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16/01/2004
France - Afrique : une présence militaire active

La présence militaire française en Côte d’Ivoire, d’un niveau exceptionnel, illustre les évolutions de la doctrine de défense extérieure. L’Afrique apparaît comme une priorité « renforcée », dans un contexte où les Français ne souhaitent plus faire cavalier seul, pour des raisons politiques autant que budgétaires.

Absentes de l’Irak, les forces militaires françaises sont en revanche toujours activement présentes en Afrique où elles contribuent de plus en plus au maintien de la paix, comme en Côte d’Ivoire ou pendant un temps dans l’Ituri, en RDC, en coopération avec des troupes africaines là où s’est possible, et sous l’égide des Nations Unies.
L'intervention militaire en Côte d'Ivoire, la plus importante actuellement pour la France dans le monde, illustre la stratégie désormais appliquée par Paris sur le continent : elle implique non seulement la protection de ses ressortissants et le respect des accords de défense la liant à certains de ses partenaires africains, mais aussi la préservation de la stabilité régionale et le soutien aux efforts de médiation africains et de l’ONU. « Si les États-Unis jouent au gendarme du monde au nom de la lutte contre le terrorisme et pour la démocratie, la France veut, elle, mettre l’accent sur le maintien de la paix en agissant avec l’aval de la communauté internationale », estime un diplomate africain, pour qui Paris cherche ainsi à faire oublier des interventions bilatérales parfois critiquables.
En Côte d’Ivoire, l’opération française Licorne déclenchée en septembre 2002, comprend désormais 4.000 hommes qui opèrent en coopération avec la CEDEAO et bénéficie depuis février 2003 d’un mandat de l’ONU. Michèle Alliot-Marie, ministre française de la Défense, qui a passé le réveillon du Nouvel An avec les troupes françaises en Côte d’Ivoire après des escales en Centrafrique et au Mali, a ainsi souligné que son voyage, « marque la priorité que la France accorde à ce continent africain malmené » et « témoigne de la volonté d'assumer, avec l'approbation de la communauté internationale, nos responsabilités envers des pays qui sont nos frères par la langue et auxquels nous lie une longue histoire ».Elle a aussi mis l’accent sur le désir « de voir les Africains prendre en charge les destinées de leur continent, en s'appuyant tant qu'il sera nécessaire sur leurs alliés européens ».


Ouverture vers l’Europe

Au moment de la discussion, fin 2003, du budget français de la défense pour 2004, qui s’élève à 32,4 milliards d’euros, soit une progression de plus de 4% par rapport à l’année dernière, Michèle Allliot-Marie avait souligné qu’il était « l’instrument d’une politique internationale ».« En reprenant son effort de défense, la France a fait le choix de peser sur les décisions internationales. Dans la lutte contre le terrorisme, la France apporte le poids de ses soldats dont la compétence a été saluée par les plus hautes autorités de l'OTAN. Dans l'action en faveur de la stabilité et de la paix, la France est présente et au premier rang, dans les Balkans comme en Afrique », avait-elle affirmé, insistant sur la nécessité d’une coopération européenne en matière de défense et de maintien de la paix.
La volonté de Paris d’ « européaniser » son action en faveur du maintien de la paix a été mise en évidence en 2003 par l’opération Artemis dans la région de l’Ituri, au nord est de la RDC. La France a pris la direction des opérations, à la demande du secrétaire général de l’ONU, sous la bannière de l’Union européenne, pour essayer de mettre fin aux affrontements interethniques avant de repasser le flambeau aux forces de la MONUC (Nations Unies). Cette ouverture vers l’Europe pourrait, selon les observateurs, s’appliquer à terme à la coopération militaire et au programme Recamp (Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix) destiné à instruire, entraîner et équiper partiellement une force africaine d’ intervention en cas de conflit.
L’idée de formation de militaires africains au maintien de la paix avait vu le jour au milieu des années 90, après l'échec de la Somalie, le génocide au Rwanda et l'instabilité en RDC. Les Américains et les Britanniques avaient lancé des programmes similaires, Washington (ACRI) et Londres (BIMAP) préférant toutefois une approche bilatérale et le choix préalable des pays africains bénéficiaires de cette formation, alors que Paris a ouvert le programme à tous les pays africains qui le souhaitent. Le nombre des coopérants militaires français a fortement diminué depuis 1996-97, c'est-à-dire la fin de la conscription en France qui a alors opté pour une armée professionnelle. Cette contraction a été aggravée depuis deux ans par les problèmes de déficit budgétaire, celui-ci devant désormais être contenu selon les règles de l’Union européenne.


Face au risque de « naufrage » budgétaire

Selon le rapport du parlementaire François Lamy, présenté à la Commission de la défense nationale et des forces armées à l’occasion des discussions budgétaires, qui parle de « véritable naufrage », les crédits de la direction de la coopération militaire et de défense restent comme en 2003 sous le seuil des 100 millions d’euros – à 93.5 millions – ce qui, pour lui, est en contradiction avec la volonté d’aider les Africains à assurer eux-mêmes le maintien de la paix sur leur continent. Le nombre de postes de coopérants militaires, qui était de 390 en 2002, va passer à 349 en 2004, et l'état des dotations de matériels affectés au programme Recamp est critique, ce qui a obligé à annuler certaines opérations.
La France a réduit globalement ces dernières années sa présence militaire en Afrique, même si l’opération en Côte d’Ivoire a augmenté provisoirement ses effectifs, venus du Gabon et du Sénégal mais aussi de France. Elle considère toutefois ses bases sur le continent comme des points d'appui essentiels à sa nouvelle stratégie de défense Elle maintient en effet des unités « prépositionnées » qui sont des forces militaires permanentes, de l’ordre de 6.000 militaires, dans le cadre d'accords de défense conclus avec plusieurs pays africains, à l'époque de l'indépendance. Celles-ci sont installées au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Gabon, à Djibouti qui a attiré récemment l’intérêt des militaires américains, ainsi qu'au Tchad où leur présence est légalisée par un accord de coopération militaire technique (opération Epervier).
Des militaires français participent aussi à des opérations sous mandat international ou à des actions temporaires comme c’est le cas actuellement en République centrafricaine. S’exprimant début janvier, lors des traditionnels « vœux » aux armées, le président français Jacques Chirac a mis l’accent sur la politique européenne de défense et sur la solidarité avec l’Afrique. « Nos armées ont contribué, activement et concrètement, à mettre en lumière les relations particulières de partenariat, de solidarité, d'amitié et de respect mutuel, que nous entretenons avec ce continent », a-t-il dit, saluant leur rôle en faveur de la paix en Côte d’Ivoire. Il a également souligné la qualité de l'action qui a été menée à Bunia, en République Démocratique du Congo.
« L'opération Artemis, première intervention militaire conduite de manière autonome par l'Union européenne, hors d'Europe, aura été, dans sa conception et dans sa conduite, une réussite totale », a-t-il affirmé, indiquant que plus de dix mille soldats français, engagés dans 26 opérations à travers le monde, que ce soit à titre national, sous la bannière de l'ONU ou celle de l'Alliance atlantique, « oeuvrent chaque jour, hors du pays, pour que la paix progresse ».


Marie Joannidis

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