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20/06/2002
Scolarisation : le sida alourdit la facture

(MFI) Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, le sida compromet gravement les avancées en matière d’éducation. Plus que jamais pourtant, il est crucial de donner à l’école les moyens de remplir sa mission auprès du plus grand nombre possible d’enfants : son rôle en matière de prévention contre la maladie est en effet reconnu comme l’un des plus efficaces.

Des élèves privés d’enseignants, des enfants contraints de s’occuper de leurs familles frappées par la maladie, des orphelins qui n’ont plus les moyens de suivre leur scolarité : dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, parmi lesquels se trouvent ceux les plus affectés au monde, l’épidémie de sida met à mal les efforts déployés pour assurer une éducation de base pour tous. Et la réalisation des objectifs fixés à Dakar il y a deux ans, lors du Sommet mondial pour l’Education, devient, dans ce contexte, plus difficile et plus incertaine encore.
Avec l’augmentation dramatique des décès chez les enseignants au cours des dernières années, l’impact du sida sur les systèmes éducatifs est en effet considérable, affectant le fonctionnement de nombre d’écoles ainsi que la qualité de l’enseignement. On estime ainsi qu’en 1999, 860 000 enfants d’Afrique subsaharienne ont perdu leur enseignant emporté par le sida. Une enquête réalisée en République centrafricaine montre que 85 % des enseignants décédés entre 1996 et 1998 sont morts du sida, dix ans en moyenne avant l’âge où ils auraient dû prendre leur retraite.
Un pays comme la Zambie, par exemple, a vu le nombre de décès chez les enseignants passer de 680 en 1996 à 1300 deux ans plus tard. Et les projections qui y ont été faites indiquent un déficit d’environ 3900 enseignants en 2010, et cela dans l’hypothèse d’un taux de scolarisation relativement bas accompagné d’un fort taux d’abandon chez les orphelins et les filles. Or le remplacement de ces professionnels engendre des surcoûts considérables. Les efforts de formation nécessaires pour faire face à cette situation ont ainsi été chiffrés à environ 25 millions de dollars d’ici 2010 en Zambie, à deux fois plus au Mozambique.


Des orphelins et des filles privées d’éducation

L’épidémie constitue un autre frein à la généralisation de l’accès à l’enseignement primaire dans la mesure où elle éloigne de nombreux enfants de l’école. Beaucoup de familles frappées par la maladie subissent en effet une baisse de leurs revenus, et n’ont plus dans ces conditions les moyens d’assurer une scolarité pour chacun de leurs enfants : celle des filles est alors plus facilement sacrifiée. Pour les mêmes raisons, il devient très difficile pour les nombreux orphelins dont l’un des parents voire les deux ont été emportés par le sida de poursuivre leurs études.
Dans certains pays, comme au Zimbabwe par exemple, des mesures incitatives, sous forme de bourses ou de subventions, ont par conséquent été prises pour favoriser la scolarisation de ces enfants repérés comme étant vulnérables. Mais là encore le sida vient considérablement alourdir les dépenses d’éducation. Selon la Banque mondiale, le coût du maintien à l’école d’un orphelin représente 50 dollars par an. En incluant les frais supplémentaires occasionnés par le remplacement et la formation des enseignants, l’institution internationale estime que l’épidémie ajoute entre 450 et 550 millions de dollars par an à la facture prévue pour réaliser les objectifs de l’Education pour tous dans 33 pays africains étudiés.


L’éducation, un rempart efficace contre la maladie

Dans un récent rapport, d’ailleurs intitulé Education et sida : une fenêtre d’espoir, la Banque mondiale souligne cependant le caractère crucial que prennent aujourd’hui les efforts en matière de scolarisation. Car l’école joue un rôle sans doute irremplaçable dans la lutte contre l’épidémie. Une efficacité qui tient notamment à sa capacité à toucher à la fois les jeunes enfants âgés de 5 à 14 ans, à une période de leur vie où ils sont particulièrement réceptifs aux messages de prévention, et au-delà leurs parents et communautés. L’école est également pour beaucoup de jeunes le seul endroit où ils peuvent trouver des conseils pratiques concernant leur vie sexuelle, un sujet qui leur est difficile d’aborder ailleurs, compte tenu du caractère tabou qu’il conserve encore souvent.
Plusieurs études, citées dans le rapport, démontrent d’ailleurs l’impact de l’éducation sur le comportement des jeunes, et notamment sur leurs pratiques sexuelles, un impact qui se traduit par exemple en Zambie par des taux d’infection nettement plus bas chez les jeunes de 15 à 19 ans qui ont un bon niveau d’éducation, par rapport à ceux dont le niveau est resté faible. Cet effet protecteur à l’égard du sida semble particulièrement sensible chez les jeunes femmes qui accèdent aux études secondaires. Plusieurs enquêtes montrent en effet que plus les jeunes filles sont éduquées, plus elles ont tendance à retarder l’âge des premiers rapports sexuels ou encore à exiger de leur partenaire l’utilisation du préservatif.


Catherine Le Palud

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