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07/11/2003
Les TIC et l’éducation en Afrique (2) : Un bon moyen d’élargir l’accès à l’école

(MFI) Les programmes visant à promouvoir l’introduction des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans l’éducation en Afrique subsaharienne ne sont pas des éléphants blancs. Bien utilisées dans l’enseignement supérieur, les TIC permettent de faire des économies et donc de réaffecter des budgets vers la scolarisation aux niveaux primaire et secondaire.

Dans la plupart des pays africains francophones, l’université aujourd’hui se caractérise essentiellement par trois éléments. D’abord, son faible rendement : de nombreux diplômés sont au chômage, notamment parce que leur formation ne correspond pas aux besoins du marché de l’emploi. Ensuite, son élitisme : une petite frange de la population seulement accède à l’enseignement supérieur. Au Burkina par exemple, les étudiants ne représentent que 0,2 % de la population scolaire. Enfin et surtout, son caractère budgétivore : l’université est très coûteuse pour les budgets publics. Dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, elle pouvait absorber de 35 à 45 % des crédits consacrés à l’éducation dans certains pays.
Depuis quelques années, on tente de réformer l’enseignement supérieur. Objectif : rendre l’université plus performante à moindre coût. Pour y arriver, les gouvernements utilisent plusieurs moyens. Dans un premier temps, sur injonction de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, ils ont pris une batterie de mesures. Entre autres, l’institution de frais de scolarité – au Cameroun, par exemple, c’est en 1993 que le gouvernement a imposé à chaque étudiant de payer 50 000 F Cfa par an –, les coupes claires dans les salaires des enseignants, les compressions de personnels administratifs, le gel des recrutements de professeurs ou la suppression des bourses.


Des cédéroms remplacent les laboratoires spécialisés

Mais depuis peu, l’utilisation des TIC à l’université se révèle comme un moyen prisé pour améliorer le rapport qualité/prix de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, des cédéroms permettent, par exemple, de simuler à des coûts modiques l’essentiel des travaux pratiques inscrits au programme de chimie ou de biologie des étudiants de première, deuxième et troisième années des Facultés de sciences en Afrique. « Ils pourraient bien remplacer l’édification et l’équipement des laboratoires spécialisés qui pèsent très lourd dans les budgets des universités », remarque le responsable informatique de l’une des universités camerounaises.
Grâce à Internet, étudiants, enseignants et chercheurs peuvent consulter gratuitement d’importants ouvrages. Par exemple, de nombreux manuels de médecine, réputés pour leur cherté, sont disponibles sur plusieurs sites spécialisés. « Un livre de cardiologie peut valoir jusqu’à 90 jours de salaire d’un enseignant de médecine au Tchad ou au Niger », explique Coulibaly, un universitaire nigérien.
Bien plus, la formation à distance des étudiants africains par des experts installés dans certains pays occidentaux comme la France, la Belgique ou encore les Etats-Unis coûte moins cher que le recrutement dans une université africaine d’un coopérant européen. « La rémunération annuelle d’un assistant technique belge affecté dans une école d’ingénieurs congolaise équivaut à peu près au budget de fonctionnement de cet établissement », explique un recteur d’université en République démocratique du Congo.


Les crédits des universités réaffectés aux établissements secondaires et primaires

En clair, les TIC peuvent se substituer à des techniques coûteuses jusque-là utilisées dans la plupart des universités africaines. Celles-ci vont donc consommer moins de crédits. Les Etats pourront alors réallouer cet argent vers les établissements d’enseignement secondaire et primaire. Ces crédits réaffectés pourraient ainsi aider à la construction d’écoles et donc de salles de classe supplémentaires, pour faire face à la sous-scolarisation chronique. « En raison de la croissance rapide de la population, quarante millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire sont hors du système scolaire, et ce chiffre va en augmentant », soulignait, en 1999, Ko-Chih Tung, coordonnateur du groupe de travail sur les statistiques de l’éducation de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA).
En outre, ces nouveaux crédits pourraient être utilisés pour recruter plus d’enseignants et pour les payer normalement. L’on sait que, dans certains zones rurales, des écoles sont purement et simplement fermées faute d’instituteurs. « Au Cameroun, le rapport enseignant/élèves, qui était d’environ 1/50 tout au long des années quatre-vingt, a baissé à 1/55 en 1991 et atteint 1/75 en 1995 ; cela correspond à une pénurie d’environ 10 800 enseignants au niveau du primaire », indiquait Elias Kenne, professeur de l’Ecole normale des enseignants d’écoles primaires, lors de la biennale de l’ADEA à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Les TIC peuvent ainsi contribuer à rendre les enseignements primaire et secondaire plus accessibles pour des dizaines de millions de jeunes Africains. Les pays africains seraient donc bien inspirés de les intégrer dans leurs stratégies pour atteindre l’objectif « Education pour tous » d’ici à 2015.


Gervais Nitcheu

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