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06/06/2002
Parents-enfants : évitons les malentendus

(MFI) De nombreux problèmes relationnels entre parents et enfants, voire psychologiques et scolaires chez ces derniers, n’ont d’autre cause qu’une mauvaise communication. De nombreux adultes oublient en effet que les enfants ont un mode de raisonnement et de compréhension spécifique, très différent du leur. Une meilleure prise en compte des mécanismes de pensée de l’enfant évite bien des difficultés.

Depuis quelques temps, Daniel, un petit garçon de quatre ans, est saisi d’une terrible angoisse au moment d’aller se coucher. Il est persuadé que des « chiens dangereux » rôdent partout dans la maison, sur le toit et jusque dans sa chambre. Au bout de quelques semaines, l’origine de cette peur est enfin découverte, tout à fait par hasard. Son père raconte en effet qu’après le passage d’un ouragan dans la région, un ami couvreur était venu inspecter la maison. Arrivé dans la chambre de Daniel, cet ami fait part de son inquiétude concernant les chiens-assis qu’il estime « dangereux ». L’enfant, présent, demande alors où ils se trouvent. « A plusieurs endroits sur la toiture, répond alors l’ami, mais en particulier celui qui se trouve au-dessus de ton lit »…
Racontée dans un ouvrage récent (1) par les Américains Denis Donovan et Deborah McIntyre, respectivement pédopsychiatre et thérapeute pour enfants, cette anecdote illustre bien le décalage qui peut exister entre le langage des adultes et ce qu’en comprennent les enfants. Comment Daniel aurait-il pu en effet deviner qu’un chien-assis est une lucarne servant à éclairer les combles ? On a tendance à oublier que les mots que nous utilisons sont souvent porteurs de sens multiples, « inoffensifs dans un cas mais terrifiants dans un autre ».
Car si les adultes ont l’habitude de jongler avec les expressions et métaphores, les enfants, eux, n’ayant pas la même connaissance de ces subtilités, s’arrêtent souvent au sens littéral des mots et peuvent être frappés par la force d’évocation d’une image. Souvent ces quiproquos, rapidement éclaircis, ne portent pas à conséquence et amusent plutôt les parents. Mais dans certains cas ils peuvent, comme le montre l’histoire de Daniel, perturber fortement l’enfant et déclencher subitement chez lui angoisse de séparation ou troubles du sommeil. C’est en réfléchissant au sens que peuvent avoir pris pour lui certains événements ou discussions des jours précédents que l’on peut alors l’aider à évacuer cette angoisse.


Besoin d’être rassuré sur le monde qui l’entoure

Il ne faut pas s’étonner qu’un mot mal compris puisse avoir de telles répercussions chez le petit enfant, indiquent les deux psychothérapeutes. Car si ses dizaines d’années d’expériences ont permis à l’adulte de se convaincre de la stabilité du monde et de développer un sentiment de sécurité, il n’en va pas de même pour l’enfant. Pour lui, rien n’est évident, rien n’est sûr. Et c’est donc tout le rôle des parents, particulièrement dans les premières années, de le rassurer, de le convaincre qu’il peut « avoir confiance dans le monde, qu’il est solide, (…) que tout va bien se passer. Parce que l’enfant, lui, ne sait pas ».
C’est la raison pour laquelle, insistent les auteurs, il est important que les éducateurs, parents comme enseignants, veillent à la cohérence de leurs propos et de leurs actes et qu’ils s’efforcent d’adopter un comportement prévisible pour l’enfant. Ce dernier, pour développer son sentiment de sécurité, a besoin d’une grille de lecture stable, qui ne change pas en fonction des jours ou des circonstances. Comment, par exemple, peut-il se comporter quand une broutille qui fait habituellement rire ses parents provoque soudain chez eux, parce qu’ils sont fatigués à ce moment-là, un accès de colère ? Alterner les phases de laxisme et d’autoritarisme ne fait que générer de l’anxiété chez le jeune enfant. C’est au contraire la constance des messages et du comportement de son entourage qui permet au petit de se structurer, de comprendre les règles et les limites, et de prendre confiance dans sa capacité à s’adapter correctement à son environnement.


Une logique implacable

Les enfants sont très observateurs et très attentifs aussi aux propos qu’échangent entre eux les adultes, même lorsqu’ils ne s’adressent pas à eux. On est jamais trop vigilants par rapport à « ces oreilles qui traînent », susceptibles de récolter des informations qui ne leur sont pas destinées mais peuvent les troubler. Ces bribes d’informations, que l’enfant parvient mal à décoder, tout comme les non-dits des parents, peuvent avoir des effets particulièrement néfastes. Non seulement la confiance de l’enfant dans ses parents peut être mise à mal s’il a l’impression qu’on le trompe ou qu’on lui cache des choses ; mais en outre les lacunes d’explications seront comblées par l’enfant lui-même et sa logique propre. Une logique implacable qui fait par exemple dire à un petit garçon, comme le rapportent Denis Donovan et Deborah McIntyre : « Un papa ne quitterait jamais un enfant gentil, alors ça doit être ma faute »…
« Ecoutez attentivement vos propos et ceux des autres », conseillent donc les deux spécialistes. Car, selon eux, une plus grande attention à la logique du langage permet de mieux comprendre son enfant et les interprétations qu’il tire de son vécu, de mieux communiquer avec lui, et donc finalement d’enrichir sa relation avec lui.

(1) Qu’est-ce que je viens de te dire ?, par Denis Donovan et Deborah McIntyre, InterEditions, Dunod.


Catherine Le Palud

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