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02/04/2004
Les médias au Rwanda : sous le signe du génocide

(MFI) Officiellement libres, les médias rwandais restent dominés par l’histoire récente, qui n’a pas permis une véritable émancipation. Cependant la reconstruction du paysage se poursuit, avec la fin du monopole de l’audiovisuel.

C’est un contexte évidemment unique en Afrique : au Rwanda, la reconstruction des médias s’est faite sur un traumatisme difficilement assumé, celui du génocide et de la part considérable occupée par les médias dans sa préparation et son exécution. L’extermination a aussi sinistré la profession : 49 journalistes ont ainsi été tués pendant les semaines terribles de 1994. Le jugement à de lourdes peines, en décembre 2003, de quelques-uns des animateurs de la Radio télévision libre des mille collines (RTLM) et du journal Kangura, au terme d’un procès de 3 ans, vient cependant à son heure. Une page pourrait ainsi se tourner, dans un contexte politique qui reste toutefois ambigu.
Le redémarrage a été difficile, marqué par un renouvellement complet des titres de la presse écrite (seul le mensuel Ubumwe date d’avant le génocide), l’apparition de journaux en anglais et le développement notable de la presse en kinyarwanda. En 2003, une douzaine de journaux seulement (dont deux organes publics) constituaient, à côté de la radio publique, le paysage des médias : en l’absence de quotidien, les périodiques (souvent aléatoires) dont le tirage n’excède guère 1 000 ou 2 000 exemplaires, n’offrent que de maigres contenus, caractérisés par leur faible professionnalisme – très peu de journalistes ont reçu une formation adéquate –, la recherche de nouvelles à sensation et une grande timidité éditoriale. Il y a bien sûr la crainte de tomber sous l’accusation devenue rituelle de « divisionnisme » ou d’« ethnisme », en référence à un passé trop lourd ; mais au-delà, les journalistes n’ont guère montré leur volonté d’affronter un pouvoir réputé autoritaire, et l’autocensure semble être la règle. De fait, il n’y a pas eu de situation notable, ces dernières années, de répression. Le dernier cas en date, en janvier 2003, a concerné le directeur de l’hebdomadaire Umuseso, détenu un mois pour des écrits jugés séditieux.
La longue maturation de la loi sur la presse est à l’image de cette difficile stabilisation. Adoptée en 2002 après des années d’atermoiements, la loi a une tournure plutôt libérale, en énonçant que « la presse est libre » et elle écarte officiellement toute idée de censure. Surtout, la référence, initialement prévue, au génocide, a été supprimée, cette disposition ayant suscité de fortes inquiétudes. La voie était dès lors ouverte pour une autre étape, la libéralisation de l’audiovisuel, franchie en février 2004 avec l’autorisation d’émettre accordée à cinq radios privées (à caractère commercial ou confessionnel). Cette ouverture a été rendue possible par l’installation, en février 2003, du Haut conseil de la presse, l’organe de régulation du Rwanda, composé de 9 membres comprenant des représentants de l’administration, de la profession et de la société civile. Son indépendance à l’égard du pouvoir reste toutefois à éprouver. Les nouvelles radios, qui émettront à côté de Radio Rwanda, mais aussi de la Voix de l’Amérique, de la BBC et de la Deutsche Welle (en l’absence notable de RFI avec laquelle des négociateurs sont en cours) devraient élargir un espace médiatique jusqu’ici essentiellement limité à Kigali, dans un pays à dominante rurale, marqué par un taux d’analphabétisme encore important (68 %).


Thierry Perret

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