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14/03/2002
Scolarisation des « nouveaux arrivants » : Les structures manquent en France

(MFI) Le nombre d’inscriptions des élèves « nouvellement arrivés » en France ne cesse de croître. Ces enfants, originaires d’Afrique pour une grande part, ont souvent besoin d’une prise en charge scolaire spécifique afin de pouvoir s’intégrer dans le cursus ordinaire. Les structures d’accueil peinent cependant à faire face à l’augmentation des effectifs.

On les appelle les « primo-arrivants » : ces enfants ou adolescents, venus de l’étranger, de plus en plus âgés, et de plus en plus souvent seuls, arrivent tout au long de l’année en France, en quête d’une place dans un établissement. Durant l’année scolaire 2000-2001, ils ont été 27 000 à être inscrits : 13 000 dans le premier degré et 14 000 dans le second degré. Depuis quelques années, leur nombre ne cesse de progresser, particulièrement dans certaines académies, comme celles d’Aix-Marseille, de Montpellier, de Paris, Créteil ou Versailles. Un exemple : en Ile-de-France, l’augmentation a été de 50 % en 2000. Un afflux récent auquel l’Education nationale a quelque mal à faire face.
Non francophones, ou francophones n’ayant pas une maîtrise suffisante des apprentissages scolaires pour intégrer immédiatement le cursus ordinaire, la majorité de ces élèves, qui viennent pour beaucoup d’Afrique et notamment du Maghreb (particulièrement d’Algérie et du Maroc) sont accueillis dans des classes spécifiques. Ces structures, appelées classes d’initiation (Clin) et cours de rattrapage intégrés (CRI) dans le primaire, classes d’accueil (CLA) dans le secondaire, ont pour objectif de mettre ces élèves à niveau dans les apprentissages et dans la maîtrise de la langue française, en vue d’une intégration aussi rapide que possible dans une classe ordinaire.


Un dispositif qui ne parvient pas encore à couvrir tous les besoins

Dans son rapport rendu public en novembre dernier, le Haut conseil à l’intégration (HCI) juge que si « ces mécanismes sont adaptés dans leur principe, (…) [leurs] modalités doivent encore être améliorées ». Alors que « cette élévation du nombre d’enfants primo-arrivants semble durable », le HCI critique surtout « le nombre insuffisant de classes d’initiation et d’accueil ». Certes, le dispositif d’accueil s’est considérablement développé depuis sa création par l’Education nationale en 1970. Une enquête de la Direction de la programmation et du développement (DPD) du ministère dénombre en effet 1431 structures en 2001 (475 Clin et 329 CRI dans le premier degré et 627 CLA dans le second) contre une centaine à l’origine. Un effort qui n’a cependant pas permis de couvrir l’ensemble des besoins.
Selon la même enquête en effet, près de 2 000 élèves nouveaux arrivants, soit près de 17 %, étaient scolarisés l’an passé en classes ordinaires sans soutien adapté dans le primaire ; plus de 1 500 adolescents, soit 11,6 % étaient dans ce cas dans le secondaire. Une situation que déplore le HCI, estimant qu’elle « a toute chance d’entraîner l’échec scolaire et dans certains cas la sortie de l’enfant du système ». Le HCI remarque également que « ce phénomène est encore aggravé pour les enfants qui entrent sur le territoire en cours d’année scolaire, les classes d’accueil étant dans certaines régions saturées dès le premier trimestre ».
D’autres élèves d’âge scolaire attendent des semaines avant de pouvoir rejoindre leur établissement : 629 collégiens et lycéens étaient ainsi en attente d’affectation au moment de l’enquête de la DPD. Alors que, comme le soulignait le ministre de l’Education nationale, Jack Lang, l’an dernier, « pour tenir ses promesses, l’intégration scolaire doit pouvoir intervenir rapidement. Faute de quoi les risques de marginalisation, voire d’échec scolaire sont réels ».

Pour les jeunes de plus de 16 ans : l’impasse

La situation des adolescents âgés de plus de 16 ans est encore plus critique. Ainsi que l’observe le HCI, « aucune structure spécifique n’est prévue dans le système scolaire » pour ces jeunes qui ne bénéficient plus de l’obligation scolaire, mais « qui sont trop jeunes pour accéder aux dispositifs classiques de formation professionnelle ». Une impasse qui contraint un certain nombre d’entre eux à renoncer à poursuivre leur scolarité. « Une situation d’autant plus mal vécue que leur niveau scolaire était élevé dans le pays d’origine », souligne une étude réalisée à la demande de la Direction de la population et des migrations du ministère de l’Emploi et de la solidarité.
D’autres, indique cette étude, sont orientés vers des structures mal adaptées : certains se retrouvent dans des classes d’accueil de collège, où ils « se trouvent mêlés à des élèves beaucoup plus jeunes et de niveau scolaire initial plus faible », ou, en raison de leurs difficultés en français écrit, dans des classes destinées aux élèves en grande difficulté. Or, estiment les auteurs, « il y a dans ces orientations systématiques une vraie dérive, voire un gâchis par rapport aux possibilités cognitives des jeunes primo-arrivants ». Pour y remédier, le HCI prône pour sa part la création de classes d’accueil au lycée. Les auteurs de l’étude considèrent, eux, que « de nouvelles formules sont probablement à concevoir, au sein et hors du système scolaire ».


Catherine Le Palud

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