(MFI) Les devoirs à la maison s’accompagnent trop souvent de tensions entre parents et enfants. Reproches, pleurs, disputes, cela peut même devenir un véritable calvaire pour tous, et nuire tant au climat familial qu’à l’investissement scolaire de l’élève. Responsabiliser davantage l’enfant et faire confiance sans chercher à se substituer à l’enseignant permet la plupart du temps d’éviter les conflits, tout en développant l’autonomie de l’élève.
Comment réagir face à un enfant qui refuse de faire son travail scolaire à la maison, qui le bâcle manifestement ou s’interrompt à la moindre distraction qui s’offre à lui ? La plupart des parents sont confrontés, à un moment ou à un autre, à cette situation. Beaucoup recourent alors à la fermeté et la contrainte : on insiste, on menace, on gronde… Le problème, c’est qu’en agissant de la sorte, on aboutit souvent au résultat contraire à celui espéré, le risque étant de décourager l’enfant et de le détourner encore davantage de l’école.
Le climat affectif que les parents contribuent à instaurer autour des activités scolaires est en effet déterminant et « influence directement la possibilité qu’a l’enfant de s’épanouir à l’école », écrit Marie-Claude Béliveau, psychoéducatrice canadienne, dans son livre Au retour de l’école, la place des parents dans l’apprentissage scolaire. Pour cette spécialiste, « le rôle des parents est surtout de mettre en place des conditions favorables à la bonne marche des travaux scolaires à la maison, mais sans que cela se fasse au détriment des relations familiales ».
De fait, le meilleur service que les parents puissent rendre à leur enfant est certainement de savoir préserver le plaisir d’apprendre, car c’est le moteur le plus efficace agissant tant sur la motivation que la concentration ou la confiance en soi. La période des devoirs doit donc rester un moment chaleureux permettant d’échanger sur les progrès ou les difficultés de l’enfant mais en évitant tout jugement négatif. Sinon, conseille Marie-Claude Béliveau, il est préférable de déléguer cette tâche à une tierce personne. De la même façon, si l’adulte sent la tension monter au cours du travail scolaire, la meilleure solution est encore qu’il prenne ses distances et se retire plutôt que de laisser exploser sa colère devant l’enfant.
Savoir trouver la bonne distance
D’une façon générale, il est important que les parents ne cherchent pas à endosser le rôle du maître d’école en contrôlant tout ce que fait ou ne fait pas leur enfant. Si ce dernier a besoin de la présence d’un adulte à ses côtés pour l’accompagner dans ses devoirs au cours de ses premières années d’école, il vaut mieux par la suite l’encourager à travailler seul et ne demander de l’aide qu’au besoin.
Car en lui accordant davantage de marge de manœuvre, les parents aident l’enfant à développer son autonomie et son sens des responsabilités. Inutile donc de se fâcher et de punir un enfant qui refuse de faire ses devoirs, car, selon Marie-Claude Béliveau, « l’enfant qui ne comprend pas les avantages qu’il a à s’acquitter quotidiennement de ses tâches scolaires, malgré les encouragements et les mises en garde des parents, risque de changer d’opinion plus vite s’il vit les conséquences de ses choix à l’école ». De la même façon, si l’enfant commet des fautes dans ses devoirs, ce n’est pas lui rendre service que de les lui corriger ou lui souffler les réponses ; il est en effet préférable qu’il prenne lui-même conscience de ses erreurs en classe afin d’approfondir ce point, si besoin est, avec l’enseignant.
S’il est ainsi possible de laisser l’enfant décider de certaines règles concernant son travail scolaire, par exemple les horaires ou l’ordre dans lequel il aborde ses devoirs, les parents resteront en revanche vigilants sur le respect de certaines conditions, comme le fait de travailler dans un endroit calme, sans musique ni télévision. Tout est donc une question de distance : responsabiliser l’enfant, tout en démontrant son intérêt pour la scolarité, encadrer sans chercher à tout contrôler. Sans oublier, ainsi que l’écrit la spécialiste canadienne, que « l’école est d’abord et avant tout l’affaire de l’enfant ». Une vérité que les parents ont parfois du mal à admettre…
Au retour de l’école… La place des parents dans l’apprentissage scolaire, de Marie-Claude Béliveau, éditions de l’Hôpital Sainte-Justine, collection Parents.
Catherine Le Palud