|
|
11/10/2002
|
L’enseignement à distance, accès à la reconnaissance universelle
|
(MFI) Dans la plupart des pays au sud du Sahara, la qualité des enseignements se dégrade au fil des ans. Pour bénéficier d’une formation universellement reconnue, plusieurs milliers d’élèves africains se croient obligés de s’intégrer dans les systèmes scolaires des pays du Nord. Parmi ceux-ci, les élèves inscrits au Centre national d’enseignement à distance, basé à Poitiers en France.
|
Depuis une décennie environ, les diplômes délivrés par nombre d’écoles africaines ne sont plus ou pas reconnus en Occident. L’enseignement à distance apparaît donc de plus en plus aux jeunes Africains comme une solution d’accès à une formation internationalement appréciée. Pour l’année scolaire 2002-2003, les effectifs des élèves du continent inscrits au Centre national d’enseignement à distance (Cned) ne sont pas encore rendus publics. En raison de la poursuite des inscriptions. Mais au cours de l’année écoulée, sur les 400 000 personnes qui ont suivi les enseignements du Cned, du cours préparatoire à l’université, on en dénombrait 8 062 vivant en Afrique.
Le baccalauréat français ouvre des portes
L’écrasante majorité de ces élèves sont mus par la ferme volonté d’obtenir un diplôme français. Prosper, inscrit cette année en terminale, souhaite vivement décrocher le baccalauréat. « Mon seul objectif, c’est le baccalauréat délivré par le ministère français de l’Education », souligne-t-il. Et d’ajouter : « Ce diplôme est le seul moyen pour moi de m’inscrire dans une université en France, et d’avoir le visa français pour aller poursuivre mes études supérieures dans ce pays développé. » Comme ce jeune Congolais de Brazzaville, plusieurs milliers d’élèves en Afrique au sud du Sahara sont convaincus que le baccalauréat français est une clé passe-partout. Il ouvre beaucoup de portes. Comme d’ailleurs la plupart des diplômes français : sur le continent africain, leurs titulaires ont de fortes chances de trouver un emploi.
« Ici, les employeurs ont un complexe face aux personnes qui ont un diplôme français », affirme Laurent, Camerounais de Douala inscrit au Cned. De fait, la dégradation considérable de la qualité des enseignements dispensés dans les écoles africaines, publiques ou privées, rend nombre de chefs d’entreprises en Afrique très méfiants vis-à-vis des élèves ayant suivi tout leur cursus sur le continent. « Les programmes scolaires concoctés par le ministère de l’Education nationale, ici au Togo, sont très souvent boycottés par les enseignants, qui sont tout le temps en grève », explique Guy. Et ce patron d’ajouter : « Comment voulez-vous que nous fassions confiance à des élèves formés au rabais ? » Au Cned, les programmes sont mieux suivis que dans la plupart des établissements scolaires en Afrique.
Une cinquantaine de devoirs par an
Que ce soit dans les écoles africaines travaillant avec le Cned ou pour des élèves africains inscrits individuellement, les cours se déroulent relativement bien. Le Cned organise l’emploi du temps de chaque élève, lui envoie tous les fascicules au début de l’année. Les élèves font régulièrement les exercices du livre du Cned, sous la surveillance des répétiteurs. Au moins 50 devoirs sont proposés à chacun d’eux au cours d’une année scolaire. « Lorsque les professeurs du Cned donnent ces devoirs aux élèves, ceux-ci sont tenus de les faire et de les envoyer en France où ils sont corrigés », indique Claire Boisroux, la responsable des Relations avec les écoles françaises hors métropole à l’Institut de Rennes, l’un des établissments du Cned. Pour de nombreux inscrits, ce rythme de travail est un gage de sérieux et surtout la meilleure manière de leur donner une formation solide. « Quand je suivais les cours dans l’école de mon pays, mes camarades et moi passions parfois un trimestre entier sans faire de devoirs », note Claude, un Rwandais. Et d’ajouter : « Avec le Cned, je suis obligé de travailler tous les jours pour être au top niveau, car le Centre nous propose presque tous les trois jours un devoir, qui nous permet de contrôler nos connaissances. ».
L’enseignement à distance semble ainsi avoir de beaux jours devant lui sur le continent africain. Surtout si les pouvoirs publics locaux ne prennent pas conscience de la nécessité impérieuse de redéfinir la politique de l’éducation.
|
Gervais Nitcheu
|
|
|