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12/06/2003
Corruption : un combat mondial

(MFI) Les sept pays les plus industrialisés du monde et la Russie, réunis début juin à Evian en France dans le cadre du G8, ont tenu à donner une impulsion nouvelle à la lutte contre la corruption au moment où les représentants officiels et civils de plus de 150 Etats ont tenté de faire à Séoul, en Corée du Sud, le bilan des efforts accomplis et de ce qui reste à faire dans ce domaine.

Les membres du G8 ont réaffirmé leur détermination « à lutter contre la corruption, l’un des principaux obstacles au développement économique et social, et contre la mauvaise gestion des recettes et des dépenses publiques ». Ils ont souligné que « seul un effort concerté de la part des gouvernements, des institutions internationales, du secteur privé et de la société civile permettront de mener à bien cette tâche ».
Dans une déclaration destinée à combattre la corruption et améliorer la transparence, le G8 a notamment pris en compte les revendications des ONG, dont la britannique Global Witness, demandant aux compagnies pétrolières opérant en Afrique ou ailleurs : « publiez ce que vous payez » en bonus ou en commissions occultes.
« Compte tenu de ces principes et conscients de l’importance des revenus provenant des industries extractives (pétrole, gaz, charbon et minerais), nous avons décidé de conduire, à titre expérimental et sur une base volontaire, une approche renforcée en matière de transparence », a affirmé le G8.

Le scandale des commissions occultes

Il veut ainsi inciter gouvernements et entreprises, tant publiques que privées, à s’engager à communiquer au FMI ou à « un autre tiers indépendant agréé, comme la Banque mondiale ou l’une des banques multilatérales de développement » les recettes et les dépenses provenant de ce secteur, tout en préservant « la confidentialité » et le « caractère inviolable des contrats ». Les Huit se déclarent prêts dans ce cadre à aider les gouvernements qui le souhaitent à renforcer leurs capacités pour mettre en œuvre cette initiative.
Le scandale des commissions occultes en Afrique versées par la compagnie pétrolière française Elf qui a depuis fusionné avec le groupe TotalFina, l’opacité des revenus pétroliers dans plusieurs pays du Golfe de Guinée dont l’Angola, le pillage des ressources de la RDC, le commerce illicite des diamants au Liberia, en Sierra Leone et en Angola qui a servi à financer les guerres civiles, et la contrebande du bois précieux sont autant de facteurs qui fragilisent les économies africaines. Elles maintiennent l’insécurité et la pauvreté, sans parler des trafics de drogue ou d’armes légères qui favorisent la corruption et en profitent.
Mais le reste de la planète n’échappe pas à ce fléau, que ce soit dans les pays industrialisés où les actions judiciaires se multiplient, ou bien en Europe de l’Est en commençant par la Russie, en Amérique latine ou en Asie où les experts estiment qu’elle peut coûter jusqu’à un sixième du PIB d’un pays de la région.
C’est pourquoi le G8 s’engage « à contribuer de manière active à l’aboutissement d’une convention des Nations Unies contre la corruption », dont l’élaboration traîne depuis deux ans.

Réformer les entreprises

Ce souci a été partagé par les participants à la conférence ministérielle et au forum global tenus à Séoul du 25 au 31 mai. Sur le thème « Cultures différentes, valeurs communes », plus de 2 000 personnalités gouvernementales ou civiles ont fait le point aussi bien dans le cadre de la 11e conférence internationale anti-corruption que du forum. Les deux réunions se sont tenues pour la première fois dans la même ville et au même moment. Un des organisateurs de ces rencontres, Transparency International (TI), qui publie chaque année un indice de la corruption par pays, met l’accent sur la nécessité d’une réforme de la gouvernance des entreprises après le scandale Enron aux Etats-Unis et sur l’accès à l’information.
Dans son Rapport mondial sur la corruption 2003, TI affirme que « les corrompus de ce monde ne savent plus où se cacher pour échapper aux dénonciateurs courageux et aux journalistes ». Ces derniers, selon l’ONG, ont payé de leur vie en 2002 des enquêtes sur la corruption au Bangladesh, en Colombie, aux Philippines et en Russie.
Les sections africaines de TI mènent de leur côté une campagne pour le rapatriement des biens pillés par d’anciens dictateurs et placés sur des comptes bancaires à Londres, Zurich, New York ou au Liechtenstein comme c’est le cas pour l’ancien dictateur nigérian Sani Abacha, mort en laissant beaucoup d’argent à sa famille en exil à l’étranger.

Assassiné par des inconnus

L’actuel président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, qui vient d’être réélu et qui était parmi les invités africains du G8, avait estimé l’année dernière que l’Afrique avait perdu 140 milliards de dollars à cause de la corruption depuis les indépendances, estimant que c’était un des facteurs favorisant la pauvreté des populations.
A Séoul, la directrice de l’Agence nigériane de contrôle des aliments et des médicaments Dora Akunyill, ainsi qu’un ancien vérificateur général des Iles Samoa et un militant de L’Inde rurale ont reçu le prix de l’intégrité 2003 de Transparency International.
Un hommage posthume a été rendu à Abdelhaï Beliardouh, journaliste d’investigation algérien qui enquêtait sur le commerce transfrontalier entre l’Algérie et la Tunisie. Après avoir été enlevé et torturé par un groupe armé, il s’est suicidé en novembre 2002. Un autre Africain a aussi été tristement à l’honneur : le banquier mozambicain Antonio Siba Siba Macuacua, assassiné par des inconnus au siège de sa banque, Austral Bank, la plus grande banque commerciale du pays, qui enquêtait sur des contrats douteux et des malversations.
La Banque mondiale, qui a identifié la corruption comme le principal obstacle au développement économique et social, et l’OCDE, qui fait campagne contre le blanchiment de l’argent sale, mènent la lutte depuis une dizaine d’années. Mais les ONG souhaitent que la future convention de l’Onu contienne des instruments d’application efficaces pour pouvoir punir aussi bien les corrupteurs que les corrompus. Elles réclament notamment la mise en oeuvre d’un réseau global destiné à récolter les données et à concrétiser les mesures décidées.

Marie Joannidis

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