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04/02/2005
Francophonie : comment approfondir la question de la démocratie ?

(MFI) Si la démocratie figure en bonne place des préoccupations des institutions de la Francophonie, un souci permanent demeure : de quelle démocratie parle-t-on ? Et que peut apporter la Francophonie à la démocratie ? C’est sur ces questions que s’est penché le Haut Conseil de la Francophonie (1), l’instance consultative de l’OIF.

Faire avancer la Francophonie « par rapport à ce qu’elle est elle-même actuellement, pour ce qu’elle peut apporter au monde » : c’est la mission qu’Abdou Diouf, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, a de nouveau confiée au Haut conseil de la Francophonie (HCF), lors de sa session annuelle des 24 et 25 janvier dernier, à Paris. En 2004, cet organe consultatif, « laboratoire d’idées » et « observatoire » de la Francophonie, avait planché sur le lien entre diversité culturelle et francophonie. Cette année, ce sont la démocratie, les droits de l’homme et la construction de la paix dans l’espace francophone, objets de la Déclaration de Bamako adoptée en 2000, qui ont fait l’objet des travaux de ses 37 membres. « L’une des questions que je me pose constamment, parce que je suis convaincu qu’il s’agit d’une clé de notre réussite, c’est celle de savoir comment construire la spécificité, la valeur ajoutée francophone sur ces questions », leur avait indiqué Abdou Diouf lors de la séance d’ouverture de la session.
Pour tenter de lui répondre, le HCF s’est donc penché, sous la houlette de Boutros Boutros-Ghali (par ailleurs vice-président du HCF), sur l’étude de trois grands thèmes : « interaction démocratie-droits de l’Homme », « rupture de la démocratie à la suite d’un coup d’Etat » et « restauration et consolidation de la démocratie après un conflit », avec, à chaque fois, une série de sous-questions à résoudre. Si l’on considère, par exemple, l’article 5 du chapitre 3 de la Déclaration de Bamako qui condamne « les coups d’Etat et toute autre prise de pouvoir par la violence, les armes ou quelque autre moyen illégal », comment cette condamnation doit-elle se traduire dans la pratique ? Faut-il toujours suspendre la participation des représentants du pays concerné aux instances francophones ? Que penser des sanctions économiques et politiques ?
Les discussions ont permis au Haut Conseil d’affirmer ou de réaffirmer plusieurs idées, dont la nécessité de considérer qu’il n’existe pas de modèle unique pour la démocratie, et donc de bien prendre en compte l’existence, aux côtés d’une diversité culturelle, d’une « diversité démocratique ». Les conseils des anciens, les relations de parentés à plaisanterie, absents de la « démocratie à l’occidentale » et pourtant modes d’apaisement des tensions sociales, font ainsi partie des éléments pouvant servir la démocratie qu’il faut prendre en compte.


Savoir distinguer légalité et légitimité

En ce qui concerne les situations de conflit ou de coup d’Etat, la Francophonie doit savoir distinguer légalité et légitimité – et ne doit donc pas intervenir de manière systématique ou mécanique, ni toujours faire usage de sanctions. Les débats ont également permis de souligner la place centrale de la question du développement, sans lequel la démocratie a peu de chance de bien fonctionner : les populations ne peuvent en effet participer pleinement au processus démocratique que si tous leurs droits (à l’alimentation, à la santé, à l’éducation et à l’emploi) sont assurés. Dans ce cadre, le soutien aux industries culturelles, créatrices d’emploi, apparaît comme l’un des moyens de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations.
S’appuyant sur les consensus ainsi dégagés, le Haut Conseil a finalement formulé un certain nombre de propositions pratiques. Il suggère notamment à la Francophonie d’inventorier les éléments de la tradition qui peuvent servir au fonctionnement démocratique de la société, et sur lesquels elle-même pourrait s’appuyer pour aider à consolider ou restaurer la démocratie après un conflit. Il propose également que soit dressée une typologie des « approches démocratiques », et que soient réexaminés le rôle et la place réservés aux minorités culturelles ou linguistiques dans les sociétés démocratiques modernes. Ne pas négliger les ethnies, pour mieux appréhender les problèmes qui se posent à elles, apparaît aussi nécessaire. Tout comme la reconnaissance du rôle des femmes au sein de la société et dans le développement et le soutien à leur apporter.
Si la promotion et l’appui à l’éducation constituent une pierre angulaire du projet francophone (l’éducation sera au centre du prochain sommet de la Francophonie, en 2006, à Bucarest), le Haut Conseil souhaite que la priorité soit plus particulièrement donnée à l’éducation à la citoyenneté. Pour lui, c’est d’ailleurs en grande partie dans sa manière de « mieux articuler les concepts de démocratie, culture et économie en plaçant au centre de ses actions l’éducation, notamment à la citoyenneté » que réside la valeur ajoutée de la Francophonie. Reste désormais à l’Organisation internationale de la Francophonie de s’approprier les conclusions de ses travaux et de les transformer, justement, en actions.

Fanny Pigeaud


(1) Le Haut Conseil de la Francophonie, dirigé par Christian Valantin, est placé auprès du Secrétaire général de l’OIF. Il est chargé « d’assurer une fonction de réflexion sur les tendances majeures de l’évolution de l’actualité ainsi que sur l’avenir qui s’en dégage à moyen et long terme pour la Francophonie ». Il comprend parmi ses membres, désignés par le Secrétaire général, de nombreuses personnalités ; citons parmi elles Mohammed Bedjaoui, président du Conseil constitutionnel algérien, Michel Camdessus, gouverneur honoraire de la Banque de France, ancien directeur général du Fonds monétaire international, l’ancien ministre de la Culture du Liban Ghassan Salam Salamé, l’ancienne présidente de la République d’Irlande, Mary Robinson, ou encore Mario Soares, député au Parlement européen, ancien président de la République du Portugal ; des écrivains et artistes comme François Cheng, Paulin Hountondji, Andreï Makine, Érik Orsenna, Idrissa Ouedraogo, Jean-Baptiste Tati Loutard, Denis Tillinac… Le HCF assure tous les deux ans la publication d’un rapport sur « l’Etat de la Francophonie dans le monde ».



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