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14/02/2002
L’enseignement secondaire en panne

(MFI) Dans de nombreux pays en développement, en Afrique subsaharienne notamment, beaucoup de jeunes ne peuvent accéder au secondaire, faute de capacités d’accueil suffisantes. L’importance de son rôle économique est pourtant de plus en plus reconnue. Mais les politiques éducatives ont jusqu’à présent favorisé le primaire.

Moins de la moitié des élèves sortant du primaire en Afrique subsaharienne obtiennent une inscription dans le secondaire. En 2000, l’Ile Maurice était l’un des rares pays à parvenir à faire passer plus de 50 % d’enfants d’un degré à l’autre, avec un taux de transition de 57 %. Mais généralement, les pourcentages moyens de transition varient plutôt entre 25 et 40 % : en 1997, ils étaient ainsi de 27 % au Burkina Faso, 30 % au Sénégal, 33 % en Côte d’Ivoire, ceci en prenant en compte les inscriptions dans les écoles privées.
Les admissions dans les écoles publiques sont effectivement strictement limitées et souvent soumises à des conditions d’âge et de niveau, qui peuvent varier d’une région à l’autre, et sont en fait ajustées pour faire correspondre le nombre d’inscriptions au nombre de places disponibles. Le même processus de sélection se retrouve d’ailleurs au moment du passage entre le premier et le second cycle du secondaire avec, là encore, un écrémage qui peut être sévère : dans une récente publication de l’Institut international de planification de l’éducation (IIEP), Françoise Caillods note par exemple qu’en 1995/96, seuls 21 % de collégiens étaient admis au lycée au Burkina Faso, 27 % à Madagascar, 46,6 % en Côte d’Ivoire, 55 % au Sénégal et au Mali.


Des disparités importantes dans l’accès

Outre ces conditions d’accès très rigoureuses, les chances de poursuivre une scolarité dans le secondaire diffèrent considérablement selon que l’on vit dans une zone urbaine ou rurale, que l’on est une fille ou un garçon ou encore selon le groupe social auquel on appartient. Ainsi, au Sénégal, deux régions, Dakar et Thiès, concentrent plus de la moitié des effectifs du premier cycle du secondaire. Les filles, elles, sont partout largement sous-représentées : elles constituent moins de 40 % des effectifs dans le premier cycle au Burkina Faso, au Sénégal et en Côte d’Ivoire par exemple, et même, à peine plus de 25 % en République de Guinée. Les enfants de fonctionnaires ou de commerçants sont en revanche plutôt sur-représentés, au détriment de ceux d’agriculteurs ou d’artisans.
Dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, le secondaire se caractérise par un nombre important de redoublements (particulièrement les dernières années de chaque cycle où ils peuvent atteindre 30 à 40 %, les élèves recalés se donnant ainsi une nouvelle chance de poursuivre leur scolarité dans le cycle supérieur) mais aussi d’abandons, et finalement par une déperdition considérable. Françoise Caillods donne l’exemple du Sénégal où, sur l’ensemble des élèves inscrits en sixième, 83,3 % parviennent au terme du premier cycle du secondaire, 47,2 % entrent dans le second cycle, 34,8 % atteignent la terminale, et finalement seuls 19 % réussissent à décrocher leur baccalauréat. De tels chiffres posent évidemment le problème de la qualité de l’enseignement, mais aussi celui du coût économique d’un système dont les rendements sont aussi faibles.


Un rôle essentiel pour le développement économique

Or, l’enseignement secondaire, ainsi que l’ont déploré les participants d’un atelier régional de l’Unesco qui s’est tenu en décembre dernier sur ce thème à l’Ile Maurice, continue à être pénalisé par les politiques éducatives qui accordent une priorité absolue à l’éducation primaire. « Confiné dans une politique du strict minimum », il n’a ainsi bénéficié d’aucune réforme d’envergure ces dernières années. Son rôle est pourtant jugé de plus en plus essentiel, tant pour la consolidation des compétences de base, dont plusieurs études ont montré la maîtrise imparfaite à l’issue du primaire, que pour l’apport de connaissances et de compétences plus élaborées dont ont désormais besoin les économies pour leur développement.
Même si des projets de développement du secondaire existent dans certains pays – comme au Sénégal dont l’objectif, dans le cadre du Programme décennal de l’éducation et de la formation (PDEF), est d’accueillir, en 2010, 50 % des enfants sortant du primaire –, ces initiatives butent cependant sur les difficultés de financement. A cet égard, plusieurs pistes pourraient être explorées telles que l’enseignement à distance ou, comme le propose Françoise Caillods, le développement de l’initiative privée ou le recours à des enseignants vacataires. Il semble en revanche difficile d’envisager pour les prochaines années une augmentation substantielle du niveau des ressources publiques allouées au secondaire.

Financing secondary education in developing countries, de Keith Lewin et Françoise Caillods, International Institute for Educational Planning.


Catherine Le Palud

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