accueilradio  actualités  musique  langue française  presse  pro
radio
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Politique Diplomatie Liste des articles

20/02/2004
L'Afrique des Grands Lacs depuis 2001

La prise de pouvoir et l’assassinat de Laurent Désiré Kabila

En République démocratique du Congo, Laurent Désiré Kabila, leader de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), appuyé par ses alliés rwandais et ougandais, prend le contrôle de Kinshasa en mai 1997, forçant Mobutu à l’exil. Une fois installé à la tête de l’Etat, Laurent Désiré Kabila s’éloigne de ses anciens soutiens. Kigali l’accuse alors de soutenir les génocidaires rwandais de 1994, en l’espèce les ex-FAR (ancienne armée rwandaise) et les milices interahamwe, ce qui conduit le Rwanda à apporter son aide, avec l’Ouganda, à la rébellion interne congolaise. Son avancée ne sera stoppée que par l’intervention militaire de l’Angola et du Zimbabwe. Namibie et Tchad apporteront par la suite leur soutien à la RDC.
Ce conflit, considéré comme la première guerre continentale africaine, fera 3.5 millions de victimes. Six armées étrangères et une vingtaine de mouvements armés vont s’opposer, principalement dans l’Est de la RDC. Le 16 janvier 2001, Laurent Désiré Kabila est assassiné. Son fils, Joseph Kabila, prend sa succession.

Au Burundi, la guerre civile dure depuis 1993. Elle a fait plus de 300 000 victimes, essentiellement civiles. Elle oppose la majorité hutu (85 % de la population) aux Tutsis, qui détiennent le pouvoir. Les premières négociations de paix ont lieu en 1998. En 2000, les principaux protagonistes, à l’exception notable des deux principaux mouvements rebelles – les FDD (Forces pour la Défense de la Démocratie) et les FL (Forces Nationales de Libération) – signent à Arusha un accord de paix qui prévoit un partage du pouvoir entre Hutus et Tutsis. Cependant, la guerre continue.

CHRONOLOGIE
(janvier 2001-février 2004)

2001 : L’arrivée au pouvoir de Joseph Kabila et la mise en œuvre des premiers accords de paix


26 janvier 2001 : Joseph Kabila est investi à la tête de la RDC. Il entame une tournée des capitales occidentales, où il affirme vouloir appliquer l’accord de cessez-le-feu de Lusaka signé en 1999 entre Kinshasa et ses alliés (Zimbabwe, Angola et Namibie) et l’Ouganda et le Rwanda. Cet accord a été ratifié par la suite par les principaux mouvements rebelles, le MLC (Mouvement de Libération du Congo) et les deux tendances du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie). L’ouverture de Joseph Kabila permet de relancer la coopération avec la Belgique, en veille depuis une décennie, ainsi qu’avec les autres bailleurs de fonds et la Banque Mondiale, pour reconstruire le pays et faciliter la paix.

29 mars : La Mission d’Observation des Nations Unies en RDC (MONUC), créée fin 1999, déploie son premier contingent dans l’Est. En fin d’année, ses effectifs seront renforcés et passeront de 5 500 à 8 700 hommes. 550 observateurs militaires, protégés par les militaires, ont pour tâche principale le désarmement (volontaire) des ex-FAR et des miliciens Interahamwe rwandais présents en RDC.

1er novembre : Au Burundi, Pierre Buyoya, un Tutsi, devient officiellement le président des 18 premiers mois de la transition, prévue pour trois ans dans l’accord de paix d’Arusha du 28 août 2000. Son vice-président est Domitien Ndayizeye, secrétaire général du principal parti d’opposition hutu, le FRODEBU. Pour les 18 mois suivants, le Président devra être un Hutu et le vice-président un Tutsi. Les Forces Nationales de Libération (FNL), l’un des deux mouvements d’opposition, annoncent qu’elles continuent le combat.

2002 : Retrait de RDC des troupes étrangères et accords de paix intercongolais de Sun City. Les combats, comme au Burundi, continuent.

30 juillet 2002 : RDC et Rwanda signent un accord de paix prévoyant le désarmement des extrémistes Interahamwe et des ex-FAR, puis leur rapatriement au Rwanda, en échange d’un retrait des troupes rwandaises. Le rapatriement officiel du dernier soldat aura lieu le 5 octobre.

6 sept. : Kinshasa et Kampala ratifient un protocole pour le retrait des troupes ougandaises du Nord-Est de la RDC.
Fin octobre, les troupes angolaises, namibiennes et zimbabwéennes se retirent à leur tour.
Toutefois, le Rwanda et l’Ouganda continuent à soutenir respectivement le RCD-Goma et le MLC, des mouvements rebelles de l’Est congolais.

3 déc. : Signature d’un accord de cessez-le-feu entre le président burundais Buyoya et le chef des rebelles FDD (Force pour la Défense de la Démocratie), Pierre Nkurunziza. Cet accord n’est pas mis en application, les combats continuent. Deux autres mouvements minoritaires ont signé des accords de cessez-le-feu avec le gouvernement en 2002.

17 déc. : Accords de paix de Sun City (Afrique du Sud), entre le gouvernement de la RDC, la rébellion, la société civile et la classe politique. Cependant, l’un des trois belligérants, Jean-Pierre Bemba, le leader du MLC, qui contrôle encore le tiers du territoire, avec l’appui de l’Ouganda, est absent. Cet accord doit mener la RDC, sous la supervision d’un gouvernement de transition, en deux ans, aux premières élections générales depuis 1960. Les affrontements entre factions armées se poursuivent, notamment en Ituri (Nord-Est).

2003 : Intensification des massacres en Ituri (RDC) et création d’une force multinationale. Nouvel accord de paix interburundais.

30 avril 2003 : L’ancien vice-président burundais, Domitien Ndayizeye, un Hutu, succède au président Buyoya pour les 18 derniers mois de la transition.

30 mai : Depuis 1999, des massacres interethniques (populations Lendu et Hema) ont lieu régulièrement dans la région de l’Ituri (Nord-Est de la RDC). Les exactions se sont intensifiés fin 2002 et début 2003. Début mai 2003, des centaines de civils sont massacrés dans la ville de Bunia et des dizaines de milliers d’autres ont été forcés de fuir. En 5 ans, 500 000 personnes ont fui la zone, alors qu’on dénombre 50 000 victimes, dont 1 500 au cours des deux derniers mois. Le Conseil de sécurité de l’ONU crée une force multinationale chargée d’assurer la sécurité à Bunia. En attendant sa mise en place, une force multinationale intérimaire d’urgence de 1 500 hommes, sous commandement français, interviendra dès juin. Le rôle d’« Artémis » est de contribuer à la stabilisation des conditions de sécurité et à l’amélioration de la situation humanitaire, sans toutefois recourir à la force.

30 juin : En RDC, nomination du gouvernement de transition. Comme le prévoyaient les accords de Sun City, le Président Joseph Kabila est assisté de quatre vice-présidents, représentant les principales composantes du dialogue intercongolais : gouvernement, opposition politique, RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie) et MLC (Mouvement de libération du Congo).

25 août : Elections présidentielles au Rwanda. Paul Kagame, président depuis 2000, obtient 95 % des suffrages exprimés.

1er septembre : A Bunia, dans l’Est de la RDC, la Force « Artémis » cède la place aux 4 000 Casques bleus de la MONUC. Leur mandat, renforcé, autorise le recours à la force.

16 novembre : Accord de paix global au Burundi, signé en Tanzanie entre le président Ndayizeye et le chef des FDD, principal mouvement rebelle. Cet accord fait suite à l’accord de cessez-le-feu du 3 décembre 2002 et aux pourparlers de paix de juin en Tanzanie. Quelques jours plus tard, les FDD entrent dans le gouvernement de transition, et en janvier dans l’État-major de l’Armée.



2004
18-21 janvier : Le président burundais rencontre pour la première fois des représentants des FNL (Forces Nationales de Libération) aux Pays-Bas. Ce mouvement armé n’avait jusque là jamais participé à des négociations.

2-4 février : Visite (à dominante économique) en France de Joseph Kabila, dans le cadre d’une tournée en Europe.

A prévoir : Une conférence internationale sur la paix, la sécurité, la démocratie et le développement dans la sous-région des Grands Lacs est prévue par l’ONU en Tanzanie. Initialement prévue en juin, elle devrait se tenir avant la fin 2004, et réunir la RDC, le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya.



Afrique des Grands Lacs : fiche technique

République démocratique du Congo


Indépendance : 1960. Ancienne colonie belge
Président : Joseph Kabila depuis le 26 janvier 2001
Superficie : 2,3 millions de km²
Population : 53,6 millions d’habitants
Densité : 22 h/km²
Victimes depuis 1998 : 3 .5 millions.
Réfugiés (personnes ayant fui leur pays) : 300 000 (source HCR, 2003), surtout en Tanzanie et au Congo-Brazzaville.
Déplacés (vivant toujours dans leur pays, mais dans une autre région) : 2.7 millions (ONU, OCHA 2002)
PNB/habitant : 100 $
Indice de développement humain : 155ème pays sur 173 (PNUD 2002)


Burundi

Indépendance : 1962. Colonisé par l’Allemagne en 1898, puis sous mandat belge en 1922. Uni au Congo belge en 1925.
Président : depuis le 30 avril 2003, Domitien Ndayizeye
Superficie : 28 000 km²
Population : 6,9 millions (85 % de Hutus, 14 % de Tutsis, 1 % de Twas).
Densité : 258 hab/km²
Victimes en 10 ans : 300 000
Réfugiés : 400 000 (HCR 2003), surtout en Tanzanie.
Déplacés : 280 000 (Nations unies, OCHA 2002).
PNB/habitant : 100 $ (2002)
Indice de développement humain : 171ème sur 173 (PNUD 2002).
Dette extérieure : 1,2 milliard de dollars en 2002 (BM), soit 204 % du PNB. Le service de la dette absorbe 98,8 % des revenus.


Rwanda

Indépendance : 1962.
Président : depuis 2000, Paul Kagame
Superficie : 26 000 km²
Population : 8,9 millions (84 % Hutus, 15 % Tutsis, 1 % Twas)
Densité : 300 h/km²
Victimes : 800 000 pendant le génocide de 1994.
Réfugiés : 35 000 (HCR 2003), surtout en RDC
Déplacés : 0
PNB/habitant : 220 $ (2001)
Indice de développement humain : 162ème sur 173 (PNUD 2002)
Dette extérieure : 1,2 milliard de dollars en 2001 (BM)


Ouganda

Indépendance : 1962
Président : Yoweri Museveni depuis 1986
Superficie : 240 000 km²
Population : 22 millions
Densité : 91 hab/km²
Réfugiés : 14 000 (HCR, 2003) surtout en RDC
PNB/habitant : 260 $ (2001)
Indice de développement humain : 150ème sur 173 (PNUD 2002)


Karène Bassompierre




retour

Qui sommes nous ?

Nos engagements

Les Filiales

RMC Moyen Orient

Radio Paris-Lisbonne

Delta RFI

RFI Sofia