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05/06/2003
G8 : bilan mitigé pour l’Afrique

(MFI) Les pays du G8, réunis début juin à Evian en France, ont renouvelé leurs engagements en faveur de l’Afrique et du Nepad. Mais à part l’effet d’annonce par George W. Bush d’une aide substantielle pour la lutte contre le Sida et la volonté affirmée d’aider à mieux structurer le dispositif africain de maintien de la paix, peu de mesures concrètes ont vu le jour.

Les Etats-Unis ont annoncé une aide de 15 milliards de dollars sur cinq ans pour la prévention et le traitement du Sida, dont presque 10 milliards de fonds nouveaux, douze des quatorze pays bénéficiaires étant en Afrique. Le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme devrait en recevoir un milliard par an, à condition que les autres partenaires en fournissent 2/3 de plus. L’Union européenne, représentée au sommet par son président du moment, le Premier ministre grec Constantin Simitis, et le président de la Commission européenne Romano Prodi, s’est engagée à verser un milliard par an. Elle souligne que peu de pays africains recevront la nouvelle manne américaine et que peu de fonds seront consacrés à la prévention.
L’Afrique a certes été à l’honneur puisque les cinq parrains du Nepad – Afrique du Sud, Algérie, Egypte, Nigeria et Sénégal – étaient parmi les douze pays en développement ou émergents invités par la France, aux côtés notamment de la Chine, l’Inde, le Brésil ou le Mexique ainsi que du secrétaire général de l’Onu Kofi Annan qui a plaidé pour les plus pauvres et des chefs de la Banque Mondiale, du Fonds monétaire International et de l’Organisation mondiale du commerce. Un dîner de travail a été consacré au dialogue entre le G8 et le Nepad, au premier jour du sommet.
Le président Bush, qui a écourté son séjour à Evian en raison de rendez-vous au Proche-Orient, y a participé et pourra ainsi rassurer le lobby noir américain dont la voix sera importante pour sa réélection en 2004.

« Trop peu, trop tard »

Les quatre chefs d’Etat africains présents au dîner sur le Nepad – le président égyptien ayant quitté Evian pour préparer l’arrivée de George W. Bush à Charm el Cheikh – se sont félicités avant leur départ de tout ce qui a été fait depuis le sommet de Kananaskis, en partenariat avec les représentants spéciaux des pays du G8 dont le français Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI, qui a tiré un bilan positif de la mise en œuvre du plan d’action du G8 pour l’Afrique adopté l’année dernière.
Ils ont du toutefois convenir qu’ils devaient poursuivre leurs propres efforts afin de pouvoir attirer aide et investissements publics et privés étrangers, en commençant par la bonne gouvernance.
« Nous sommes réalistes et nous défendons les intérêts de l’Afrique avec les moyens dont nous disposons », a souligné le président sénégalais Abdoulaye Wade alors que son homologue nigérian Olusegun Obasanjo reconnaissait que l’Afrique avait reçu « trop peu, trop tard » dans le cadre de l’initiative PPTE pour les pays pauvres très endettés, dont la majorité sont africains.
Le président français Jacques Chirac, exprimant tout haut une des principales revendications des Africains, a regretté à la fin du sommet que les Etats-Unis aient empêché un accord au sein du G8 pour un moratoire sur les subventions agricoles d’exportation des pays riches qui déstabilisent les économies africaines. « Nous n’avons pas progressé autant que je l’aurais souhaité », a-t-il dit, précisant qu’il n’y avait pas eu unanimité, « nos amis américains n’ayant pas donné leur accord ».
M. Chirac avait proposé en février dernier au sommet France-Afrique un moratoire sur ces subventions qui, non seulement détériorent les termes de l’échange mais favorisent aussi les exportations agricoles vers l’Afrique au détriment des productions locales.
Le président français a cependant fait état de « petits progrès » sur le système des préférences et sur la stabilité des recettes à l’exportation des matières premières, précisant que les dirigeants du G8 étaient « d’accord pour rechercher ensemble et vite une solution ».
La déclaration finale du G8 publiée par la présidence française consacre malgré tout une bonne place à l’Afrique :

Nepad
Les Huit ont notamment décidé d’élargir le dialogue avec les Chefs d’État africains sur le Nepad et sur le plan d’action du G8 pour l’Afrique. « Nous invitons les pays intéressés et les institutions internationales compétentes à désigner de hauts représentants pour s’associer à ce partenariat. Nous ferons le bilan des progrès réalisés dans notre plan d’action sur la base d’un rapport, au plus tard en 2005 ».

Famine
« Pour réduire les risques de famine qui pèsent sur des millions de personnes, en particulier en Afrique (plus de 40 millions), nous nous sommes engagés à répondre aux besoins urgents en matière d’aide alimentaire et nous nous sommes entendus sur les mesures à prendre pour améliorer les mécanismes de prévention de la famine et la sécurité alimentaire à long terme », affirme la déclaration.
Le texte ne fait toutefois pas mention de la proposition du nouveau président brésilien Luis Inacio Lula da Silva de création d’un fonds pour combattre la famine, soit en taxant les ventes d’armes, soit en réinvestissant un pourcentage des remboursements de la dette des pays pauvres.

« Dans le prolongement du Forum Mondial sur l’eau de Kyoto, nous avons adopté un plan d’action qui favorisera la réalisation des objectifs du Millénaire et de Johannesburg, consistant à réduire de moitié d’ici à 2015 le nombre de personnes privées d’accès à l’eau potable et à des systèmes d’assainissement », a déclaré le G8.

Financement du développement
Les Huit ont réaffirmé leur engagement à répondre au défi de la pauvreté dans le monde et leur soutien aux objectifs de développement pour le Millénaire et au consensus de Monterrey sur le financement du développement, soulignant que « la réalisation de ces objectifs ambitieux nécessite des efforts considérables de la part des pays développés comme des pays en développement, notamment des ressources financières accrues ».
Les ministres des finances du G8 ont été appelés à faire un rapport en septembre sur les problèmes posés par les instruments de financement, notamment la proposition du Premier ministre britannique Tony Blair concernant la création d’une facilité de financement internationale permettant de doubler l’aide aux pays pauvres.
La France avait tenu à élargir la participation du sommet pour bien montrer qu’elle avait une vision multipolaire du monde. Le président Chirac a indiqué que cette formule avait intéressé la Grande-Bretagne qui accueillera le G8 en 2004. Mais il semble qu’il n’en va pas de même pour George W. Bush, hôte du prochain sommet qui, selon des sources informées, voudrait une réunion restreinte et courte.

Marie Joannidis


G8 : déception des « alter-mondialistes »

(MFI) Les opposants à la mondialisation telle qu’elle est conçue par les grands pays industrialisés, se présentant désormais comme des « alter-mondialistes », ont exprimé leur déception après le sommet du G8 à Evian. Dans un communiqué intitulé « », les principaux organisateurs du sommet « pour un autre monde » ont affirmé que ce genre de réunion ne sert à rien quand on en voit les résultats.
Ils critiquent ainsi les principaux points de la déclaration finale du G8, même si le pays hôte, la France, s’est voulue à leur écoute et a bien fait la différence entre les dizaines de milliers de manifestants en colère mais pacifiques et les « casseurs » infiltrés dans leurs rangs qui ont surtout provoqué des dégâts en Suisse voisine.
Voici les principaux points de discorde entre les Huit et les « alter-mondialistes », selon leur communiqué, signé notamment par les ONG Agir ici, Amis de la Terre, Attac (Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens), CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde), CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement), CRID (Centre de recherche et d’information pour le développement), 4D (Dossiers et débats pour le développement durable) et Greenpeace : « Les dirigeants du G8 reconnaissent la profonde crise que traverse le système actuel : disparités croissantes entre riches et pauvres, dégradation des conditions sociales, environnement à l’agonie, multiplication des conflits armés. Les chefs d’Etat et de gouvernement réaffirment pourtant leur rhétorique néo-libérale et leur ‘confiance dans la croissance’, réitérant la nécessité d’accélérer encore la libéralisation du commerce mondial. Ce faisant, ils refusent de reconnaître que les politiques qu’ils préconisent sont en fait les causes mêmes de ce désordre mondial ».
« Le dialogue élargi, présenté comme une ouverture généreuse du G8 aux pays du Sud, n’est qu’une supercherie où les pays les plus riches se réservent le droit de choisir leurs invités ».
« Cette configuration, loin de répondre à la crise de légitimité du G8, ne fait que rendre plus complexe la nécessaire redéfinition de l’architecture d’une gouvernance mondiale réellement démocratique. Cette reconstruction est pourtant essentielle au moment où l’idée même d’un droit international fondant les droits fondamentaux et la protection de l’environnement global, est fortement attaquée par les pratiques unilatéralistes de l’administration Bush
», soulignent-ils. Les associations ont aussi dénoncé l’incapacité des pays du G8 à prendre leurs responsabilités sur un certain nombre de sujets essentiels comme le SIDA, la dette, le commerce ou la corruption.
« Sida : le compte n’y est pas ! Les annonces prétendument “généreuses” se fragilisent mutuellement, les conditions posées par les Etats-Unis à l’octroi de leur aide étant particulièrement inquiétantes. Par ailleurs, aucune garantie n’a été apportée à la question de l’accès aux médicaments génériques dans les pays du Sud et le G8 s’est contenté de renvoyer la question à la conférence de l’OMC à Cancun ».
De son côté l’organisation humanitaire Médecins sans frontières a vivement dénoncé le plan d’action du G8 sur la santé, estimant qu’il ne faisait que répondre « aux intérêts politiques et commerciaux » des pays riches.
« Dette : rien de rien. Quatre ans après les engagements du G8 de Cologne, les allégements de dette restent dérisoires au regard des besoins de financement pour le développement. Les pays du G8 doivent s’engager à annuler immédiatement la dette des pays pauvres, à ouvrir les allègements de dette aux pays à revenu intermédiaire et à mettre en place un tribunal international de la dette sous l’égide des Nations Unies, à même de juger des situations d’insolvabilité et des dettes odieuses ».
« Commerce : la fuite en avant ! La poursuite de la libéralisation du commerce mondial continue d’être présentée comme la voie optimale pour la croissance mondiale pour tous les pays et en particulier pour les pays en voie de développement. On croit rêver ! Les pays du G8 se préparent donc à renforcer la libéralisation engagée sur les services, y compris les services fondamentaux, et à ouvrir les négociations sur de nouveaux sujets à Cancun ».
« Corruption : balayez devant votre porte ! Alors que le G8 a accordé une place importante dans ses travaux à la lutte contre la corruption, l’accent est surtout mis sur les responsabilités des pays du Sud, tandis qu’aucune mention n’est faite des paradis fiscaux
».
Les contestataires estiment aussi qu’il y a eu de timides avancées concernant la responsabilité des entreprises. « Les pays du G8, qui hébergent 415 des 500 plus grandes multinationales du monde, s’engagent timidement en appelant à la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, à titre volontaire et en faisant référence à des textes dont la faiblesse a déjà été soulignée (principes directeurs de l’OCDE et Global compact) ». Ils estiment que les conclusions du sommet d’Evian confortent leur exigence de dissolution du G8 et leur appel à la mise en place d’une « architecture internationale recentrée sur le droit et un système des Nations Unies rénové et renforcé au service de la paix, de l’équité et de la protection de l’environnement ».

M. J.




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