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28/02/2002
Apprentissage de l’autonomie : gare au « lâchage » précoce !

(MFI) Si le rôle de l’éducateur – et particulièrement des parents – consiste à encourager l’enfant dans la conquête progressive de son autonomie, il importe de satisfaire ses besoins de protection et de sécurité. Inciter l’enfant à une maturité précoce peut s’avérer aussi néfaste pour son développement que de le maintenir dans une dépendance tardive.

« Pas assez autonome ! » Que ce soit à l’école ou à la maison, on demande aujourd’hui de plus en plus aux enfants de se prendre en charge et d’être mûrs le plus vite possible. A tel point que la précocité semble devenir, pour certains parents, un critère absolu de réussite éducative. En faisant prendre un train d’avance à leur enfant, beaucoup espèrent ainsi favoriser ses chances de succès scolaire, et par conséquent, plus tard, d’intégration sociale.
Si l’autonomie est bien « au cœur de l’éducation », son acquisition précoce ne doit pas se faire cependant « au détriment de la sécurité affective indispensable à l’enfant au début de sa vie », prévient la psychanalyste Etty Buzyn. Dans son dernier ouvrage au titre éloquent, Me débrouiller, oui, mais pas tout seul !, elle insiste ainsi sur le fait que si « chaque enfant aspire spontanément à développer la capacité à ne dépendre que de lui-même », il ne peut cependant y parvenir sans le soutien chaleureux de l’adulte dont il dépend encore…
Dès les premiers mois de sa vie, le jeune enfant cherche à acquérir les capacités lui permettant d’explorer par lui-même son environnement. Mais c’est le sentiment que ses parents ont su lui donner que le monde qui l’entoure, « loin de lui être hostile, est un monde dans lequel il peut avoir confiance » qui alimente cette dynamique. Avant de se lancer dans une nouvelle conquête, l’enfant a ainsi besoin de sentir l’accord bienveillant de ses parents et c’est dans leur regard qu’il puise sa confiance et son audace.


Me lâcher, oui, mais pas sans toi…

Ainsi, lorsqu’il apprend à marcher, c’est parce qu’il sent la présence rassurante de ses parents à ses côtés que l’enfant ose soudain se lâcher. C’est parce qu’ils l’ont encouragé qu’il vainc sa peur et accepte de se détacher d’eux. Et ce qui est vrai lors de l’acquisition de la marche l’est à chaque étape de son développement : même adolescent, même lorsqu’il s’agit de passer son permis de conduire, l’enfant – même devenu grand – a besoin pour progresser de ce sentiment de connivence affective qui lui apporte la sécurité nécessaire.
Exiger d’un enfant qu’il se prenne en charge trop tôt peut ainsi avoir de graves répercussions sur son développement. Etty Buzyn donne ainsi l’exemple d’enfants contraints, dès l’âge de 7 ou 8 ans, à se débrouiller seuls dans leur vie quotidienne pour se rendre à l’école, se laver, s’habiller, se coucher… Les troubles dont ils souffraient et pour lesquels ils la consultaient, qu’ils soient scolaires, relationnels ou de comportement, n’avaient pas d’autre cause que le sentiment de désintérêt et même d’abandon qu’avait fait naître chez eux cette situation.


Tout seul, c’est trop dur !

Sans aller jusque-là, il n’est pas rare que, par principe pédagogique ou manque de disponibilité, des parents confient à leur enfant des responsabilités ou des tâches qui lui demandent un effort qu’ils ne soupçonnent même pas. De la même façon, estime la psychanalyste, on a trop tendance à demander aux enfants une autonomie dans leur travail scolaire dont beaucoup ne sont pas capables. Or, écrit-elle, « la majorité des enfants, qu’ils soient en primaire ou au collège, ont un besoin patent d’être soutenus par un adulte pour organiser leur temps. Et lorsque l’enfant a acquis une certaine aisance, il a encore grand besoin, sinon d’être encadré, du moins de pouvoir compter sur l’intérêt que suscitent ses apprentissages chez ses parents ». Et lorsqu’ils ne l’obtiennent pas, beaucoup se désinvestissent alors de leur scolarité. Tout comme un certain nombre se détournent de la lecture après que leurs parents aient cessé leur accompagnement dès la fin du cours préparatoire (CP), estimant qu’ils avaient désormais acquis suffisamment d’autonomie dans cette activité. Alors que continuer à partager ce plaisir pendant quelques années permait souvent d’asseoir durablement ce goût chez l’enfant.
S’il faut bien sûr savoir lâcher la main de son petit et l’autoriser à tenter ses propres expériences, même au prix de quelques risques (à condition qu’ils soient maîtrisés par l’adulte), toute la difficulté consiste à trouver la bonne distance avec son enfant : être présent pour répondre à ses besoins, sans être envahissant au point d’étouffer toute possibilité d’initiative et donc d’épanouissement. « Veiller à ne pas gêner, ni anticiper les tendances d’autonomisation de son enfant, mais se contenter plus simplement de les reconnaître et de les accompagner », bref, entre surprotection et abandon, trouver le point d’équilibre…

Me débrouiller, oui, mais pas tout seul !, par Etty Buzyn, éditions Albin Michel, collection Questions de Parents.

Catherine Le Palud

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