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28/06/2004
Libye : Kadhafi courtise les investisseurs

(MFI) Le colonel Mouammar Kadhafi, ancien chantre du socialisme d’Etat à la libyenne, redevenu depuis un an un interlocuteur « respectable » sur le plan politique pour les Occidentaux, courtise à présent les investisseurs étrangers, attirés par son pétrole et ses pétro-dollars.

Kadhafi regarde vers l’Occident… et risque de se détourner de l’Afrique, bénéficiaire ces dernières années des largesses de celui qui rêvait autrefois de créer les « Etats-Unis d’Afrique ». Seront peut-être épargnés ses voisins d’Afrique du nord et du Sahel. Mais Mouammar Kadhafi a déjà claqué la porte de la Ligue arabe, accusée de ne pas suivre ses conseils et de ne pas reconnaître l’importance de son rôle. Et si le dirigeant libyen se considère toujours comme le père de l’Union africaine (UA), il a fait savoir à la mi-juin, à travers l’agence officielle libyenne JANA, qu’il ne participerait pas au sommet annuel de l’organisation panafricaine à Addis-Abeba, considérant qu’elle était désormais « sur les rails ».

Déceptions

Kadhafi avait été déçu lors des deux premiers sommets de l’UA, à Durban en Afrique du Sud en 2002, et à Maputo au Mozambique en 2003, de ne pas se voir octroyer un rôle central dans l’architecture de la nouvelle union. Il ne peut oublier, bien sûr, que l’Afrique subsaharienne lui est restée fidèle (et reconnaissante de son aide) quand il était mis au ban de la communauté internationale, ce malgré ses ingérences souvent intempestives, et malgré les expulsions du territoire libyen d’ immigrés illégaux d’Afrique noire. Et la Libye reste attentive à l’évolution du continent, toujours prête à offrir ses bons offices, comme dans le cas de la crise du Darfour.

La Libye a rejoint le club des pays « fréquentables », citée en exemple par les Etats-Unis dès lors qu’elle avait officiellement renoncé, en décembre dernier, à ses programmes d’armes de destruction massive en se soumettant aux contrôles de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). Auparavant, Tripoli avait accepté d’indemniser les familles des victimes des deux attentats de Lockerbie et de l’avion d’UTA, au-dessus du Niger, permettant ainsi la levée en septembre 2003 des sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Mais des doutes subsistent. Les récentes informations publiées par le quotidien américain New York Times, selon lesquelles Kadhafi aurait prévu l’an dernier de faire tuer le prince héritier saoudien Abdallah Ben Abdelaziz, ont suscité un certain émoi. Ces accusations, si elles se confirmaient, pourraient en effet torpiller les efforts libyens pour rentrer dans la bonne société internationale.

Parallèlement à ces ouvertures diplomatiques, Mouammar Kadhafi a annoncé dès juin 2003 sa volonté de privatiser les entreprises d’État, nationalisées depuis sa prise de pouvoir en 1969 et la naissance de la Jamahiriya libyenne. Kadhafi avait introduit une économie centralisée d’inspiration soviétique, caractérisée par un secteur public pléthorique, responsable des trois quarts de la production. En dehors du pétrole, il n’y a pratiquement pas eu d’ investissements étrangers depuis cette date.

La Société nationale du pétrole (NOC) s’est assurée des capitaux américains et européens en créant des sociétés mixtes (joint-ventures) dans les années 1970 et 80, la France étant représentée par la société Elf Aquitaine (absorbée depuis par le groupe Total). Les avoirs gelés des compagnies américaines – les États-Unis ayant imposé des sanctions bilatérales entre 1982 et 1986, avant même l’embargo de l’ONU – ont été gérés par la NOC et réinvestis dans le pétrole, dont la production a atteint une moyenne de 1,4 million de barils/jours en 2003, faisant de la Libye le deuxième producteur africain derrière le Nigeria.

Abolir le secteur public

Depuis l’an dernier le colonel a changé de politique économique avec la nomination d’un premier ministre considéré comme libéral, Choukri Ghanem, qui a reçu pour mission principale « d’abolir le secteur public » et attirer les investisseurs étrangers.

Choukri Ghanem a effectué une visite officielle en France en avril dernier au cours de laquelle il a notamment été reçu par le président Jacques Chirac et plusieurs ministres et autres dirigeants politiques et économiques. A l’occasion de cette visite, plusieurs accords ont été signés : notamment un accord d’encouragement et de protection des investissements qui améliore la sécurité juridique des investisseurs français en Libye, et libyens en France, ainsi qu’un mémorandum d’accord relatif au règlement des arriérés dus par la Libye à la Coface (une dette de 44,4 millions d’euros), puis un nouvel accord de coopération culturelle, scientifique et technique, un arrangement de coopération universitaire en vue de favoriser la venue d’étudiants libyens en France, enfin un accord de coopération dans le domaine du tourisme, domaine nouveau de coopération entre les deux pays. Une importante mission du Medef regroupant des entrepreneurs français s’est de son côté rendue à Tripoli où se sont succédés depuis quelques mois dirigeants ou hauts fonctionnaires européens et américains, mais aussi asiatiques, accompagnés par des hommes d’affaires.

L’ancien premier ministre espagnol José Maria Aznar était parmi les premiers visiteurs européens de marque en 2003, suivi en mars 2004 par le Premier ministre britannique Tony Blair. Le secrétaire d’État adjoint américain pour le Proche Orient, William Burns, a pris le chemin de Tripoli en mars dernier, avant la visite de son collègue au Commerce, William Lash, début juin. Les Américains ont autorisé en avril les sociétés américaines à reprendre leurs relations avec la Libye, y compris pour l’achat de pétrole. Les sociétés américaine et européenne, Boeing et Airbus, sont déjà en compétition pour un marché de 22 avions d’une valeur d’un milliard de dollars, destiné à la compagnie aérienne nationale libyenne, Libyan Arab Airlines.

Les Asiatiques, friands de pétrole, cherchent aussi à développer leurs relations avec la Libye comme l’a démontré la récente visite du vice-premier ministre thaïlandais, Wan Mohammed Nur.

Marie Joannidis

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