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09/05/2002
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Donnez confiance à votre enfant !
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(MFI) Les difficultés scolaires résultent parfois d’un manque de confiance en soi. Comment les parents peuvent-ils favoriser la construction d’une image de soi positive dès le plus jeune âge ? Dans un petit livre pratique, la psychothérapeute Marie-Bernard Chicaud apporte quelques éléments de réponse.
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« Il manque de confiance en lui », a indiqué la maîtresse sur le bulletin scolaire pour tout commentaire. Si elle met le doigt sur une difficulté bien réelle de l’enfant, cette remarque n’en laisse pas moins les parents perplexes et vaguement inquiets. Des parents qui se mettent eux-mêmes à douter, plus du tout sûrs de leurs qualités éducatives. Car la confiance en soi, ça ne s’acquiert pas comme l’orthographe ou les mathématiques… Il n’existe pas de méthode en la matière et ce n’est pas non plus en demandant à l’enfant de faire davantage d’efforts qu’on peut espérer quelque progrès.
La confiance en soi n’est pas une affaire de volonté, indique en effet d’emblée Marie-Bernard Chicaud dans le petit livre à destination des parents qu’elle a écrit à ce propos. Il est préférable d’éviter les remarques qui ont tendance à culpabiliser l’enfant : il est par exemple inutile de lui dire des choses comme « c’est important de participer en classe, tu sais, moi, à ton âge, j’étais toujours le premier à lever le doigt ! » ou encore « mais ne sois pas toujours craintif comme ça, regarde ton frère (ta sœur), il (elle) n’a jamais peur de rien, lui (elle) ! ». Des propos qui ont souvent l’effet inverse de celui recherché : en sous-entendant que l’enfant n’est pas à la hauteur de ce que l’on attend de lui, qu’il fait moins bien que les autres membres de sa famille, ils peuvent en effet fragiliser encore davantage son amour-propre, qu’il s’agit au contraire de consolider.
Attention aux « oreilles qui traînent » !
C’est la raison pour laquelle il faut également se méfier des « oreilles qui traînent » lors des discussions entre adultes : une parole malheureuse peut en effet avoir des conséquences nocives. Surtout chez les plus petits, qui sont souvent très soucieux de leur image et dont la personnalité est en pleine construction : ce que leur renvoie le regard des adultes, et particulièrement celui de leurs parents, est déterminant dans l’opinion qu’ils sont en train de se forger d’eux-mêmes. C’est pourquoi, écrit Marie-Bernard Chicaud, « s’il faut savoir être ferme et protecteur parce que cela le rassure, le regard positif, bienveillant sur l’enfant est fondamental. A cet âge, il peut se déprimer profondément quand il se sent humilié, quand on se moque de lui, quand on lui fait honte ».
Ce type d’expérience peut en effet chez le jeune enfant être vécu comme un véritable traumatisme, dont les traces risquent d’être profondes et durables. Ces traces entament l’image que l’enfant se fait de lui-même, cette « image de soi » sur laquelle, explique la psychothérapeute, repose la confiance en soi. Or, c’est dès la toute-petite enfance que cette image commence à se construire : déjà, le bébé a besoin de sentir l’admiration de ses parents pour se lancer dans les aventures propres à son âge, comme il a besoin de leur réconfort après la chute pour retrouver l’envie de recommencer.
C’est ce même regard, plein d’enthousiasme, sans a priori ni jugement de valeur qu’il faudrait conserver sur l’enfant qui grandit. Même si, reconnaît Marie-Bernard Chicaud, l’enfant réel est parfois très éloigné de l’enfant rêvé que portent les parents dans leur tête. On souhaitait un garçon, et c’est une fille qui arrive, on imaginait un enfant sportif, il est chétif et ne quitte pas sa chambre, on avait l’ambition « d’en faire » un ingénieur, il a horreur des mathématiques… « Tout bébé, écrit-elle, est, en fait, un étranger qu’il faudra découvrir et accepter ». Et valoriser tel qu’il est, avec ses différences, parfois difficiles à porter dans les cours d’école où ne règne pas toujours la tolérance, et même ses défauts. Il est important à cet égard de ne jamais minimiser les plaintes d’un enfant concernant les moqueries de ses camarades à propos de tel ou tel aspect de son physique ou de sa personnalité. « Si on écoute les enfants, s’ils se sentent profondément acceptés tels qu’ils sont, en premier lieu par leurs parents mais aussi par les enseignants et les adultes qui s’occupent d’eux, ils retrouveront force et courage et pourront se réconcilier avec eux-mêmes. »
Quand la pression des parents est trop forte : la peur de l’échec
Placer la barre trop haut, demander à un enfant plus qu’il ne peut faire, risque également de miner sa confiance en lui. C’est vrai dans tous les domaines, aussi bien à la maison quand on donne trop de responsabilités à un enfant, que dans le sport, où on attend qu’il se place parmi les meilleurs, et particulièrement dans le domaine scolaire où la pression parentale est souvent forte. S’il faut bien sûr encourager l’enfant dans ses efforts, des attentes trop élevées peuvent cependant être à l’origine d’inhibitions : par peur de l’échec, il arrive en effet que des enfants n’osent plus s’investir dans leurs apprentissages. Il est donc important de faire comprendre à l’enfant que l’amour que ses parents lui portent ne dépend pas de son carnet de notes, qu’il ne déchoit pas s’il se trompe.
Les causes d’un manque de confiance en soi sont bien sûr multiples : un déménagement, un deuil, la séparation des parents, ou même un événement paraissant minime aux yeux d’un adulte, la perte d’un « trésor », une dispute avec un camarade, un cauchemar peuvent être à l’origine d’un repli de l’enfant sur lui-même. Parfois encore, c’est un enfant qui a du mal à trouver sa place dans la fratrie. Dans certains cas, la découverte d’une activité sportive ou artistique apporte à l’enfant un moyen d’expression et la possibilité de se valoriser à ses yeux et à ceux des autres. Mais si chaque cas est particulier, le dialogue est toujours à privilégier pour accompagner au mieux l’enfant dans ce que l’auteur appelle « son apprentissage de l’harmonie et de l’accord avec soi-même et avec les autres ». Un apprentissage qui commence très tôt et se poursuit toute la vie...
La confiance en soi, de Marie-Bernard Chicaud, éditions Bayard.
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Catherine Le Palud
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