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21/01/2005
La Francophonie au secours de la mondialisation

(MFI) La Francophonie, mal connue en France, pourrait être un atout pour limiter les effets de la mondialisation libérale.

Qui, en France, connaît les différentes institutions de la Francophonie et leurs domaines d’intervention ? A part quelques initiés, pas grand monde. Paradoxalement, c’est souvent à plusieurs milliers de kilomètres de l’Hexagone que l’on a une idée plus précise et une conscience un peu plus aiguë de ce mouvement intergouvernemental, construit autour de la langue française. Dans les rues d’Antananarivo, la capitale malgache, on peut souvent, par exemple, apercevoir le logo francophone pour signaler un centre de lecture de la Francophonie ou un lien avec l’Agence universitaire de la Francophonie. Les Français auraient pourtant tout intérêt à mieux connaître cet espace francophone : il pourrait en effet représenter une alternative à la mondialisation libérale, comme entend le montrer le dernier numéro de la revue Hermès éditée par le CNRS, entièrement consacré à ce lien mondialisation-Francophonie.
Commandé par l’Organisation internationale de la Francophonie qui souhaitait avoir sur elle-même un regard « scientifique » et « indépendant », ce volume passe en revue, à travers de nombreux articles, les différents aspects que recouvre la notion de francophonie et ses perspectives : de la perception du français au Vietnam, au Chili ou en Moldavie, en passant par la politique linguistique des entreprises françaises ou les réseaux de recherches scientifiques francophones… aux dérives qui guettent la Francophonie. Ainsi, si l’Afrique du Sud s’intéresse de plus en plus à la sphère francophone, explique Benoît Antheaume, chercheur à l’IRD, c’est surtout pour des raisons économiques : « Les autorités politiques, comme les entrepreneurs locaux ou internationaux, favorisés par des politiques publiques d’africanisation de l’emploi et du capital, ont pour objectif d’élargir l’hinterland sud-africain en Afrique. » La Francophonie constituerait dans ce cas un outil opérationnel au service des ambitions sud-africaines…


En Haïti, un « outil de l’expression de la contestation »

Ailleurs, elle revêt un intérêt plus culturel ou politique qu’économique : à Haïti, par exemple, le français, longtemps vu comme la langue de l’oppresseur, apparaît désormais comme « un outil de l’expression de la contestation », depuis que des écrivains francophones, tels Lyonel Trouillot ou Gary Victor, ont figuré parmi les fers de lance des mouvements d’opposition au président Jean-Bertrand Aristide. Aujourd’hui, « alors que dans le monde le français recule,(…) en Haïti on est frappé de la vitalité créative du français, de son maintien dans le système éducatif et de sa promotion comme instrument de la culture de masse, note le géographe Jean-Marie Théodat. Une telle situation ne saurait s’expliquer par le seul attachement d’une minorité aliénée, c’est le signe d’un attachement plus large et de l’appropriation nationale d’un héritage reçu sans testament ».
Le constat devrait réjouir l’Organisation internationale de la Francophonie. Car au-delà de l’usage de la langue française, celle-ci entend promouvoir un certain nombre d’idéaux, liés au respect des droits de l’Homme, de la diversité culturelle, de l’Etat de droit notamment. Le projet francophone s’emploie ainsi à respecter et encourager l’existence des langues locales et régionales. C’est cette manière de fonctionner et de voir le monde qui pourrait, si on y prêtait plus d’attention, permettre de limiter les effets de la rationalisation économique et de la standardisation culturelle qu’impose la mondialisation, telle qu’elle se présente actuellement : c’est le point de vue de Dominique Wolton, directeur de publication d’Hermès, pour qui l’attachement à la diversité linguistique de la Francophonie est « la première condition de la diversité culturelle et de la lutte contre l’homogénéité ». Cependant des limites à cette vision enthousiaste apparaissent dès que l’on examine la réalité : en matière de développement, par exemple, « la connaissance empirique que la communauté francophone détient et les enseignements qu’elle en tire n’ont pas été jusqu’ici suffisants pour créer une dynamique efficace », constate Claude Albagli. La revue du CNRS dresse donc aussi le contour de quelques-uns des grands chantiers auxquels la Francophonie doit s’attaquer si elle veut avoir plus de poids.

Fanny Pigeaud


Francophonie et mondialisation, Hermès n°40, sous la direction de Dominique Wolton, CNRS Editions, 420 p., 25 euros.



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