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16/01/2004
France - Côte d’Ivoire : la normalisation des relations en perspective

Un an après la signature à Marcoussis d’un accord de réconciliation nationale inter-ivoirien, Paris et Abidjan paraissent prêts à s’engager dans une normalisation qui pourrait être le prélude à un nouveau partenariat devant sceller les retrouvailles entre les deux pays.

Attendu en France, après plusieurs reports, pour une visite de travail envisagée courant février, le président ivoirien Laurent Gbagbo devrait avoir un échange « en tête à tête », jugé « décisif », avec le chef d’État français, Jacques Chirac. « Mais il veut d’abord se rendre à Bouaké (dans le nord) pour y proclamer la fin de la guerre, déjà officiellement annoncée en juillet 2003 par les combattants des Fanci (Forces armées ivoiriennes) et les Forces nouvelles (FN, ex-rebelles) », précise-t-on à Paris. Où l’on se félicite de l’accélération du processus de réconciliation inter-ivoirien soutenu par la France, observée depuis la réunion de Libreville le 21 novembre 2003 entre Laurent Gbagbo et le chef de la diplomatie française Dominique de Villepin. Cette accélération s’est traduite fin 2003 et début 2004 par une adhésion « totale » du président ivoirien au processus de Marcoussis, et a vu le retour des rebelles au sein du gouvernement de réconciliation nationale.
Du côté français on reste toutefois circonspect, en relevant qu’il existe « des deux côtés » des durs qui cherchent toujours à bloquer le processus, ainsi que des éléments incontrôlés à Abidjan et dans le nord et l’ouest du pays, théâtre de violents affrontements entre ivoiriens de souche et cultivateurs originaires du Burkina Faso ou d’autres pays voisins.


Le rôle de l’ONU

« L’important est que la France, présente depuis septembre 2002 à travers l’opération Licorne (qui compte actuellement quelque 4.000 militaires chargés de protéger le cessez-le-feu et de sécuriser le terrain, en coopération avec quelque 1.400 hommes de la CEDEAO NDLR) , ne puisse pas être soupçonnée de favoriser tel ou tel camp », souligne, à la mi-janvier, un responsable français. Il précise que Paris qui a bénéficié dans son action aussi bien du soutien de ses partenaires européens qu’américains et de celui de l’Union africaine et du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, attendait avec impatience la décision du Conseil de sécurité sur l’envoi de casques bleus en Côte d’Ivoire, incluant le contingent de la CEDEAO.
On rappelle que Kofi Annan a recommandé, début janvier, au Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement d’une force de maintien de la paix des Nations Unies de 6.240 personnes, dont 200 observateurs militaires, avec un volet civil pour assurer une assistance notamment dans les domaines électoral, du désarmement et de la réinsertion, de la police civile et judiciaire. Il pose toutefois comme condition que les parties ivoiriennes progressent suffisamment sur certains points, comme l’engagement des Forces Nouvelles à rester dans le gouvernement jusqu’à ce que celui-ci ait mené à terme son programme de travail, et que les élections se tiennent en 2005.
Les parties ivoiriennes doivent aussi démanteler les milices et empêcher les activités perturbatrices des différents groupes de jeunes. Le gouvernement doit de son côté mener à terme l’examen des réformes envisagées dans l’accord de Marcoussis, en particulier en ce qui concerne la nationalité, le régime foncier, les questions électorales, les médias et les droits de l’homme. Si des progrès suffisants ont été effectués d’ici le 4 février 2004 - date d’expiration des mandats de la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (MINUCI) ainsi que de la Mission de la CEDEAO (ECOMISI) et de l’opération Licorne -, Kofi Annan demandera au Conseil de sécurité le feu vert pour une opération de maintien de la paix sous le drapeau de l’ONU. Le secrétaire général a souligné dans son rapport sur la Côte d’Ivoire que « la question des ressources revêt une importance capitale ».


L’opération Licorne toujours en vigueur

La France a bon espoir concernant le déploiement d’une force de maintien de la paix de l’ONU, mais elle reconnaît les difficultés existant aussi bien en termes de ressources que d’hommes à mobiliser. D’autant plus que les Etats-Unis, qui doivent en référer au Congrès quand il s’agit de l’envoi d’une force de maintien de la paix, traînent un peu les pieds. « Il y a l’Irak et il y a d’autres opérations qui les intéressent, en particulier la consolidation de l’accord de paix au Soudan où la situation du Darfour les préoccupe, le Libéria, la Sierra Leone et le Burundi qui drainent aussi les ressources », admet-on à Paris. Reste que pour la France, il n’est pas question de retirer les troupes de Licorne avant les élections ivoiriennes de 2005 ; en revanche le désarmement et la réinsertion des combattants n’est pas de son ressort, incombant à l’ONU. Par ailleurs, selon ce schéma, les soldats français pourraient jouer le rôle d’une force d’intervention rapide, notamment en cas d’attaque contre les casques bleus de l’ONU (incluant les troupes de la CEDEAO).
« L’application des accords de Marcoussis intéresse non seulement la Côte d’Ivoire, mais aussi l’Afrique de l’ouest et l’Afrique dans son ensemble, car tout cela touche à des problèmes comme l’immigration et le droit à la terre qui se posent partout sur le continent », rappelle encore un diplomate. Qui évoque aussi la lutte contre la criminalisation et les trafics qui encouragent la violence, comme cela a été constaté dans l’ouest de la Côte d’Ivoire et chez ses voisins, comme le Libéria. L’Afrique de l’ouest étant entrée depuis plusieurs années dans une période de turbulences inquiétante, on souligne s’il en était besoin que le retour de la paix en Côte d’Ivoire serait un facteur déterminant d’équilibre régional.


Marie Joannidis

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