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26/06/2003
Le tourisme équitable, une valeur qui monte

(MFI) Amener les voyageurs à s’intéresser de près à la vie quotidienne des populations qu’ils visitent, ou mieux, à participer à de petits projets de développement : c’est l’objet des circuits de tourisme solidaire. L’Afrique et l’Amérique latine sont les principaux bénéficiaires de cette nouvelle tendance.

Omar Basse, directeur de l’école primaire de Ndiagane (Sénégal), est aux anges. Son établissement bénéficie d’un financement de l’association française Les Amis de Mamadou, un tour-opérateur qui exploite un campement touristique à proximité. L’association prélève une partie de ses recettes au profit d’actions de développement. A Ndiagane, deux classes supplémentaires seront construites, la bibliothèque sera refaite et des commodités seront réalisées à proximité des bâtiments. Un budget que le ministère de l’Education nationale, mille fois sollicité, n’a pu fournir. Le tour-opérateur est aussi impliqué dans le soutien scolaire à des lycéens et la construction de jardins d’enfants.
Après le tourisme durable, dont le principe consiste à sensibiliser les voyageurs au respect de la nature, des sites et des civilisations locales, le tourisme solidaire veut faire contribuer les visiteurs à des projets de développement. Pour l’instant, le phénomène ne concerne qu’une infime minorité des 28,2 millions de touristes qui séjournent chaque année sur le continent africain. Mais il progresse rapidement. Plusieurs ONG défendent ce principe, à l’instar de Tourism concern en Grande Bretagne. « Il faut appliquer au tourisme ce qui se fait déjà pour le commerce équitable des biens alimentaires. Les consommateurs sont prêts à payer un peu plus, à condition que le supplément profite directement aux populations locales », dit un de ses responsables. Ce discours trouve un écho favorable chez les premiers concernés : « Au lieu de vivre à l’hôtel, on entre vraiment dans la vie quotidienne et la culture des populations. Il se produit un échange réel. On garde un excellent souvenir de notre séjour, on est fier d’avoir participé à la construction de plusieurs puits dans des villages que nous avons traversés, et en plus nous avons des nouvelles des populations par l’intermédiaire du tour-opérateur », se félicite ce couple de jeunes enseignants français qui juge le tourisme équitable plus ludique que le simple chèque à une association caritative.

Croq’Nature reverse 6 % de son chiffre d’affaires à des œuvres locales

Les voyagistes qui revendiquent ce tourisme « militant » sont de plus en plus nombreux. Exemple : La route des sens, qui organise un circuit au Maroc, et dont 15 % à 20 % du chiffre d’affaires sont investis dans des actions de développement. C’est ainsi que les habitants des villages marocains de Taliouine, Inssay ou M’hamid vont bénéficier de dispensaires et de micro-banques. Croq’Nature, qui organise des randonnées à travers le Mali, le Niger et l’Algérie, travaille selon le même principe. Les touristes pris en charge savent qu’ils n’auront pas droit au confort douillet des hôtels et dormiront à la belle étoile, voyageront à dos de chameau, guidés par des Touaregs. Mais ils sont nombreux à s’inscrire, attirés par la perspectives d’échanges authentiques avec les populations. Et comme 6 % du chiffre d’affaires est reversé à des œuvres locales (puits, écoles, centres de santé, de formation…), ils ont, en prime, bonne conscience.

Quand les villageois deviennent eux-mêmes tour-opérateurs

Les tour-opérateurs n’ont pas les structures nécessaires pour intervenir directement dans les projets. La plupart d’entre eux passent donc par l’intermédiaire d’ONG européennes ou locales. C’est ce que fait Arvel, un organisateur de voyages qui finance des dispensaires au Maroc et en Mauritanie, des écoles au Bénin et au Sénégal. D’autres voyagistes solidaires veulent inverser la tendance, et confier la gestion des voyages aux villageois qui accueillent les touristes. Ce n’est pas une utopie, comme le prouve l’expérience de Tourisme et Développement solidaires (TDS), ONG basée à Boisseron, dans le sud de la France.
TDS organise des séjours dans trois villages du Burkina Faso. « Ces villages ont été sélectionnés pour la qualité de leur projet de développement, la richesse de leur culture et la qualité de leur environnement », expliquent les promoteurs. La « concession villageoise » où sont logés les voyageurs appartient à un Conseil de Développement local. C’est ce conseil qui gère entièrement l’activité sur place : tarifs, programme des visites, recrutement des guides et du personnel d’accueil, etc. Ce sont également les villageois qui décident de l’affectation des bénéfices tirés de l’activité. Sur chaque séjour vendu, TDS ne prélève qu’une commission de 5 % à 12 % destinée à financer ses frais de fonctionnement. Son rôle se limite donc à sélectionner les villages candidats à l’accueil, à leur apporter un appui technique (formation du personnel et des conseillers, suivi du projet, etc.) et à assurer la promotion des séjours en France. Et ça marche. Durant la saison 2001-2002, deux des trois villages concernés (Doudou et Koïrézéna) ont organisé neuf séjours touristiques, réalisant un chiffre d’affaires de 12,2 millions de FCFA (18 600 €) pour un bénéfice net de 2,6 millions FCFA (3 970 €).
L’Afrique est, avec l’Amérique latine, le principal bénéficiaire du tourisme solidaire. Les pouvoirs publics locaux, qui en ont compris tout l’intérêt, inondent les tour-opérateurs et les ONG occidentales de sollicitations. Or le mécanisme a ses limites. D’abord on ne peut pas organiser des voyages de masse selon ce principe. La plupart des séjours prévoient un accueil chez l’habitant et les capacités des villages ne sont pas extensibles à l’infini. Ensuite, ce partenariat suppose une formation des populations locales et surtout la stabilité politique des pays concernés. Ces conditions sont difficilement réunies.

Yolande S. Kouamé

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