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04/01/2001

Les enfants les plus démunis pénalisés à l’école

(MFI) Les performances d’un élève sont en partie déterminées par le niveau socio-économique de sa famille. Une étude récente, réalisée dans cinq pays francophones d’Afrique subsaharienne, le souligne et propose des mesures ciblées en faveur des enfants les plus démunis.

Les raisons économiques font partie de celles les plus souvent invoquées par les parents pour justifier la non-inscription de leur enfant à l’école ou l’interruption précoce de sa scolarité. Ainsi, selon une enquête réalisée au Niger par Mathias Rwehera, consultant international en planification de l’éducation et auteur de L’éducation dans les pays les moins avancés : quelle marge de manœuvre ?, 11,3 % des familles interrogées expliquaient leur refus de scolariser leur enfant par une situation de pauvreté qui rendait son travail indispensable pour subsister. A cela s’ajoutent les coûts liés à la scolarisation dont « le montant est loin d’être négligeable pour des gens aux revenus si bas », indique l’auteur. Des frais sont en effet exigés parfois à l’inscription, sous la forme d’assurance ou d’achat d’uniforme, alors que les livres et manuels scolaires sont souvent à louer ou à payer et que les cahiers et fournitures sont essentiellement à la charge des parents.
Mais même lorsqu’ils suivent une scolarité, les enfants les plus démunis sont pénalisés dans l’acquisition des compétences, souligne Katharina Michaelowa. Dans Dépenses d’éducation, qualité de l’éducation et pauvreté : l’exemple de cinq pays d’Afrique francophone, elle a étudié les différents facteurs exerçant une influence sur les résultats scolaires des enfants, et cela à partir de données recueillies au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, à Madagascar et au Sénégal.

Alphabétiser les parents pour mieux scolariser les enfants

L’alphabétisation des parents notamment joue un rôle non négligeable sur la réussite scolaire des enfants. On constate ainsi que le Cameroun et Madagascar, qui obtiennent les meilleurs résultats aux tests effectués en fin de primaire en français et en mathématiques, sont les deux pays où l’alphabétisation des parents est la plus élevée. Pour l’auteur, des campagnes d’alphabétisation d’adultes pourraient donc être envisagées comme complément de la scolarisation des enfants.
D’autres facteurs, liés au niveau de vie des familles, interviennent sur les résultats des élèves. C’est le cas de l’équipement en biens durables, tels que réfrigérateur, voiture ou appareil vidéo, pour lequel on observe une corrélation avec les performances scolaires des enfants, ou encore le fait de posséder ou non une radio ou une télévision. Grâce à ces médias, non seulement les enfants ont accès à des sources d’information qui peuvent les aider à l’école, mais en outre ils s’habituent à la langue française, même si elle n’est pas parlée dans leur famille.
Le nombre de repas pris chaque jour par un enfant influe fortement sur sa scolarité. Une mauvaise alimentation diminue ses capacités d’apprentissage ; de plus, il risque davantage d’être malade et de manquer les cours. Par ailleurs, les élèves les plus démunis rencontrent plus de difficultés à étudier à la maison, soit qu’ils doivent travailler dès le retour de l’école, soit qu’ils ne disposent pas d’endroit tranquille pour faire leurs devoirs. Enfin, l’auteur note que les familles pauvres sont désavantagées dans l’accès aux livres à la maison, facteur déterminant en matière d’acquisitions scolaires.

Développer les cantines scolaires

L’intégration scolaire des enfants démunis varie considérablement d’un pays à l’autre. C’est ainsi le Cameroun qui réussit le mieux à scolariser les enfants défavorisés et à les retenir à l’école : des cinq pays étudiés, il est celui qui en accueille le plus grand nombre en classe, alors que, parallèlement, il présente, avec 22 %, le taux le moins élevé d’enfants pauvres dans sa population. A Madagascar, c’est la situation inverse. Alors que la malnutrition grave des enfants est particulièrement répandue dans ce pays puisqu’elle touche 52 % des enfants de moins de cinq ans, ce problème n’apparaît plus chez les élèves de CM1, ce qui tend à montrer que « les enfants qui restent scolarisés jusqu’en fin de primaire appartiennent dans leur grande majorité aux couches sociales les moins pauvres ».
Pour Katharina Michaelowa, « des cantines scolaires peuvent être une solution pour remédier à la fois au problème de déperdition lié à la pauvreté des enfants, et aux difficultés d’apprentissage des enfants mal nourris ». Cependant, reconnaît l’auteur, il s’agit là d’une mesure coûteuse qui peut être remplacée par des distributions de lait et d’autres collations riches en vitamines et en minéraux importants pour les enfants. Elle insiste également sur la nécessité de promouvoir l’accès aux livres dans les milieux défavorisés grâce à la distribution de manuels et de magazines pour enfants, ou à la création de bibliothèques mobiles en milieu rural.


- L’éducation dans les « pays les moins avancés » : quelle marge de manœuvre ?, de Mathias Rwehera, éditions L’Harmattan.

- Dépenses d’éducation, qualité de l’éducation et pauvreté, l’exemple de cinq pays d’Afrique francophone, de Katharina Michaelowa, Centre de développement de l’OCDE, http://www.oecd.org/dev/publication/tpla.htm


Catherine Le Palud

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