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21/01/2005
Irak : guerre d’invasion ou de libération ?

(MFI) L’intervention militaire américaine en Irak, à partir du 20 mars 2003, a suscité maints débats. Dans un recueil de textes intitulé « L’Irak, de la crise au chaos, chroniques d’une invasion », Kenneth Brown, anthropologue, orientaliste et fondateur de la revue Mediterraneans/Méditerranéennes, tente de restituer les principales discussions sur ce sujet. Sous sa direction, 46 spécialistes et écrivains fournissent une série de chroniques et de récits sur « l’invasion et l’occupation américaines de l’Irak », souvent écrits à chaud, mais aussi d’analyses et de réflexions, menées avec le recul, sur la situation au Moyen-Orient et la politique américaine dans cette région.

On revient tout d’abord, dans les « préliminaires », sur l’état d’avant-guerre. Les journalistes Ramon Chao et Ignacio Ramonet font observer qu’« aucun des arguments justifiant la guerre des Etats-Unis et ses alliés n’était vérifiable ». Et Iskandar Habash, poète et journaliste libanais, souligne que les écrivains irakiens, malgré leur hostilité envers Saddam Hussein, n’avaient « aucune certitude que l’opposition en exil valait mieux que la dictature à laquelle ils étaient habitués ». Eric Rouleau, journaliste et ex-diplomate, met en avant la situation des Irakiens sous l’embargo après la première guerre du Golfe.
La deuxième partie du livre est consacrée aux analyses. « Quelles pourraient être les conséquences de la guerre pour les autres régimes du Moyen-Orient ? », se demande l’historien tunisien, Hammadi Redissi, tandis que Dominique Vidal développe l’idée selon laquelle « l’accord de paix entre Israéliens et Palestiniens reste la condition nécessaire mais non suffisante pour résoudre la plupart des problèmes au Moyen-Orient ». Robert Mabro, économiste égyptien, signale quant à lui que si la disparition du régime de Saddam Hussein est une bonne chose, elle reste le seul actif de cette guerre dont le passif est très lourd : « Le peuple irakien est à nouveau victime et la situation économique et politique reste chaotique. »
Des journaux intimes tenus pendant et après la guerre par certains écrivains, à la demande de Kenneth Brown, composent la troisième partie du livre. Amira Hass, journaliste israélien, y observe que si les Palestiniens arrivent à survivre à la « misère absolue » qui est la leur, c’est grâce à leur solidarité et « à la philanthropie européenne et arabe ». Journaliste chypriote turc, Taner Baybars ne tolère pas ce qu’il appelle « l’hystérie nationaliste intolérable » des Américains. François Thomazeau, un romancier français, rappelle que tous les peuples rêvent de la démocratie mais veulent surtout « le respect ».
Dans une partie constituée d’écrits divers et de témoignages, on relève cette conversation fictive, inventée par le juriste français Pascal Alberola, où Napoléon déclare à son compatriote, le démocrate Paodi, qu’« il faut savoir faire le bonheur des peuples contre leur gré quand cela est nécessaire ». Le charisme de Saddam Hussein peut expliquer certains aspects de sa dictature selon Marilyn Booth, professeur de littérature à l’université d’Indiana. Et pour ceux qui veulent découvrir si Shakespeare était vraiment un Arabe, nommé Sheik Al Zubeer, la réponse se trouve dans un conte de Mounir Khelifa, professeur de littérature anglaise…
Si les contributions sont variées et revêtent les formes les plus diverses, leur sujet central reste le même : le peuple irakien. Sa vie quotidienne, sa peur du passé et de l’avenir, son sort incertain au milieu du chaos forment le fil conducteur et la principale préoccupation de tous les intervenants.

Darya Kianpour


« L’Irak, de la crise au chaos, chroniques d’une invasion », sous la direction de Kenneth Brown, préface de Stéphane Hessel, textes bilingues, éditions Ibis Press, 321 p., 20 euros.



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