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29/10/2004
Du discours à la réalité : la francophonie en Haïti

(MFI) A la suite des évènements qui ont ébranlé la République d’Haïti en début d’année, les opérateurs de la Francophonie se sont mobilisés pour l’un des plus anciens membres de l’Organisation internationale de la Francophonie.

« Nous voyions venir la crise… » Le secrétaire de l’Assemblée des parlementaires de la Francophonie, le sénateur et ancien ministre Jacques Legendre, est formel. Lors de sa dernière visite en Haïti, en 1999 à la demande de ses collègues haïtiens, il avait perçu les fêlures annonciatrices, alors même que Jean-Bertrand Aristide briguait son second mandat. La crise a éclaté. Plus vite que prévu... Et avec une issue plus radicale que prévue, puisque le président en exercice a été contraint à quitter le pays le 29 février dernier, en laissant un pays dans un état catastrophique, dans l’année où l’on aurait dû célébrer le bicentenaire de l’indépendance nationale.
Trois jours après ce départ précipité, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie convoquait une réunion de personnalités et de représentants des pays concernés par le dossier haïtien, à savoir la France, le Canada, le Bénin, le Burkina-Faso et le Liban. Un mois plus tard, le contact était établi avec les parties civiles et politiques du pays, grâce à l’envoi d’une mission placée sous la direction de l’ancien président du Cap-Vert, Antonio Mascarenhas Monteiro. Le but : rédiger, en collaboration avec les nouvelles autorités, un cahier des charges auquel pourrait répondre le monde francophone.
L’ambassadeur du Bénin à Paris, Edgard-Yves Monnou, participait à cette mission de trois jours : « le peuple béninois et le peuple haïtien sont des peuples mélangés. Le berceau de la famille de François Toussaint-Louverture, le héros de l’indépendance, qui par ailleurs est de souche royale, se trouve à Addala, au royaume d’Abomey. C’est le sommet de toute une vie pour un Haïtien que de faire le pèlerinage. Et puis, en Haïti, on chante encore en fon ou en yoruba. C’est nous qui pouvons traduire les incantations et les prières vaudou ». Alors que les militaires canadiens et français se déployaient sur le terrain, au sein de la force multinationale intérimaire, le Bénin savait déjà qu’il serait «l’obligé » de ses cousins caraïbes pour reconstruire le pays. Ceci dans le cadre de la coopération bilatérale, mais également avec l’OIF et la Mission des nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Aujourd’hui 150 policiers béninois sont venus prêter main-forte aux 2000 policiers haïtiens (pour 7,5 millions d’habitants) restant encore en service.


En coordination avec les autres bailleurs de fonds

La mission de l’OIF, la première à un tel niveau politique depuis le démarrage du processus de Bamako (qui autorise l’organisation à intervenir en cas de crise de la démocratie et d’abus des droits de l’homme), sera suivie d’autres « pour assurer la collaboration avec les autres bailleurs de fonds » précise Christine Desouches, déléguée aux Droits de l’homme et à la démocratie au sein de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie. En effet, les institutions internationales comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et les Nations unies ont décidé de ne pas renouveler les mauvaises expériences du passé et de coordonner toutes les actions en faveur d’Haïti. L’OIF se plie donc à l’obligation de cette centralisation.
Le Cadre de coopération intérimaire 2004-2006, qui a récolté un peu plus de 1 milliard de dollars (mais dont une partie sert à payer les casques bleus de la Minustah), devrait permettre au gouvernement de Gérard Latortue d’affermir les bases de l’Etat haïtien. Pour l’heure, l’OIF envisage la création d’un poste permanent de représentant sur place. « Nous concentrons nos efforts sur la bonne gouvernance et la transparence du processus électoral (des élections générales doivent avoir lieu en 2005). Des questions se posent sur le code, la loi, la composition du conseil, le mode de scrutin, les listes. La reconstruction de la justice et la lutte contre l’impunité des criminels sont également notre souci » ajoute la déléguée, qui cite encore la coopération économique, culturelle et l’éducation.
L’éducation est d’ailleurs le premier cheval de bataille de l’Association internationale des maires francophones (AIMF). L’AIMF veut réhabiliter rapidement une dizaine d’écoles primaires, avant de s’attaquer à l’élaboration de textes de lois sur les collectivités territoriales. Mais.. surprise ! « les communautés de l’agglomération de Port-au-Prince, qui fait partie de l’AIMF depuis 1979, ne possèdent aucun inventaire de leurs bâtiments scolaires ». Un incident qui souligne l’urgence d’une amélioration de la gestion des services municipaux. Experte en matière d’état civil, l’AIMF est également appelée à aider à l’établissement des listes électorales. Après le passage du cyclone Jeanne, fin septembre, plusieurs municipalités françaises, dont celle de Paris, ont mis la main à la poche, l’association des Cités-unies (anciennement villes jumelées) servant quelquefois d’intermédiaire.
Très peu d’Haïtiens sont au fait de ce que peuvent apporter des institutions comme celle de la Francophonie. Vivant à la confluence de trois zones linguistiques, anglophone, hispanophone et francophone, les jeunes de Haïti éprouvent des sentiments mêlés à l’égard de ce qui reste encore pour eux comme « la promotion de la langue française », alliée au souvenir de l’ancienne colonie. Et l’Agence universitaire de la Francophonie demeure LA référence francophone, étant présente sur les campus de Port-au-Prince. Hormis les rares bourses d’études et de recherche (moins de 10 par an) et les cours ponctuels des professeurs de l’Académie de Paris et des Antilles-Guyane, elle anime un cyberespace, et surtout des sessions de remise à niveau en langue française pour les étudiants qui entament leur cursus universitaire. Après 14 ans d’école, et d’enseignement « passif », il est apparu nécessaire aux recteurs de « débloquer » l’expression orale en français. Pour qui écoute parler les Haïtiens, ce serait vraiment dommage de s’en priver…


Marion Urban

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