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19/12/2003
Parité des sexes dans l’enseignement : le rendez-vous raté

(MFI) Dans seize Etats d’Afrique subsaharienne, les disparités entre filles et garçons à l’école primaire, au collège et au lycée persistent. Sauf sursaut, ces pays n’atteindront pas, en la matière, l’objectif fixé à Dakar, au Sénégal, en avril 2000 par le Forum mondial sur l’éducation.

Le Forum de Dakar a fixé six objectifs en matière d’éducation. Le n°5, relatif au genre, établit que la parité entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire devrait avoir été réalisée en 2005 dans tous les pays du monde. A deux ans de cette échéance, l’heure n’est pas à la sérénité dans 16 pays d’Afrique au sud du Sahara (1). D’après le Rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous (EPT) 2003/2004, intitulé Genre et Education pour tous : le pari de l’égalité, rendu public au mois de novembre, la discrimination contre les filles en matière d’éducation demeure chose courante, par exemple au Burkina, à Djibouti ou au Niger. Les filles ont 20 % de chances en moins d’entrer à l’école que les garçons dans des pays comme la Guinée-Bissau, le Mali, le Tchad ou le Bénin. Vingt-trois millions d’enfants de sexe féminin sont encore exclus de l’école primaire et de l’enseignement secondaire en Afrique subsaharienne. Or, la parité entre les sexes signifie que la même proportion de garçons et de filles – par rapport à leurs groupes d’âge respectifs – entre dans le système éducatif et suit les cycles primaire et secondaire.

Dans le monde, 18 % des enfants âgés de 5 à 14 ans sont économiquement actifs

Les freins à la scolarisation des filles sont nombreux, à commencer par ceux qui frappent les plus jeunes sans distinction de sexe. « Une des raisons les plus courantes pour lesquelles les enfants ne fréquentent pas l’école est que leur famille les oblige à travailler », indique le rapport. Et d’ajouter : « Selon les estimations les plus récentes, 18 % des enfants âgés de 5 à 14 ans sont économiquement actifs, ce qui représentent 211 millions d’enfants, dont à peu près la moitié de filles. » D’après les mêmes statistiques, 68 millions de ces enfants – soit 32 % du total – employés à des tâches autres que domestiques vivent en Afrique. Parmi eux, des centaines de milliers de fillettes qui travaillent dans les plantations de cacao, de café, de thé…
Le poids de la tradition est aussi un frein majeur à la scolarisation des fillettes dans certaines sociétés. Les filles peuvent par exemple être réduites en esclavage pour payer les dettes d’un parent. Enfin, les conflits armés contribuent à restreindre le droit des filles à l’éducation. Durant les années quatre-vingt-dix, des milliers de filles africaines ont participé directement aux conflits dans plusieurs pays du continent, en tant que combattantes, cuisinières, porteuses ou esclaves sexuelles.
D’autres freins sont plus spécifiques au sexe féminin. « Les mariages précoces – contractés pour alléger le fardeau économique d’une famille ou pour garantir l’avenir d’une fille – entravent aussi massivement les progrès scolaires des filles », souligne le rapport. Et de renchérir : « En Ethiopie et dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, les mariages [des filles, ndlr] à l’âge de sept ou huit ans ne sont pas exceptionnels. »


Lorsqu’elles sont prises, les mesures sont efficaces

Cependant, des politiques nationales d’éducation bien élaborées peuvent permettre à certains pays inscrits sur la liste noire de réaliser en quelques années la parité entre les sexes. Ces mesures sont urgentes. Les chefs d’Etat, ministres, hauts fonctionnaires internationaux et responsables d’Ong, réunis en novembre à New Delhi (Inde) dans le cadre du Groupe de haut niveau sur l’EPT, en ont énuméré quelques-unes : « L’adoption des législations nationales pour rendre effectif le droit des enfants à une éducation de qualité gratuite et obligatoire, éliminer progressivement le travail des enfants et interdire les mariages précoces ; l’adoption de mesures politiques favorisant l’éducation des filles, telles que la mise en œuvre de programmes scolaires et de méthodes d’enseignement tenant compte de la question de genres…»
On peut aussi, souligne le rapport, mener des actions visant à instaurer l’équilibre entre les effectifs d’institutrices et d’instituteurs, qui favorise la parité entre les sexes. « Les effectifs de filles augmentent par rapport aux effectifs de garçons à mesure que la proportion d’enseignantes, faible au départ, s’accroît. En Afrique subsaharienne notamment, les pays présentant des proportions à peu près égales d’instituteurs et d’institutrices tendent aussi à présenter une égalité approximative des garçons et des filles dans les admissions dans le primaire. » En clair, rien n’est perdu pour les pays faisant figure de mauvais élèves en matière de parité. Encore faut-il qu’ils aient la volonté politique de se mettre résolument au travail.

Gervais Nitcheu


(1) Guinée Bissau, Ethiopie, Erythrée, Mali, Djibouti, Burundi, Niger, Tchad, Liberia, Gambie, Cap-Vert, Gambie, Bénin, Congo, Comores, Namibie.

Parité et égalité : deux choses distinctes

(MFI) L’objectif 5 du cadre d’action de Dakar est le suivant : « Éliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici à 2005, et instaurer l’égalité dans ce domaine en 2015 en veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite. »
La parité est un concept purement numérique : réaliser la parité entre les sexes veut dire que la même proportion de garçons et de filles – par rapport à leurs groupes d’âge respectifs – entre dans le système éducatif et suit l’intégralité du cycle primaire et du cycle secondaire. Elle est mesurée par le rapport entre les valeurs d’un indicateur déterminé pour les filles et les garçons, la parité étant égale à 1 : c’est l’Indice de parité entre les sexes (IPS).
L’égalité entre les sexes est une notion plus complexe, et aussi plus difficile à mesurer. Une égalité parfaite impliquerait que garçons et filles se voient offrir les mêmes chances d’aller à l’école et que les uns et les autres bénéficient de méthodes et de programmes d’enseignement exempts de stéréotypes ainsi que d’une orientation et de conseils éducatifs où les préjugés tenant au genre n’ont aucune place. Elle implique aussi l’égalité des résultats en termes de longueur de la scolarité, d’acquis d’apprentissage et de titres académiques et, plus généralement, l’égalité des chances en matière d’emploi et l’égalité des rémunérations pour des titres et une expérience similaires.
(extrait du rapport Genre et Education pour tous : le pari de l’égalité, Unesco 2003)



Le résumé du rapport est accessible à partir de la page :
http://www.unesco.org/education/efa/fr/index.shtml




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