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27/02/2004
Corne de l’Afrique : enjeux stratégiques et conflits

(MFI) La Corne de l’Afrique et certains de ses voisins comme le Soudan demeurent une zone de pauvreté et de conflits internes ou régionaux malgré des avancées en faveur de la paix nécessaires à la stabilisation d’une région hautement stratégique.

Les Etats-Unis mais aussi les Européens, en particulier la France, tentent par tous les moyens de favoriser le règlement du conflit frontalier entre l’Ethiopie et l’Erythrée, la reconstruction d’un Etat en Somalie après des années de luttes entre factions. Ils cherchent également à favoriser un règlement pacifique au Soudan, où un accord a finalement été conclu entre les autorités de Khartoum et les rebelles du sud.
La détérioration de la situation dans la région soudanaise du Darfour, frontalière avec le Tchad, a suscité toutefois de nouvelles inquiétudes et a provoqué de nombreuses démarches diplomatiques, d’autant plus que Khartoum a aussi été soupçonné dans le passé par l’Ouganda d’aider les rebelles de la LRA (Lord’s Army), auteurs d’un récent massacre de civils ougandais, alors que Kampala avait été accusé de soutenir la rébellion du sud-Soudan de John Garang (SPLA).
Ainsi, le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin s’est rendu les 19 et 20 février 2004 respectivement au Tchad et au Soudan, où il a notamment évoqué le problème du Darfour. Au Tchad, le ministre a visité un camp de réfugiés arrivant du Darfour et s’est entretenu avec le Président Idriss Déby.


Le terrorisme, personnifié par Oussama Ben Laden

Au Soudan, nouveau pays pétrolier comme le Tchad, Dominique de Villepin a rencontré le Président Omar Hassan el Bechir et des membres de son gouvernement, mais aussi des représentants de l’opposition et de la société civile soudanaises. Là aussi, il a évoqué le problème du Darfour ainsi que le processus de paix en cours dans le sud du pays qui a mis fin à une guerre civile de plus de 20 ans.
Il s’agit à la fois, soulignent des observateurs diplomatiques, de tout faire pour que la situation dans le Darfour n’entrave pas la dynamique de paix en cours et de voir si la France a eu raison de miser sur un dialogue critique mais constructif avec Khartoum quand ce pays était encore mis au ban de la communauté internationale pour complicité avec le terrorisme, personnifié par le chef spirituel d’Al Qaïda Oussama Ben Laden.
Les Etats-Unis ont, eux aussi, fini par renouer avec le Soudan, favorisant l’accord de paix avec les rebelles du Sud qu’ils avaient soutenu dans le passé, après que Khartoum eut donné des gages et des renseignements sur les réseaux terroristes soupçonnés d’être toujours actifs, en Somalie par exemple.
Pour les Américains, qui ont établi dans la Corne de l’Afrique et certains pays d’Afrique de l’Est un dispositif de lutte anti-terroriste, avec des forces stationnées à Djibouti où se trouve également une base militaire française, cette région reste d’une importance capitale dans la guerre qu’ils mènent contre le terrorisme international depuis les attentats de septembre 2001.
« L’Afrique a été et restera pour l’avenir prévisible un continent mûr pour des actes de terrorisme », a récemment affirmé un responsable du Pentagone, soulignant que Washington s’employait à renforcer sa coopération militaire avec les Africains en vue de prévenir des attentats terroristes tels que la destruction en 1998 des ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, imputées à Ben Laden.
Les Etats-Unis ont mis sur pied en 2002 une force opérationnelle pour cette région. Elle est composée d’effectifs américains basés dans un premier temps en mer, puis à Djibouti. Cette force compte actuellement 1800 soldats qui participent à toute une gamme d’exercices et d’opérations militaro-civiles telles que la rénovation d’hôpitaux et d’écoles. Elle effectue des exercices militaires conjoints avec des forces militaires locales. En juin 2003, le président George W. Bush a décidé d’octroyer 100 millions de dollars pour que les Etats-Unis élargissent et accélèrent leur coopération antiterroriste avec le Kenya, l’Ethiopie, Djibouti, l’Ouganda, la Tanzanie et l’Erythrée.


Djibouti a su toujours profiter des malheurs de ses voisins

Ce programme consiste à lutter contre le terrorisme dans plusieurs domaines prioritaires aux yeux des Américains comme la sécurité des côtes et frontières, la formation d’agents de police, d’immigration et des douanes, la sécurité portuaire et aéroportuaire, la création d’une banque de données sur les terroristes, le démantèlement des réseaux financiers des terroristes et la sensibilisation de la population.
L’Ethiopie dû longtemps constitué un des piliers de ce dispositif mais son intransigeance à régler le conflit frontalier avec l’Erythrée selon les accords conclus sous l’égide de l’Onu et avec l’aide d’une commission frontalière indépendante basée à La Haye aux Pays-Bas finit par agacer même ses alliés les plus fidèles. Car l’enjeu véritable dépasse en fait le simple différend frontalier et illustre la lutte d’influence entre la grande Ethiopie (60 millions d’habitants) et sa petite sœur érythréenne (4 millions) qui a gagné son indépendance (de l’Ethiopie) en 1993 et qui possède seule des débouchés sur la mer.
L’Ethiopie a du se tourner vers Djibouti pour ses relations commerciales avec le monde extérieur. Cette petite république située en face du détroit de Bab El Mandeb, à l’entrée de la Mer Rouge, constitue un havre de paix relatif dans la Corne de l’Afrique, sous l’ombrelle protectrice de la France et aujourd’hui des Etats-Unis, et a su toujours profiter des malheurs de ses voisins. Djibouti constitue un point d’appui important pour les forces françaises aussi bien en Afrique que dans la région de l’Océan Indien et du Golfe, importance stratégique qui n’avait pas échappé à l’attention de la coalition internationale à l’époque de la première guerre contre l’Irak en 1991.
Les Américains rivalisent à présent avec les forces françaises et ont fait de Djibouti un maillon important dans leur lutte contre le terrorisme intégriste d’Al Qaida et les complicités qu’il peut avoir au Soudan, en Somalie, au Kenya ou au Yémen. L’installation au Soudan de Ben Laden en 1992 – qu’il a quitté en 1996 pour l’Afghanistan – avait favorisé la poussée intégriste dans la région, qui s’était étendue en particulier en Somalie où l’éclatement de l’Etat avait ouvert la porte aux milices armées des chefs de guerre.
Aujourd’hui, aussi bien les pays de la région, le Kenya en tête, que les Occidentaux soutiennent les efforts en vue d’un règlement entre factions devant mener à un gouvernement somalien de transition.


Marie Joannidis

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