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29/08/2002
Echec scolaire : la cote d’alerte est atteinte

(MFI) S’il est aujourd’hui en Afrique subsaharienne un phénomène inquiétant, c’est bien celui des échecs scolaires dans le secondaire. Ces cinq dernières années, sur 100 élèves ayant présenté un examen, près de 75 en moyenne ont échoué. Pouvoirs publics, enseignants, parents et élèves : tous portent une part de responsabilité dans ces résultats médiocres.

Catastrophiques, scandaleux, effrayants… Au Cameroun, les élèves manquent d’adjectifs pour qualifier les résultats du baccalauréat 2002. Sur l’ensemble du territoire national, près de 80 % des candidats à cet examen de fin du second cycle ont échoué. Au Congo-Brazzaville, la situation n’est pas plus reluisante. Sur 13 165 candidats au baccalauréat de l’enseignement général, 10 000 ont mordu la poussière dès le premier tour. Au Togo, les résultats du probatoire (encore appelé baccalauréat 1, cet examen se passe en fin de classe de première) ont été médiocres en 2002 : près de 65 candidats sur 100 l’ont raté. Quant au brevet d’études du premier cycle (Bepc), plus de la moitié des candidats togolais n’ont pu l’obtenir. Les jeunes Maliens, eux aussi, ont fait la triste expérience de l’échec scolaire. En 2001, un peu plus de 75 % des candidats de terminale ont complètement raté leurs épreuves.

Un taux élevé de redoublements

La série noire aux examens officiels n’est pas la seule forme sous laquelle l’échec scolaire se manifeste. Il y a aussi le taux de non-passage en classe supérieure. « Le niveau des redoublements est relativement élevé en Afrique subsaharienne, avec un chiffre médian qui révèle que les redoublants représentent près de 17 % des effectifs ; dans un quart des pays, ce pourcentage est compris entre 26 % et plus », indique un rapport de l’Institut des statistiques de l’Unesco, publié en 2001. Le rapport précise aussi que le phénomène de redoublement est plus important en Afrique centrale et de l’Ouest, avec un pourcentage médian de 24 % contre environ 12 % en Afrique australe et de l’Est.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer la déroute scolaire au sud du Sahara. En juillet 2002, le ministre camerounais de l’Education nationale a placé la grogne permanente des enseignants à l’origine des résultats catastrophiques du baccalauréat. Selon Joseph Owona, les grèves répétées observées par les professeurs de lycée ont empêché les élèves de terminale de suivre tous les cours normalement prévus et les ont pénalisés.


Les pouvoirs publics « clochardisent » les enseignants

« Nous prenons acte de ces accusations ; mais nous tenons à rappeler aux autorités camerounaises qu’elles sont en grande partie responsables des résultats scandaleux enregistrés au baccalauréat 2002 », réagit le responsable d’un syndicat d’enseignants. Et de préciser : « Si les textes particuliers contenus dans le statut des enseignants, qui dorment depuis plusieurs mois dans les tiroirs de la Présidence de la République, avaient été signés, les enseignants n’auraient pas fait grève. »
Comme au Cameroun, les enseignants du secteur public de nombreux pays se plaignent d’être traités par les autorités comme des clochards. Ils s’estiment lésés et réclament des primes qui tiennent compte de l’ampleur de leur travail. Pour eux, les débrayages multiples en pleine année scolaire sont des moyens de revendication de meilleures conditions de vie et de travail. Ils entendent ainsi envoyer un signal fort aux responsables. « Malheureusement, notre signal est ignoré par ses destinataires, les autorités ; plutôt que de prêter une oreille attentive à nos doléances, elles préfèrent nous menacer, nous intimider, nous misérer », déclare un enseignant togolais. En 2001, au Togo, le ministre de l’Education a licencié certains enseignants vacataires qui réclamaient… leurs salaires !


Quand élèves et parents sombrent dans la facilité

Les difficiles conditions dans lesquelles les enseignements sont dispensés dans de nombreux pays peuvent aussi expliquer les échecs scolaires. Le nombre de salles de classe est relativement faible, les effectifs sont pléthoriques dans les classes d’examen… Et les gouvernements semblent très peu s’en préoccuper.
Mais les élèves et leurs parents ont aussi une part de responsabilité dans l’expansion du phénomène. Dans de nombreuses familles, il n’y a aucun suivi des enfants. « Dès qu’ils sortent de l’école et rentrent chez eux, nombre d’élèves sont abandonnés à eux-mêmes ; ils ne révisent pas leurs leçons et passent des heures devant la télé, y compris avec leurs parents », raconte Alain, un Guinéen. En clair, les élèves n’étudient plus suffisamment. Ils attendent que leurs parents leur achètent des épreuves – s’il y a des fuites – à l’approche des examens. L’année scolaire 2002-2003 démarre, ce mois de septembre, dans la plupart des lycées et collèges en Afrique. Les parents, les élèves, les enseignants et les pouvoirs publics vont-ils déployer des efforts pour la rendre moins catastrophique ?


Gervais Nitcheu

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