethniques ne sont pas les principales causes de guerre

Pour des experts de l’Onu, la prolifération des armes légères « déstabilise de nombreuses régions, suscite et prolonge des conflits, empêche l’aide humanitaire d’arriver, sabote les initiatives de paix et crée une culture de la violence ». Ils déplorent le fait qu’il n’existe pas de traités internationaux pour interdire ce type d’armes comme cela existe pour les armes nucléaires, chimiques et biologiques, malgré les avancées dans la coopération internationale depuis l’adoption du programme d’action de 2001.
La Banque mondiale, qui a fait de l’aide post-conflit un de ses chevaux de bataille, a aussi appelé à une action internationale pour prévenir les guerres civiles. Une nouvelle étude, publiée également à la mi-mai, a mis l’accent sur les liens entre les conflits et l’échec du développement ainsi que les problèmes liées aux épidémies, à la drogue et au terrorisme. Les auteurs de Breaking the conflict trap – Civil war and development policy affirment notamment que, contrairement aux idées répandues, les tensions ethniques et les anciennes dissensions politiques sont loin d’être les principales causes des guerres civiles, qu’ils imputent plutôt à la pauvreté persistante et à une forte dépendance des exportations des ressources naturelles. Ils proposent une augmentation de l’aide, une plus grande transparence dans la gestion des revenus provenant des ressources naturelles et une meilleure organisation de l’aide et du maintien de la paix.

Marie Joannidis

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