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24/04/2003
Mobilisation pour la scolarisation des filles

(MFI) La Semaine mondiale de l’éducation pour tous s’est déroulée du 6 au 13 avril 2003. L’occasion pour les acteurs du secteur d’appeler à l’intensification de la scolarisation des filles. Celles-ci constituent l’écrasante majorité des enfants exclus du système scolaire dans le monde en général, en Afrique en particulier.

Les deux tiers des 861 millions d’adultes analphabètes dans le monde sont des femmes, et sur l’ensemble des enfants non scolarisés, estimé à 115,4 millions, environ 56 % sont des filles. Ces statistiques que vient de rendre publiques le rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous 2002, intitulé Le monde est-il sur la bonne voie ?, font froid dans le dos. Elles montrent bien que les disparités garçons-filles dans l’éducation sont encore très importantes. Et l’Afrique semble être le berceau du phénomène.

Des jeunes filles considérées comme des mères-bis

Sur ce continent, de nombreux parents avancent, en effet, une multitude de raisons pour expliquer le maintien de leurs filles hors de l’école. Dans nombre de foyers familiaux, les filles se voient confier des tâches ménagères, celles que la société assignent à leurs mères. A la maison, elles font en quelque sorte office de mères-bis. « Les filles restent à la case pour aider leur mère aux champs, pour s’occuper de leurs jeunes frères et soeurs, pour aller chercher de l’eau aux marigots ou aux puits et faire la vaisselle et la lessive », résume Raoul, jeune sociologue congolais.
En outre, dans de nombreux villages africains, notamment lorsque la population est musulmane, certains chefs de famille sont convaincus que l’éducation est inutile dans leurs sociétés où les filles sont censées se marier très jeunes et se cantonner au petit cercle familial. « Que voulez-vous que ma fille aille faire à l’école, quand je sais que je la donnerai en mariage à l’âge de 13 ans, c’est-à-dire avant la fin de son cycle primaire ? C’est une perte de temps et d’argent ! », affirme Moussa, un sexagénaire burkinabé. Et ce polygame, père de 13 enfants dont neuf filles, d’ajouter, furieux : « D’ailleurs, vous savez qu’envoyer aujourd’hui sa fille à l’école, c’est prendre de très gros risques ; vous savez bien de quoi je parle. » Moussa fait non seulement allusion à la cherté des livres scolaires – dont les prix restent inaccessibles aux bourses des familles pauvres –, mais aussi aux actes de harcèlement sexuel dont les jeunes filles sont parfois victimes sur le chemin de l’école ou même à l’école, de la part de certains élèves plus âgés ou d’enseignants.

Des voix s’élèvent pour réclamer des mesures

La situation est donc très préoccupante. « Ne sachant ni lire ni écrire, des millions de fillettes et de femmes ne peuvent défendre leurs droits et sont pour la plupart piégées, leur vie durant, dans un cycle de pauvreté », soutient l’Internationale de l’éducation. Et la fédération de syndicats d’enseignants d’ajouter : « Alors que se rapproche l’échéance de 2005, il faut redoubler d’efforts pour réaliser l’objectif de Dakar d’éliminer les disparités entre les sexes dans l’éducation. » A Dakar s’était tenu, en avril 2000, le Forum mondial sur l’éducation, au cours duquel six objectifs en matière d’éducation avaient été définis.
Dans un message adressé à la communauté internationale le 9 avril 2003, dans le cadre de la Semaine d’action de la Campagne mondiale pour l’éducation, Kofi Annan a réitéré la position de l’Internationale de l’éducation, en insistant sur la nécessité de prendre des mesures d’urgence en vue d’accélérer la scolarisation des filles. « Pour que les efforts déployés en vue de bâtir un monde plus sain, plus pacifique et plus équitable aboutissent, les classes, dans le monde entier, doivent être remplies d’autant de filles que de garçons », a déclaré le secrétaire général des Nations unies (Onu). Et de marteler: « Chaque année supplémentaire de scolarité pour les filles nous rapproche davantage d’un monde libéré de la misère et de la maladie. » Car lorsque les filles sont éduquées, le taux de mortalité infantile et maternelle baisse, la productivité agricole s’accroît ainsi que le revenu par habitant. C’est ce que démontrent de nombreuses études reprises par plusieurs chefs d’agences des Nations unies dont James Wolfensohn, le président de la Banque mondiale, Mark Malloch Brown, l’administrateur du Programme des nations unies pour le développement ou Koïchiro Matsuura, le directeur général de l’Unesco.

« Repas gratuits, écoles proches du domicile... »

Ces responsables d’institutions spécialisées de l’Onu soulignent la pléthore de retombées positives de l’éducation des filles et insistent sur la nécessité d’investir en ce sens. « Nous devons explorer toutes les voies qui ouvrent les portes de l’école aux filles », indiquent-ils, avant d’énumérer les mesures qui, selon eux, doivent être prises. Il s’agit, entre autres, de l’embauche d’enseignantes là où elles sont encore minoritaires et de la formation de tous les enseignants afin qu’ils aient des attitudes positives envers les filles. « Dans de nombreuses régions très pauvres d’Afrique, d’autres éléments – W.C. séparés, eau potable, repas gratuits et écoles de petite taille proches du domicile – ont un impact direct sur la progression de la fréquentation et de l’apprentissage des filles », déclarent-ils. En somme, une batterie de mesures à mettre urgemment en œuvre, pour sortir des millions de filles africaines de l’ignorance. Il y a du pain sur la planche.

Gervais Nitcheu

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