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15/04/2005
Les dossiers de presse
Quelle Eglise après la mort de Jean-Paul II ?


(MFI) Au-delà de l’hommage, quel est le bilan de vingt-six ans de pontificat de Jean-Paul II ? Les orientations imprimées par Jean-Paul II sont considérables, pour une Eglise volontiers présentée comme étant en crise mais dont le nombre de fidèles a continué à progresser. Entre ouverture et dogmatisme, de nombreux chantiers restent à poursuivre.

Blandine Chelini-Pont, directrice de l’Institut de droit et histoire religieux à l’université d’Aix-Marseille, rappelle dans Le Point que l’Eglise catholique est « la première des Eglises chrétiennes et des confessions monothéistes ». Sous le pontificat de Jean-Paul II, le nombre de fidèles est passé de 900 millions à plus d’un milliard de baptisés, tandis que les protestants sont 400 millions, les orthodoxes 200 millions, et les musulmans 1 milliard). Cette spécialiste souhaite pourtant relativiser ce chiffre, en fonction des situations : en Europe la pratique religieuse a tendance à baisser ; en Afrique, même si le nombre de catholiques a été multiplié par deux, ils ne représentent que 13 % de la population ; en Asie, la progression de 40 % ne concerne que 2% des Asiatiques ; enfin l’Amérique du Sud, forte de ses 400 millions de catholiques (88% de la population), voit s’accroître l’emprise des sectes protestantes.

D’autre part l’Eglise se trouve confrontée à une pénurie de vocations, comme le rappelle Henri Tincq dans Le Monde. Le clergé comprenait 41 000 prêtres en 1960 ; il n’en reste plus que la moitié dont les deux tiers âgés de plus de 60 ans, et ceci malgré un réel dynamisme des vocations dans certains pays du Sud. Pour Henri Tincq, ce serait l’un des défis de l’Eglise d’aujourd’hui : parvenir à augmenter le nombre de prêtres dans le monde, en engageant peut-être une réflexion en faveur de l’ordination des hommes mariés et des femmes.

Revenant sur le pontificat de Jean-Paul II, L’Express souligne qu’il a donné une image vivante de l’universalité de l’Eglise. A l’ère de la mondialisation et de la médiatisation, ce « sportif de Dieu » qui a visité « 129 pays », a fait sortir l’Eglise du Vatican pour aller à la rencontre des gens, selon le principe de « l’inculturation ». Comme l’explique le magazine, il ne s’agit pas d’exporter une religion « occidentale » mais bien de coller aux réalités des coutumes et des mentalités de chaque pays, comme en témoigne l’extraordinaire diversité des fidèles dans le monde.

Progressisme et conservatisme

L’ensemble des journaux salue le combat de Jean-Paul II contre tous les totalitarismes. Déjà, dans sa lutte visionnaire contre le communisme, ce pape polonais a inscrit l’Eglise dans l’Histoire. « En soutenant la révolte des ouvriers de Gdansk, guidés par Walesa, le pape a ouvert la brèche du mur de Berlin », affirme Dominique Dunglas dans Le Point. Pour Jean-Claude Guillebaud, dans Le Nouvel Observateur, l’ensemble des textes et des encycliques de Jean-Paul II révèle qu’il a appliqué cette grille de lecture anti-totalitaire à la modernité démocratique elle-même : « pour lui, les choses sont assez claires : une démocratie dépourvue de valeurs, une société ouverte qui récuse le concept de vérité et sacrifie au relativisme peut à tout moment se transformer en totalitarisme affiché ou déguisé ». Dans cette lignée, l’Eglise se positionne d’abord comme l’instance critique d’un capitalisme débridé qui ne laisse pas de place à l’Homme. Le Point précise que, dans l’encyclique Centesimus annus (1991), « droit au travail et dignité du travailleur sont les vertus cardinales de la doctrine sociale de l’Eglise ». L’Eglise se veut ensuite garante d’une morale que certains jugent « ultraconservatrice » (Libération). Et il serait temps, pour Le Monde, que le Vatican « comble le divorce avec la société moderne », notamment en ce qui concerne sa condamnation de la contraception, de l’avortement, et de l’euthanasie. L’Express fait l’analyse que « face aux questions d’un monde déboussolé, [l’Eglise] ne sait plus comment répondre. D’autant que les médias s’intéressent plus à ses prises de position sur la morale – parfois en les travestissant – qu’à son discours religieux. »

Rapprochement des Eglises et gouvernement du Vatican

Car, outre les questions de société et de morale, l’héritage doctrinal de Jean-Paul II, « le plus important qu’ait jamais laissé un pape » précise Libération, s’ancre aussi dans la spiritualité. Réaffirmant les dogmes de l’Immaculée Conception et de l’infaillibilité pontificale, il précise dans ses textes que l’Esprit saint est « la valeur permanente du précepte missionnaire ». Dans Le Point, le philosophe et ancien ministre, Luc Ferry, explique comment le Pape, dans son encyclique Fides et ratio (1998), réconcilie la foi et la raison, définies comme « les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité ».

Dans le sillage du concile Vatican II (1962-65), Jean-Paul II a ouvert plusieurs grands chantiers. C’est d’abord la question de l’œcuménisme et du rapprochement avec les autres religions. Le très symbolique voyage à Jérusalem et les nombreuses demandes de pardon ont amorcé un dialogue qui fait dire à Jean Daniel, dans Le Nouvel Observateur, que ce pape « a bousculé le monde ». Pourtant ce dialogue avec les églises séparées est « une tâche restée largement inachevée » (Le Monde), tout comme les efforts de rencontre avec le judaïsme, l’islam et le bouddhisme ne doivent pas cacher non plus les crimes et les tensions entre ces religions dans de nombreux pays. Enfin, il a beaucoup été reproché à Jean-Paul II d’avoir négligé l’administration du Saint-Siège au profit de ses grands voyages internationaux. Des voix s’élèvent qui demandent plus de démocratie dans le fonctionnement de l’Eglise, pour une décentralisation du pouvoir romain. Le Figaro conclut : « peut-être le successeur de Jean-Paul II aura-t-il plus de goût pour l’administration directe en s’engageant dans de profondes réformes. »

Claire Pouly




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