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10/07/2003
Afrique du Sud-Angola : la rivalité politique n’empêche pas le commerce

(MFI) La normalisation des relations entre l’Afrique du Sud, officiellement débarrassée de l’apartheid en 1994, et l’Angola est marquée à la fois par une concurrence politique et une rapide expansion des relations commerciales bilatérales.

Les dirigeants angolais ont longtemps reproché à Pretoria, dont l’armée était intervenue dans leur pays en 1975, de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour faire cesser toute aide à l’opposition armée angolaise de l’Unita jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix, en violation des sanctions des Nations unies. Et ce même après l’arrivée au pouvoir de l’ANC, qu’ils avaient aidé et soutenu pendant sa lutte contre le régime d’apartheid.
La mort en février 2002 de Jonas Savimbi, chef historique de l’Unita, et le cessez-le-feu conclu en avril suivant qui a mis fin à une guerre civile de vingt-sept ans, ont allégé le climat mais aussi renforcé les ambitions en Afrique australe des deux pays et de leurs présidents, Thabo Mbeki et José Eduardo dos Santos. L’Afrique du Sud se veut toujours le géant économique et militaire de la région, voire du continent, alors que l’Angola, où tout est à reconstruire, mise sur l’attrait de son pétrole et sa puissance militaire pour assumer un rôle régional plus important.

L’heure de la suprématie militaire sud-africaine est révolue

Sur le papier, Pretoria et Luanda ont chacun une armée d’environ 90 000 à 100 000 hommes. Mais l’heure de la suprématie sud-africaine est révolue. Son matériel militaire a vieilli et a besoin d’être renouvelé, alors que l’Angola s’est doté ces dernières années d’un armement moderne et sophistiqué acheté en Russie ou dans d’autres pays d’Europe de l’Est. Les tensions autour de la République démocratique du Congo (RDC), où chacun a soutenu des camps antagonistes, se sont apaisées avec les accords de paix mais chacun entend conserver un droit de regard sur l’évolution de la situation.
Des responsables angolais n’hésitent pas à affirmer en privé que leur pays est le seul membre de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) à ne pas être aux ordres de Pretoria, tout en reconnaissant que les voisins immédiats de l’Afrique du Sud profitent des retombées de son développement économique. Ils refusent toute leçon de bonne gouvernance et de transparence, ironisant sur le scandale de corruption qui a entouré de récents achats sud-africains d’armement et qui a abouti à plusieurs arrestations.
L’Angola, qui préside jusqu’en août prochain la SADC, refuse de s’enfermer dans le carcan de l’Afrique australe, lorgnant en particulier vers l’Afrique centrale et, au-delà, vers des pays comme le Brésil lusophone ou de grandes puissances occidentales comme les Etats-Unis. Ceux-ci ne cachent pas leur intérêt pour son pétrole, même si Luanda n’a pas fait partie en juillet des escales africaines du président George W. Bush, à l’inverse de Pretoria.

Une commission mixte et une chambre de commerce angolo-sud-africaine

Si le véritable rapprochement politique reste à faire – aucun des deux chefs d’Etat n’a encore rendu visite à l’autre dans son pays –, les relations commerciales et économiques sont en pleine expansion. Les hommes d’affaires sud-africains se précipitent à Luanda à la recherche de contrats ou d’investissements alléchants. Même si les négociations entamées en 2002 entre le géant minier sud-africain De Beers et les responsables angolais pour normaliser leurs relations dans le domaine des diamants n’ont toujours pas abouti. « Nous avons besoin de nouveaux marchés et l’Angola, où tout est à faire et où la demande est en pleine croissance, est le plus juteux », soulignent des investisseurs sud-africains. Ils mettent aussi l’accent sur le fait que leur pays reste la porte d’entrée en Afrique pour les investisseurs étrangers et que les Angolais ne peuvent que profiter d’opérations conjointes (joint ventures) avec eux.
Une commission mixte a été créée pour développer les relations économiques ainsi que, depuis mars dernier, une chambre de commerce angolo-sud-africaine. « Nous voulons encadrer l’important commerce informel entre nos deux pays », affirment des responsables angolais, faisant état d’une « véritable invasion » de produits sud-africains. Les supermarchés qui se sont multipliés récemment à Luanda regorgent de marchandises sud-africaines que des Angolais n’hésitent pas à faire venir par avions charters entiers, souvent hors des circuits officiels, pour ne pas payer des taxes.

428 millions de dollars d’exportations sud-africaines vers l’Angola en 2002

« La fin de la guerre nous incite à venir voir ce que nous pouvons faire en Angola », nous expliquent, à l’aéroport de Luanda, des exportateurs sud-africains, dont certains ne cachent pas avoir participé à la guerre des années soixante-dix et quatre-vingt. En même temps, de nombreuses entreprises spécialisées dans le déminage viennent offrir leurs services. Les Sud-Africains sont déjà implantés dans l’extraction minière, la construction et le commerce de détail et s’intéressent aux secteurs des télécommunications et de la banque dans le cadre des privatisations en cours en Angola.
Selon des chiffres publiés par les Angolais, des contrats de plus de 400 millions de dollars ont été conclus entre les deux pays dans le domaine de la construction. Et les exportations sud-africaines vers l’Angola ont plus que quadruplé ces dernières années, passant de 97 millions de dollars en 1995 à 428 millions en 2002, après une baisse passagère en 2000.

Marie Joannidis

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