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23/05/2002
Pour mieux réussir : aller à l’école… avant l’école

(MFI) L’éducation pré-primaire reste rare en Afrique subsaharienne : seul un enfant sur dix en bénéficie sur l’ensemble de la région. Ses effets positifs sur la réussite scolaire des élèves et même, à plus long terme, sur leur devenir professionnel et social ont pourtant été démontrés par plusieurs études.

Accueillant des enfants à partir de l’âge de 3 ans, souvent 4 ans − c’est le cas notamment dans un certain nombre de pays d’Afrique centrale et de l’Ouest, Bénin, Burkina Faso, Mali, Niger, Centrafrique ou Sénégal −, plus rarement 5 ans, comme en Erythrée ou en Tanzanie, l’éducation pré-primaire vise essentiellement à préparer ces très jeunes élèves à leur futur environnement scolaire. L’impact bénéfique de cette préscolarisation a été largement reconnu au cours des dernières décennies et de nombreux programmes ont été créés dans le monde pour répondre à ce besoin. Son rôle consiste à favoriser la socialisation du jeune enfant, son apprentissage du langage et de l’autonomie, et à commencer à développer chez lui les compétences nécessaires à la lecture, l’écriture et l’arithmétique. Des acquis qui facilitent son adaptation à l’école élémentaire et augmentent ses chances de réussite.
Dans la plupart des systèmes éducatifs d’Afrique subsaharienne cependant, l’enseignement pré-primaire n’occupe encore aujourd’hui qu’une place tout à fait marginale. Selon les dernières données recueillies en 1998 par l’Institut de statistiques de l’Unesco, on ne comptait cette année-là qu’environ 4 millions d’enfants inscrits à ce niveau d’enseignement pour l’ensemble de la région. En fait, un enfant sur dix seulement est concerné par ces programmes, moins encore en Afrique centrale et de l’Ouest, où à peine plus de 7 % des enfants bénéficient d’une éducation préscolaire. En outre, dans cette région, l’accès limité à cet enseignement se fait souvent en faveur des garçons puisque les filles ne constituent que 45 % des effectifs. Elles sont en revanche plus nombreuses dans les pays du sud et de l’est du continent où elles représentent 51 % des inscrits dans le pré-primaire.

Davantage d’établissements dans les pays anglophones

Le développement de ces structures est en fait très inégal d’un pays à l’autre. Ainsi, en Afrique australe et de l’Est, le taux de scolarisation varie de 0,5 % à Djibouti à 99,8 % à Maurice… Des disparités qui « épousent parfois des contours linguistiques », souligne le rapport de l’Unesco, dont les auteurs observent une nette différence entre un petit groupe de pays anglophones où les niveaux de scolarisation pré-primaire sont assez élevés (par exemple au Liberia avec 48 %, au Kenya avec 39 % ou en Gambie avec 26 %) et un autre groupe, majoritairement francophone, où les taux sont extrêmement bas, souvent inférieurs à 5 % (c’est notamment le cas en Côte d’Ivoire, au Sénégal ou au Togo, avec 3 %, au Mali avec 2 %, au Burkina Faso avec 1,8 % ou encore au Niger avec 1,1 %).
Le rôle prépondérant que jouent les écoles privées dans l’éducation pré-primaire démontre également le faible engagement dans ce domaine des pouvoirs publics. Accueillant plus de huit enfants scolarisés sur dix dans l’ensemble de la région, le secteur privé assure même la totalité de cet enseignement dans plusieurs pays tels l’Ethiopie, le Kenya, le Soudan ou le Togo. Mais si l’éducation préscolaire en Afrique subsaharienne « ne fait toujours pas partie des domaines prioritaires des politiques éducatives », qui concentrent leurs efforts sur le primaire, son développement figure cependant parmi les objectifs fixés il y a deux ans à Dakar lors du Forum mondial sur l’éducation.

Un antidote contre la pauvreté

Plusieurs études ont en effet mis en évidence l’efficacité des programmes préscolaires à la fois sur l’aptitude intellectuelle, le comportement et la santé des enfants, et cela tant à court terme qu’à échéance de plusieurs années. Comme le rappelle David P. Weikart, spécialiste de la petite enfance, président de la High/Scope Educational Research Foundation, un organisme de recherche aux Etats-Unis, dans un ouvrage récent, il a notamment été démontré que, chez les enfants pauvres, la participation à un cycle préscolaire améliore durablement leurs performances, y compris à l’âge adulte.
Cet auteur indique ainsi que, mieux préparés à la vie scolaire, ils sont en effet beaucoup moins nombreux à avoir besoin de cours de rattrapage spéciaux, à redoubler une classe ou à connaître de sérieux problèmes de comportement. Des effets bénéfiques qui continuent à se faire sentir à l’adolescence et à l’âge adulte : plus nombreux à achever leurs études secondaires et à réussir leur insertion professionnelle, ils commettent moins d’actes de délinquance et les jeunes filles évitent davantage les grossesses précoces. Pour David P. Weikart, l’éducation pré-primaire peut donc être « un antidote efficace contre la pauvreté ».


Afrique subsaharienne : rapport régional. Statistiques et indicateurs de l’éducation, 1998/99, Institut de statistiques de l’Unesco.
L’éducation de la petite enfance : l’offre et la demande, par David P. Weikart, Institut international de planification de l’éducation (IIEP).



Catherine Le Palud

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