Janvier 2003 : les premiers éléments de la force ouest-africaine débarquent à Abidjan. Le 15, des négociations débutent à Marcoussis (France).
24 : Les principaux partis ivoiriens et les mouvements rebelles signent, à l’issue de la table ronde de Marcoussis, un accord prévoyant le maintien au pouvoir du président Gbagbo et un gouvernement ouvert à toutes les parties, y compris les rebelles.
Dans la foulée, la France provoque un sommet de chefs d’État africains, à Paris, pour entériner l’accord. Sont présents les présidents Omar Bongo du Gabon, Abdoulaye Wade du Sénégal, Thabo Mbeki d’Afrique du Sud, Romano Prodi de la Commission européenne, Laurent Gbagbo, président de Côte d’Ivoire et Jacques Chirac le président de la République française.
25-26 : Le président Gbagbo accepte les accords et annonce la nomination d’un nouveau Premier ministre, Seydou Diarra. Le secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI, principal mouvement de la rébellion), Guillaume Soro, annonce que son mouvement a obtenu les portefeuilles de la Défense et de l’Intérieur.
Manifestations anti-françaises à Abidjan, orchestrées par des organisations proches du président pour dénoncer les accords.
2 février : Camara H., comédien et militant du RDR, est retrouvé mort à Abidjan après avoir été “arrêté” la veille par des “hommes en uniforme”. A la suite d’une mission d’enquête, conduite fin janvier, un rapport des Nations unies dénonce des « escadrons de la mort » proches du pouvoir sévissant dans la capitale économique.
5 : Paris annonce l’envoi de renforts qui portent les effectifs de l’opération Licorne à 4 000 hommes. Le Conseil de sécurité de l’Onu autorise pour six mois renouvelables le déploiement des militaires français et de la Cedeao. Il les autorise également à recourir à la force. Le Comité de suivi des accords de Marcoussis tient ses premières réunions.
7 : le président Gbagbo accepte « l’esprit » des accords de Marcoussis, mais souligne qu’ils sont en contradiction avec certains points de la Constitution. Le 10, Seydou Diarra est chargé de former un gouvernement avec tous les partis.
27 : Amnesty International publie un rapport qui dénonce Une suite de crimes impunis, du massacre des gendarmes de Bouaké aux charniers de Daloa, Monoko-Zohi et de Man.
Mars 2003 : un rapport de l’Onu dénonce la tuerie d’une soixantaine de civils à Bangolo, dans la zone tenue par le MJP, qui serait le fait des « supplétifs libériens » combattant pour le compte de l’armée gouvernementale.
Le Comité de suivi des accords de Marcoussis multiplie les médiations. Seydou Diarra forme le 20 un gouvernement de réconciliation nationale, qui reste incomplet. C’est à Accra que la décision est prise de créer un Conseil national de sécurité, chargé d’étudier la nomination des ministres de la Défense et de la Sécurité, qui pose problème. En attendant, des ministres intérimaires sont nommés.
17 avril : Seydou Diarra réunit un premier conseil des ministres à Abidjan, présidé par Laurent Gbagbo. Neuf ministres issus de la rébellion sont présents.
3 mai 2003 : les Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) et les mouvements rebelles, rebaptisés « Forces nouvelles », signent un accord de cessez-le-feu. Les officiers des deux camps établissent des contacts directs. Le 23 a lieu la première opération combinée entre les forces françaises Licorne et celles de la Cedeao pour sécuriser l’ouest de la Côte d’Ivoire.
Juin 2003 : un bilan des positions des différentes forces est fait après plusieurs réunions à Bouaké. Les travaux permettent au gouvernement d’élaborer un projet de loi portant sur l’amnistie générale et sur les programmes de cantonnement, de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR).
27 : le ministre d’Etat chargé de la Communication, Guillaume Soro, est agressé dans les locaux de la télévision nationale (RTI) à Abidjan.
4 juillet : Fanci et Forces nouvelles annoncent la fin de la guerre, créent un comité mixte d’état-major pour contrôler l’application du cessez-le-feu et demandent aux politiques de prendre leurs responsabilités. Seydou Diarra se rend aux Etats-Unis, à l’Onu et en Europe pour présenter à la communauté internationale la « Côte d’Ivoire qui se retrouve ».
6 août : vote de la loi d’amnistie, victoire pour le gouvernement de réconciliation qui va pouvoir démarrer son programme DDR. Mais un rapport de l’Onu fait état de la fragilité de la situation.
22 : le sergent-chef Ibrahim Coulibaly, alias IB, co-auteur du coup d’Etat de Noël 1999, présenté par certains comme chef de la rébellion débutée le 19 septembre 2002, annonce son retour au pays à la faveur de la loi d’amnistie.
25 : les ex-rebelles déclarent que le processus de réconciliation « est dans l’impasse ». Le même jour, un accrochage entre « éléments incontrôlés » des Forces nouvelles et soldats de l’opération Licorne fait deux morts français. A Paris cette fois, les autorités françaises annoncent avoir déjoué une tentative de coup d’Etat menée depuis le France. Elles arrêtent IB et un dizaines d’autres personnes, dont certaines sont présentées comme étant des mercenaires. La plupart (dont IB) seront sera remis en liberté sous caution le 17 septembre.
10 septembre : réouverture de la frontière terrestre avec le Burkina Faso.
11 : le Premier ministre installe le « Comité pour la réunification de la Côte d’Ivoire » qui a pour mission de faire des propositions de calendrier pour l’application du programme DDR.
12 : le président Gbagbo nomme René Amani et Martin Bléou ministres de la Défense et de la Sécurité. Les Forces nouvelles et le RDR contestent la procédure de nomination adoptée par le président de la République.
23 : Les ex-rebelles décident de boycotter les réunions du conseil des ministres.
17 octobre : arrestation de 11 militants du RDR dans une enquête sur un « projet d’assassinat de personnalités politiques et militaires ». Ils sont libérés le 21.
21 : Le correspondant de Radio France Internationale (RFI), Jean Hélène, est assassiné à Abidjan devant la direction générale de la police nationale. « Le fait qu’un sergent puisse ainsi tuer de sang froid un journaliste qui ne le menaçait en rien dénote du sentiment d’impunité dont bénéficient les forces de l’ordre ivoiriennes notamment depuis le soulèvement de septembre 2002 », écrit deux jours plus tard Amnesty International.
4 novembre : Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) menace de quitter le gouvernement à la suite de la détention prolongée d’un de ses dirigeants, Alphonse Kossonou. Le 7, celui-ci est remis en liberté après 23 jours de détention.
11 : Mini-sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) à Accra pour tenter, sans succès majeur, de remettre sur les rails le processus de paix.
21 : Rencontre à Libreville entre M. Gbagbo et le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin.
29 : Heurts entre forces françaises et éléments des FANCI qui tentaient de franchir la « zone de confiance » démilitarisée dans le centre du pays.
30 : Des militaires interrompent les émissions de la télévision pour réclamer la démission de leurs chefs et le retrait des militaires français.
1er décembre : Plusieurs centaines de « jeunes patriotes » manifestent violemment devant la base militaire française d’Abidjan.
2 : Le président Gbagbo refuse la démission de ses chefs militaires, puis, le 4, se prononce pour une application intégrale des accords de Marcoussis.
7 : Libération de 40 militaires détenus par les Forces nouvelles (FN).
12 : Laurent Gbagbo signe une lettre confirmant au Premier ministre les prérogatives de l’exécutif jusqu’à la présidentielle de 2005.
13 : Forces loyalistes et ex-rebelles commencent à lever les barrages et regrouper les armes, un processus de « pré-désarmement » qui doit théoriquement s’achever le 25 décembre.
17 : M. Gbagbo annonce qu’il se rendra avant la fin de l’année à Bouaké (centre), quartier général des FN. Il demande aux « jeunes patriotes » de « ne pas gêner » les efforts pour instaurer la paix.
18 : Le conseil des ministres adopte deux projets de loi, l’un modifiant les conditions d’éligibilité à la présidence de la République, l’autre pour amender le code foncier rural.
22 : Les ex-rebelles décident de reprendre leur participation au conseil des ministres. Dans les deux zones, les barrages ont été levés, prémices du processus de DDR. Le procès du sergent Théodore Séry, inculpé du meurtre de Jean Hélène, est reporté au 20 janvier 2004.
6 et 7 janvier 2004 : après plus de trois mois de boycott, les ministres des Forces nouvelles sont de retour au conseil des ministres, où sont notamment examinés des projets de loi prévoyant la suppression définitive de la carte de séjour (qui serait remplacée par une « carte de résident »), et un projet de décret sur l’identification des Ivoiriens et les modalités de délivrance de la carte nationale d’identité.
9 janvier : l’opération DDR des belligérants ivoiriens est officiellement lancée, à l’issue d’un « séminaire technique » regroupant les FANCI, les militaires des FN, et les forces de paix « impartiales », les Français de l’opération Licorne et la force ouest-africaine (MICECI). Les participants sont convenus que « l’ensemble des recrues enrôlées depuis le 19 septembre 2002 sont à démobiliser » et les militaires en « activité avant cette date et bénéficiaires de la loi d’amnistie sont maintenus en service ».
3-8 février : Visite de réconciliation en France de M. Gbagbo.
25 mars : Répression meurtrière - plus de 120 morts selon l’ONU, 37 selon les autorités - d’une manifestation interdite de l’opposition à Abidjan. Des ministres issus des Forces Nouvelles et de partis d’opposition se retirent du gouvernement.
4 avril : L’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) débute avec le passage sous Casque bleu des 1 300 soldats ouest-africains.
16 avril : Le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer est porté disparu. Les premiers éléments d’enquête, menée par un juge français à Abidjan, mettent en cause des membres de l’entourage du chef de l’État.
23 avril : Les députés adoptent la première réforme législative prévue par Marcoussis sur l’identification des personnes et le séjour des étrangers.
30 juillet : Alors que le processus semble à nouveau bloqué, signature à Accra d’un accord pour relancer le mécanisme des accords de Marcoussis, prévoyant des réformes politiques, notamment sur les conditions d’éligibilité à la présidence. L’accord précise que le début du désarmement commence au plus tard le 15 octobre.
9 août : Réunion du conseil des ministres, mettant fin à quatre mois de boycott de l’opposition et des Forces Nouvelles
15 octobre : Echec du lancement du processus de désarmement, les Forces nouvelles exigeant d’abord l’adoption des réformes politiques.
28 octobre : Les Forces Nouvelles instaurent un « couvre-feu » et décrètent l’« alerte maximale » dans le nord. L’armée ferme les deux axes routiers principaux reliant le nord au sud.
3-4 novembre : Conseil des ministres en l’absence de Seydou Diarra et des ministres de l’opposition politique et armée. Il adopte deux projets de loi sur une « disposition spéciale en matière de naturalisation » et le « code de nationalité ».
4 novembre : Des avions des forces armées bombardent les positions des ex-rebelles à Bouaké et Korhogo. L’ex-rébellion estime que ces bombardements rendent « caducs les accords de paix ». L’ONU les qualifie de « violation majeure du cessez-le-feu ».
6 novembre : La situation dégénère : neuf soldats français sont tués et une trentaine blessés dans un cantonnement militaire français à Bouaké lors d’une attaque aérienne gouvernementale. Paris ordonne la destruction des « moyens aériens militaires ivoiriens ». La riposte des forces françaises est suivie d’accrochages avec l’armée ivoirienne et de violences anti-françaises.
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