« Au XIXe siècle, raconte Carine Mayo, auteur d’un livre sur l’apprentissage des mathématiques (éditions Milan), on pensait que le cerveau était divisé en plusieurs régions, et que celle consacrée aux nombres était plus développée chez les matheux, et formait une bosse. » Le mythe de « la bosse des maths » était né… Et aujourd’hui encore, quand un enfant rencontre des difficultés dans cette discipline, il n’est pas rare d’entendre des explications définitives, du type « de toutes manières, on n’a jamais été doué en maths, dans la famille ». Pourtant, aucun « gène des maths » n’a jamais été mis en évidence !
Très souvent donc, ce sont les parents qui transmettent leurs angoisses et leurs a priori à leurs enfants. Surtout lorsque les maths leur ont laissé de mauvais souvenirs. Mais les tout-petits, eux, ne partagent pas ces réticences. Des recherches ont même montré que dès leurs premiers mois, les bébés manifestent déjà des compétences numériques. Et en grandissant, les petits ont un égal appétit de découverte pour les chiffres comme pour les livres.

Aborder les notions de façon ludique

Un plaisir qu’il est souhaitable d’entretenir pour faciliter leurs apprentissages ultérieurs. De nombreux jeux et activités permettent en effet d’aborder différentes notions de façon ludique. C’est le cas, pour les plus petits, des jeux de l’oie, petits chevaux et autres dominos. La confection de gâteaux est également d’un grand intérêt puisqu’elle permet aux enfants de réaliser des mesures simples. Et pour les plus grands, les jeux de stratégie, la résolution de casse-tête ou des activités telles que l’astronomie ou le dessin de figures géométriques sont autant de façons de faire des maths tout en s’amusant.
Bien sûr, cela n’écarte pas pour autant toute difficulté en classe ! D’autant que, comme l’indique Françoise Duquesne, enseignante en didactique des mathématiques, « quand on apprend à faire du vélo, on commence par se casser la figure. En mathématiques, c’est pareil ». Mais s’il n’y a pas lieu de s’alarmer à la moindre défaillance, il est malgré tout préférable de veiller à ce que l’enfant ne se décourage pas et ne s’enferme pas de lui-même dans la spirale de l’échec. Pour lui permettre de traverser cette mauvaise passe, le soutien des parents peut alors être décisif, en l’aidant avant tout à reprendre confiance en lui.

Dédramatiser la situation

Examiner tranquillement avec lui les raisons de ses difficultés et, au besoin, reprendre ensemble les devoirs pour analyser les erreurs permet souvent de dédramatiser la situation, repérer d’éventuelles lacunes et revoir les méthodes de travail. Car, comme l’indique Carine Mayo, « rien ne sert de travailler toujours plus, mieux vaut travailler autrement ». Inutile par exemple d’accabler un enfant à son retour de l’école en lui demandant d’effectuer une série de divisions ; il est en effet préférable de lui en faire faire moins tout en s’assurant que la technique est bien assimilée et que l’enfant a bien compris l’intérêt de l’opération réalisée.
Il est également important d’essayer de déterminer avec l’enfant quelles sont les techniques d’apprentissage les plus efficaces pour lui. Par exemple, pour apprendre ses tables de multiplication, a-t-il besoin de les « photographier » dans sa tête ou de les retenir comme une chansonnette ? Il ne faut pas hésiter non plus à illustrer les cours de multiples façons, avec des schémas ou des exemples concrets issus de la vie quotidienne. Tout ce qui permet à l’élève de raccrocher les nouvelles notions à ses connaissances antérieures facilite en effet leur assimilation. Une bonne méthode consiste également à demander à l’enfant de reformuler son cours avec ses propres mots afin de lui permettre de s’approprier les connaissances. Enfin, il ne faut pas oublier de vérifier que la cause des difficultés rencontrées en maths ne vient pas tout simplement… d’une mauvaise maîtrise du français. De nombreux élèves butent en effet sur des consignes ou des énoncés de problèmes qu’ils comprennent mal. Il s’agit donc là davantage d’un problème de langue que de mathématiques.
Quoi qu’il en soit, si les difficultés s’installent, il ne faut pas hésiter à en discuter avec l’enseignant et à rechercher une aide extérieure. Un soutien ponctuel est parfois utile pour sortir d’une situation de blocage.

Catherine Le Palud