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30/04/2004
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Nantes, capitale mondiale des droits de l’homme
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(MFI) Du 16 au 19 mai 2004, la ville française de Nantes organise, à l’initiative et en coopération avec l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), le premier Forum mondial des droits de l’homme. Près de 1 000 participants rassemblés pour que la réflexion nourrisse davantage l’action.
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Depuis 1989 et les bouleversements qui ont suivi la chute du mur de Berlin, « les centres de recherche sur les droits humains sont en développement rapide, affirme Pierre Sané, tandis que le nombre d’associations et d’organisations qui s’en préoccupent a explosé. Or le monde de la recherche et celui de l’action ne se rencontrent pas. Il faut articuler, poursuit le sous-directeur général de l’Unesco pour les sciences humaines et sociales, le monde qui produit la connaissance et celui qui utilise, au quotidien, ce savoir. » L’homme qui fut, pendant une dizaine d’années, secrétaire général d’Amnesty International, est bien placé pour poser ainsi l’enjeu du premier Forum mondial des droits de l’homme (Nantes, 16-19 mai 2004). Il ne s’agit pas d’une réunion au cours de laquelle on vote des résolutions pour condamner tel ou tel, mais d’une rencontre pour imaginer, en commun, comment les connaissances peuvent servir à l’action. Comment, par exemple, si l’on affirme que la pauvreté est en soi une violation des droits de l’homme – alors qu’elle est d’ores et déjà vécue comme une injustice par les 50 % de l’humanité qui vivent avec moins de 2 dollars par jour –, cela apporte des moyens supplémentaires pour l’abolir…
La ville de Nantes, premier port français sur la façade atlantique, accueille le Forum lancé à l’initiative de l’Unesco. « La ville est souvent sollicitée, affirme son député-maire Jean-Marc Ayrault, mais nous essayons d’accueillir, et plus encore de participer à des manifestations qui font sens dans une cité qui a connu les paradoxes et les ambiguïtés de l’histoire. » Nantes, c’est en effet à la fois le lieu de promulgation de l’édit du même nom, en 1598, gage de tolérance assurant aux protestants la liberté religieuse, et une ville qui prospéra pendant trois siècles sur le commerce triangulaire. « On pourrait, poursuit son député-maire Jean-Marc Ayrault, développer un syndrome de culpabilité ou au contraire faire abstraction de cette histoire ; nous préférons une troisième solution, qui pourrait s’apparenter à la pratique d’une psychanalyse collective. » Organiser le Forum s’inscrit ainsi dans une démarche proche de celle qui inspira Les Anneaux de la Mémoire, projet qui de 1992 à 1994 permit aux Nantais de regarder en face l’histoire de leur ville.
Terrorisme, discrimination et pauvreté
Dédié à l’Année internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et de son abolition, et à la mémoire de Sergio Vieira de Mello, haut commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, tué par un attentat à Bagdad en août 2003, le Forum s’articule autour de trois grands thèmes : droits de l’homme et terrorisme (défini, précise Pierre Sané, comme une « forme violente d’action qui ne respecte pas le droit international ») ; mondialisation et lutte contre toutes les formes de discrimination et d’exclusion ; la pauvreté comme violation des droits de l’homme. Chaque thème fait l’objet d’une séance plénière déclinée ensuite en tables rondes. Les organisateurs attendent près d’un millier de participants, représentant les pouvoirs publics (échelons local, régional, national et international), la société civile (ONG, associations, syndicats…), les institutions des droits de l’homme (juristes, experts, chercheurs…) et la sphère économique (multinationales, agences de développement…).
« Espace de partage des connaissances, étant entendu que les participants ont pour projet commun un monde de respect du droit international », selon Pierre Sané, le Forum mondial doit donner lieu à publication d’un livre sur l’état de la réflexion actuelle en matière de droits de l’homme. Affirmation de la responsabilité de la société internationale dans leur promotion et de la solidarité entre tous les acteurs du domaine, l’événement pourrait être pérennisé en fonction, bien sûr, de la réussite de cette première édition. Pour reprendre le mot de Gad Weil, de l’agence WM Evénements en charge de la logistique, il s’agit de faire en sorte que « Nantes soit aux droits de l’homme ce que Davos est à l’économie ».
Ariane Poissonnier
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Pour en savoir plus : www.forum-droitsdelhomme.org
www.forum-humanrights.org
www.foro-derechoshumanos.org
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