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24/07/2003
Guerre à la pénurie d’électricité en Afrique de l’Ouest

(MFI) La Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo et le Bénin partagent un souci : la pénurie d’électricité, qui menace leur développement économique. Seule la Côte d’Ivoire a quasiment atteint l’autosuffisance. Les trois autres voisins improvisent, en attendant la mise en service d’un gazoduc qui les reliera au Nigeria en 2005 et la construction de barrages d’appoint. Ils pourraient aussi bénéficier des exportations ivoiriennes, à partir de 2007.

« Vivement juin 2005 ! » C’est ce que doivent se dire les industriels et les ménages ghanéens, béninois et togolais. Ils vont pouvoir bénéficier des bienfaits du gazoduc qui reliera leurs pays respectifs au Nigeria. Ce gazoduc d’un coût de 500 millions de dollars, long de 617 km, alimentera à bas prix des centrales thermiques des trois pays. « Non seulement la production augmentera dans la région, mais les coûts seront réduits d’un tiers », estime un ministre béninois. Au passage, cette énergie propre préservera l’environnement.
Il était temps : depuis cinq ans, la vie quotidienne est périodiquement perturbée par des baisses de tension et des délestages inopinés. Motif : approvisionnement insuffisant. Pour 2003, la demande d’électricité au Togo est évaluée à 602 GWH, celle du Bénin à 570 GWH. Elle sera difficilement couverte. Les deux pays partagent un barrage hydroélectrique, construit à Nangbéto, sur le fleuve Mono. Mais selon les années et les caprices de la pluviométrie, cet ouvrage tient ou non ses promesses. Du coup, les deux voisins se sont tournés vers le Ghana, qui disposait de capacités excédentaires grâce au barrage d’Akossombo érigé sur la Volta. Las, les mêmes causes produisent les mêmes effets : Akossombo est victime de la sécheresse, et le Ghana, qui a l’une des consommations par habitant les plus élevées de toute l’Afrique de l’Ouest, satisfait d’abord sa demande intérieure, n’exportant plus que des quantités d’énergie de plus en plus réduites.

Le rationnement organisé

La Côte d’Ivoire qui avait, au milieu des années quatre-vingt-dix, un excédent de production fut appelée à la rescousse. En 1997 encore, elle fournissait de l’énergie au Ghana, au Bénin et au Togo, pour un chiffre d’affaires de 28 milliards de francs CFA (43 millions d’euros). La connexion n’a pas duré bien longtemps. Les raccordements entre Etats voisins, trop vétustes, ne permettaient pas un acheminement en toute sécurité. En outre, prise à son tour dans la spirale de la pénurie, la Côte d’Ivoire a interrompu ses livraisons. Résultat : les coupures se sont multipliées en Côte d’Ivoire, au Togo, au Ghana et au Bénin. Au plus fort de la crise, les communes abidjanaises de Yopougon, Marcory et Koumassi, de même que Bouaké ont souffert de perturbations régulières. La capitale togolaise, Lomé, a même été soumise à un régime d’alternance, avec huit heures de fourniture électrique suivies de huit heures de coupure ! Il a fallu improviser d’urgence.
Depuis, les initiatives de production se sont multipliées, dans une atmosphère de sauve-qui-peut et sur fond de privatisation des sociétés de production et d’exploitation. Le Togo a installé en catastrophe des turbines à gaz. Mais faute de gaz naturel, les fait fonctionner au… jet fuel (le carburant des avions), en attendant l’arrivée du gazoduc nigérian en 2005. Plusieurs entreprises, et les ménages les plus nantis ont dû s’équiper de groupes électrogènes importés au prix fort. Encore que le gouvernement a fait le geste de les exonérer de taxes douanières, compte-tenu de la situation.

Barrages d’appoint et centrale thermique d’Azito

Même système D au Bénin, en attendant le fameux gazoduc. Les trois centrales thermiques du pays (Akpakpa, Bohicon et Parakou), tombées en désuétude, ont été rénovées et ont repris du service. Parallèlement, le Bénin tente d’accélérer deux projets de barrages en sommeil par manque de financement. Le premier, qui pourrait voir le jour en 2007, est prévu à Adjarala, sur le fleuve Mono, commun au Bénin et au Togo. Mais son coût n’a même pas encore été calculé de manière ferme. Le deuxième barrage d’appoint sur lequel compte le Bénin pourrait être réalisé à Dyodyonga, sur la rivière Mékrou, à la frontière nigérienne. Il a fallu sept ans pour trouver les 67 millions d’euros nécessaires à sa réalisation. Aux dernières nouvelles, la Banque européenne d’investissement, la Banque africaine de développement (BAD) et la Coopération française seraient disposées à fournir 75 % des fonds, le reste étant à la charge du Bénin et du Niger, qui souhaite bénéficier de ce projet frontalier.
Quant à la Côte d’Ivoire, elle a résolu ses problèmes de consommation interne avec la mise en service des deux premières tranches de la centrale thermique d’Azito. Cette infrastructure fonctionnant au gaz a connu plus de quinze ans de tribulations techniques et financières. Les premières études de faisabilité ayant été faites en… 1983. Financé par un pool composé de la Banque mondiale, du Fonds du Commonwealth, de la BAD et de la Coopération française auxquelles se sont joint les coopérations allemande et néerlandaise, Azito a coûté 225 millions de dollars. Son exploitation a été confiée à une société privée, dont les actionnaires principaux sont une filiale du Fonds Aga Khan, Electricité de France et la société helvéto-suédoise ABB. C’est la plus puissante centrale thermique de la région ouest-africaine, avec une capacité maximum de 432 MW qui, toutefois, ne sera atteinte qu’à la réalisation d’une troisième tranche, prévue pour 2006. A moins que la Côte d’Ivoire n’y renonce pour un autre projet en cours d’étude, le barrage à Soubré (300 MW). Le pays sera alors en mesure d’exporter à nouveau de l’électricité. Ses voisins, dont les besoins ne cessent d’augmenter (la consommation du Bénin, comme celle de la Côte d’Ivoire, va doubler d’ici dix ans) ne feraient pas la fine bouche. La lutte contre la pénurie est décidément un combat de longue haleine.

Yolande S. Kouamé

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