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12/09/2002
Afrique : élèves cherchent Internet désespérément

(MFI) En pleine expansion dans certains milieux africains, économiques et scientifiques notamment, Internet est sinon inexistant, du moins très discret dans l’écrasante majorité des écoles du continent noir. Cette nouvelle technologie reste du domaine du rêve pour les élèves du secteur public. Seule une poignée d’écoles ou de centres de formation privés la propose.

Un ordinateur pour cinquante élèves dans des établissements privés, zéro ordinateur pour des millions d’élèves de lycées et collèges d’Etat. En Afrique, le niveau d’équipement des écoles est extrêmement faible, voire nul. Car ni l’ordinateur ni Internet ne font partie des priorités. « Chez nous, au Congo-Brazzaville, les écoles manquent de craies, de tables-bancs, de salles, d’enseignants, de toilettes, et vous nous parlez d’ordinateur ! Vous vous moquez de nous ou quoi ! », s’exclame Patricia. Cette habitante de Makélékélé, un quartier de Brazzaville, ajoute : « Quand j’étais à l’université Marien Ngouabi, nous avions, en deuxième année, une unité de valeur en informatique ; mais nous n’avons jamais vu un ordinateur à l’œil nu. Le professeur se promenait dans la salle avec un ordinateur en photo et montrait cette image à chaque étudiant ; aujourd’hui, les choses n’ont pas beaucoup changé. » Dans la plupart des écoles publiques congolaises – que ce soit au niveau primaire, secondaire ou supérieur –, Internet est encore « un rêve en couleur ».

Fracture numérique au sein des pays

Comme les jeunes Congolais, les élèves burkinabè et centrafricains qui fréquentent les établissements publics ne connaissent pas l’outil informatique. « Aucun lycée de Ouagadougou ou de Bobo-Dioulasso, les deux grandes villes du Burkina Faso, n’est connecté au réseau des réseaux », affirme Yaméogo, avant de s’étonner : « Pourtant, le réseau de téléphone fixe dans notre pays est très performant. »
Situation quasi similaire en République centrafricaine. A Bangui comme dans d’autres localités du pays, à l’heure qu’il est, Internet n’a pénétré que quelques établissements de formation professionnelle. « Ces structures sont payantes, et la formation y coûte très cher », souligne Blaise. Et ce journaliste centrafricain de préciser : « Pour qu’un élève découvre Internet, il faut qu’il ait des parents très riches. » De toute évidence, la fracture numérique est bien réelle à l’intérieur même des pays africains.

Beaucoup de discours, peu d’actes

Dans nombre d’Etats au sud du Sahara, des initiatives se multiplient pour réduire cette fracture. En 1999, Habib Ndao, aujourd’hui directeur d’une société de communication multimédia, avait mis sur pied un projet qui visait à former des maîtres d’écoles primaires et des professeurs de lycées, ainsi que leurs élèves à l’outil informatique et à l’utilisation d’Internet dans la région de Louga, au nord du Sénégal. Le projet, qualifié de révolutionnaire par de nombreux observateurs, a malheureusement fait long feu, à cause de l’alternance intervenue à la tête de la région. En mars 2000, un nouveau conseil régional a été élu à Louga. « Notre contrat, qui arrivait à expiration à cette date, n’a pas été renouvelé par le nouveau conseil régional ; la conséquence, c’est que nous n’avons finalement pas pu développer le quatrième volet de notre projet, qui consistait à familiariser les élèves à Internet. Et c’est dommage », regrette Habib Ndao. Pourtant, le Sénégal fait partie des pays africains les plus avancés en matière de nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Au Cameroun, il y a environ deux ans, le président de la République, Paul Biya, s’était publiquement engagé à équiper un lycée par province d’ordinateurs et d’accès Internet. Depuis, sur les 10 lycées concernés, seuls deux bénéficient de l’outil informatique. Les deux établissements, qui se trouvent à Yaoundé, la capitale, ont été connectés à Internet en février 2002. « Nous, en province, continuons d’attendre ; mais Internet ne vient pas », ironise Christophe, un lycéen vivant à Douala, la capitale économique.
Comme leurs camarades camerounais, qui attendent la réalisation intégrale de la promesse du chef de l’Etat, les élèves du Congo-Brazzaville ont tous le regard tourné vers Sassou Nguesso. Le président congolais a créé, il y a quelques mois, un ministère des Nouvelles technologies de l’information et de la communication. « Nous espérons que ce ministère va enfin ouvrir les portes des lycées et collèges du Congo à Internet », indique Jules, élève à Pointe-Noire. La connexion des lycées, collèges d’Etat et universités d’Etat semble, pour l’heure, effective dans les discours politiques. Dans les actes, en revanche, elle reste utopique.


Gervais Nitcheu

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